La cérémonie d'hommage à Xavier Jugelé, étape civilisationnelle

Hommage national à Xavier Jugelé, policier tué sur les Champs-Elysées. Etienne Cardiles le compagnon de Xavier Jugelé. PARIS 25/04/2017  ©Maxppp - ARNAUD DUMONTIER/PHOTOPQR/LE PARISIEN
Hommage national à Xavier Jugelé, policier tué sur les Champs-Elysées. Etienne Cardiles le compagnon de Xavier Jugelé. PARIS 25/04/2017 ©Maxppp - ARNAUD DUMONTIER/PHOTOPQR/LE PARISIEN
Hommage national à Xavier Jugelé, policier tué sur les Champs-Elysées. Etienne Cardiles le compagnon de Xavier Jugelé. PARIS 25/04/2017 ©Maxppp - ARNAUD DUMONTIER/PHOTOPQR/LE PARISIEN
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Thomas Legrand revient sur la cérémonie d’hommage au policier tué jeudi sur les Champs Elysée, présidée hier par François Hollande.

Cette cérémonie était, comme seule l’histoire et son meilleur collaborateur, le hasard, peuvent en provoquer. Bien plus que l’hommage à un gardien de la paix, victime du terrorisme. Il s’agissait aussi d’un moment rare, révélateur de l’évolution de notre société. Devant les deux prétendants à l’Elysée, devant les plus hauts responsables politiques, de tous bords, mais surtout devant les autorités policières et des dizaines de gardiens de la paix en uniforme, d’officiers en civil, dans le cadre le plus officiel qui soit, le plus symbolique de la loi et de l’ordre, dans la cour de la préfecture de police de la capitale, le conjoint de Xavier Jugelé prononçait des mots d’amour en direction de son compagnon, dans un discours d’apaisement, qui empruntait à Antoine Leiris la magnifique formule :

Vous n’aurez pas ma haine.

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Le compagnon de la victime, sans que cela ne choque personne (ou sans que ceux qui sont choqués ne puissent décemment l’exprimer) a ainsi dit à celui qui partageait sa vie qu’il l’aimait. Ces mots simples et banals sont, en réalité, révélateurs d’une avancée majeure que, d’ordinaire, nous négligeons de saluer, trop occuper à recenser ce qui va mal, se racornit et se referme dans notre pays.

Cette cérémonie sera certainement (avec celle du 8 mai prochain) l’une des dernières de François Hollande. Le hasard symbolique ne se trompe pas. François Hollande, qui a tenu à ce que le compagnon du policier s’exprime, ne se trompe pas non plus sur la portée de cette cérémonie. Le président a un bilan décrié. Peut-être sera-t-il mieux apprécié un jour, si jamais la conjoncture économique s’améliore ? Mais ce qui restera du quinquennat, c’est une mesure sociétale forte. Une mesure qu’au départ, lui-même, ne portait pas avec un enthousiasme débordant, trop conscient des remous qu’elle pouvait susciter dans une société à vif, et qui doute déjà assez d’elle-même.

Cette mesure, bien sûr, c’est le Mariage Pour Tous. Les démonstrations de la Manif Pour Tous, leurs violences symboliques ont pu suggérer que l’homophobie revenait en force, que les progrès de la liberté des orientations sexuelles marquaient le pas et même reculaient. C’était une erreur. L’opposition à ce nouveau droit était d’autant plus bruyante qu’elle était perdante. Et puis les mois ont passé, quasiment plus aucun maire ne refuse le mariage à deux hommes ou deux femmes qui s’aiment, les sondages font état d’une large majorité, en constante hausse, en faveur de la loi.

Cette cérémonie, qui arrive à la fin du mandat, montre que le Mariage Pour Tous sera sans doute la trace que François Hollande (comme l’abolition de la peine de mort pour François Mitterrand) laissera dans l’histoire. Le discours du conjoint de Xavier Jugelé avait les atours à la fois de l’évidence et de l’exceptionnel. C’était en réalité l’un de ces événements du quotidien d’une Nation, avec ce petit plus historique, cette dimension particulière, celle, par laquelle on réalise que notre société a franchi une étape civilisationnelle.

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