Roland-Garros ne connaît pas la crise. Le nouveau président de la FFT, Bernard Guidicelli, a annoncé mercredi 26 avril que le « prize money » remis aux champions lors de l’édition 2017 du tournoi augmenterait de 12% par rapport à l’édition précédente. La dotation globale atteindra 36 millions d’euros. Tous les joueurs ne seront cependant pas logés à la même enseigne. Le prix remis aux vainqueurs du tournoi masculin et féminin n’augmentera que de 5%. Pas de panique. Les successeurs de Djokovic et de Serena Williams ne seront pas sur la paille. Ils toucheront 2,1 millions d’euros. Les joueurs qui seront éliminés entre le premier tour et les quarts de finale verront leur chèque augmenter de 16%. Et ce n’est pas tout. Les joueurs battus lors des phases de qualifications toucheront 33% de plus. « Quand on est au-delà de la 150ème place ATP, c’est dur de boucler sa saison », indique Guy Forget, directeur de Roland-Garros. Le tournoi de la Porte d’Auteuil fait donc de la discrimination positive. A l’instar… d’Emmanuel Macron. « A Roland-Garros, le vainqueur gagne soixante fois plus que le joueur éliminé au premier tour, dit Bernard Guidicelli. A l’US Open l’écart est de quatre-vingts. »
Le gouffre entre les grands champions et les petits
Roland-Garros qui passe pour l’archétype de l’événement mondain joue donc la carte du volet social. Les raisons de ce tropisme? D’abord, la volonté de séduire les petits joueurs. Il y a trois-quatre ans, les underdogs du tennis avaient menacé de faire grève. Trop de différences entre eux et les stars de la raquette. Ces différences ont fini par créer ce que Bernard Guidicelli appelle « une inégalité professionnelle. » Entre les grands champions et les petits, il y a en effet un gouffre. Outre le prize money, les premiers récoltent les juteux contrats de sponsoring, ce qui leur permet de voyager en première classe ou en avion privé et de loger dans des suites, accompagné de leur famille, de leur coach, de leur préparateur physique. A contrario, les sans grades descendent dans des hôtels moyens et souvent seuls, car ils ne peuvent se payer les services d’un entraîneur.
En cherchant à donner plus à ceux qui ont moins, Roland-Garros cherche aussi à se différencier des autres tournois du Grand Chelem. Et ce d’autant que le tournoi parisien dispose de peu d’éléments de différenciation. Il ne possède toujours pas de courts couverts. Et le stade même agrandi est moins étendu que ceux de Wimbledon, de l’US Open et de l’Open d’Australie. En prenant la défense des petits joueurs, Roland-Garros affiche sa singularité. Les Internationaux de France veulent aussi être le tournoi de référence sur terre battue. Bernard Guidicelli veut établir un « label Roland-Garros » pour certains grands clubs de terre battue en France mais aussi en Espagne, Amérique du Sud et Europe de l’Est. « La terre battue c’est notre identité, dit le président de la FFT. Roland-Garros doit être le tournoi unique symbole de la France qui gagne.» Presque du Macron dans le texte.