Sur les photos, Franco A. n’est pas le genre de gars que l’on remarque. Pourtant, cet Allemand de 28 ans, raie de côté et lunettes sur le nez, est aux yeux des enquêteurs tout à la fois “une énigme” et une personne “extrêmement dangereuse”, note Spiegel Online.

Ce lieutenant de la Bundeswehr, membre d’un bataillon de chasseurs franco-allemand basé à Illkirch, près de Strasbourg, a été arrêté le 26 avril au matin en Bavière. Il est soupçonné d’avoir planifié un attentat. Le jeune soldat, exempt de tout soupçon jusque-là, serait un fervent partisan des idées d’extrême droite. Fait étrange : il s’était fait enregistré fin décembre 2015 en Allemagne comme demandeur d’asile en provenance de Syrie.

Un étudiant de 24 ans supposé complice a également été interpellé. Des armes auraient été découvertes dans son appartement à Offenbach-sur-le-Main, dans la Hesse. Des perquisitions ont d’ores et déjà eu lieu dans trois pays : en Autriche, en Allemagne et en France.

Un pistolet trouvé par hasard

Franco A. aurait pour la première fois attiré l’attention il y a trois mois. Fin janvier, après s’être rendu au “bal des officiers” à Vienne, il aurait caché un pistolet de calibre 7,65 mm chargé dans les toilettes de l’aéroport de la capitale autrichienne, rapporte Die Welt. Quand, le 3 février, le soldat allemand est venu le récupérer, la police, qui avait placé un mouchard sur l’arme, l’a immédiatement arrêté. Aux enquêteurs, il a déclaré avoir trouvé ce revolver.

En analysant les empreintes digitales du suspect de l’aéroport, les policiers autrichiens ont constaté qu’elles correspondaient à celle d’un réfugié syrien reconnu comme tel par les autorités allemandes. Pourtant, l’homme qu’ils venaient d’arrêter n’avait aucunement l’air d’un réfugié en provenance d’un pays en guerre…

Comment Franco A., alias David Benjamin, a-t-il pu obtenir le statut de réfugié en Bavière alors qu’il parlait à peine arabe et, du même coup, se voir attribuer un logement et avoir droit à des prestations sociales ? Il s’était alors présenté comme le fils d’un marchand de fruits de Damas, chrétien, né en 1988.

Des soldats de plus en plus ouverts aux idées d’extrême droite ?

Comment a-t-il pu mener sa vie de soldat stationné en France et en même temps faire croire à celle de réfugié en Bavière ?

Le cas de ce soldat de la Bundeswehr reste pour l’heure un mystère. Ce vendredi 28 avril, l’affaire était discutée à la chancellerie et au Bundestag à Berlin, rapporte Der Spiegel.

“La Bundeswehr a-t-elle un problème avec les extrémistes de droite?” s’interroge encore la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui s’inquiète des cas de plus en plus fréquents, au sein de l’armée allemande, de soldats aux idées radicales : haine des étrangers, louange du IIIe Reich, antisémitisme, etc.

Celui-ci était en tout cas jusque-là passé inaperçu des services de renseignement allemands, civil comme militaire. Ses appels à la haine et idées xénophobes ne sont apparus évidents que ces dernières semaines, grâce à la surveillance téléphonique mise en place par les enquêteurs.

Catherine Guichard