Un babouin de Guinée, "Papio papio". Ce singe fait partie des babouins qui participent à des tests d'intelligence chez les primates non humains. Les chercheurs se sont rendu compte qu'ils réussissaient à tenir des raisonnements. Ces babouins vivent en liberté dans un enclos de 700 m² près de Rousset, dans les Bouches-du-Rhône. UMR6146 Laboratoire de psychologie cognitive (LPC)  20110001_2461

L'équipe de chercheurs a étudié, grâce à l'imagerie par résonance magnétique (IRM), le cerveau de 96 primates.

Cyril FRESILLON/CNRS Photothèque

Les hominidés ne sont pas les seuls à posséder une asymétrie gauche-droite dans la zone du cerveau que l'on pensait cruciale pour le langage. Selon une étude menée par des chercheurs du Laboratoire de psychologie cognitive de Marseille (CNRS, Université d'Aix-Marseille), les babouins présentent eux aussi cette asymétrie. Un résultat qui remet en cause l'idée selon laquelle cette spécificité anatomique serait caractéristique du langage.

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Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont étudié cette zone du cerveau, appelée planum temporale, chez 107 babouins, à l'aide d'un IRM. Adrien Meguerditchian est chercheur dans le laboratoire et co-auteur de l'étude. Il précise: "Les babouins ne se sont aperçus de rien, ils étaient endormis durant toute l'observation, puis remis dans leur groupe social dès la fin de l'expérience."

Des résultats presque identiques chez l'homme et le babouin

Une fois les images obtenues, l'équipe a tracé les contours des planum temporale gauche et droite de tous les babouins en utilisant les sillons cérébraux pour se repérer. Et c'est là que la surprise a été totale. "Nous nous sommes rendu compte que comme les hominidés, tels que les hommes et les chimpanzés, les babouins possédaient une asymétrie dans cette région, avec un planum temporale gauche plus large que le droit", explique Damien Marie, le premier auteur de l'étude.

Une fois les images obtenues, l'équipe a tracé les contours des planum temporale gauche et droite de tous les babouins en utilisant les sillons cérébraux pour se repérer. Et c'est là que la surprise a été totale. "Nous nous sommes rendu compte que comme les hominidés, tels que les hommes et les chimpanzés, les babouins possédaient une asymétrie dans cette région, avec un planum temporale gauche plus large que le droit", explique Damien Marie, le premier auteur de l'étude.

Cerveau langage

Chez les babouins comme chez l'homme, le planum temporale gauche est plus grand que le droit.

© / Laboratoire de psychologie cognitive Aix Marseille

Cette asymétrie ne serait donc pas spécifique à la branche hominidée mais remonterait à l'ancêtre commun aux singes et aux hominidés qui vivait il y a 20 à 40 millions d'années. Fort de ce constat, difficile pour l'équipe de Marseille de continuer à croire que cette asymétrie du planum temporale correspondait à la signature du langage.

Les chercheurs ont alors voulu se pencher sur une autre piste. "Des recherches ont montré que pour communiquer, par exemple pour signifier leur énervement, les babouins et les chimpanzés utilisaient très souvent leur main droite, qui est commandée par l'hémisphère gauche du cerveau", note le chercheur du CNRS. De plus, d'autres études montrent que, chez l'homme, c'est ce même hémisphère qui est dominant pour le langage.

De l'anatomique au fonctionnel

"Suite à ces différents constats, nous avons émis une nouvelle hypothèse. Cette similarité anatomique entre humains et primates peut être due à une propriété commune entre le langage chez l'homme et la communication gestuelle des singes", raconte Adrien Meguerditchian. Une chose est sûre, beaucoup de mystères planent encore sur cette région du cerveau. "Pour compléter l'étude de cette asymétrie, il faut maintenant l'observer sur le plan fonctionnel pour l'homme comme pour le primate", résume le scientifique.

Mais certains tests devront être faits avec l'animal éveillé. Pas sûr que les primates acceptent de monter dans l'IRM fonctionnel et de rester tranquille le temps que les chercheurs fassent leurs observations. Adrien Meguerditchian et son équipe réfléchissent déjà à des solutions: "Une des possibilités serait d'utiliser l'imagerie optique, et notamment la spectroscopie proche infrarouge. A l'aide d'un bandeau placé sur la tête du primate qui comprendrait un émetteur et un récepteur de lumière, on pourrait étudier le signal infrarouge et ainsi déduire son activité cérébrale lors de la réalisation d'une tâche de communication."

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