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Nous avons voté Mélenchon au 1er tour, nous voterons Macron contre Le Pen

Nous avons voté Mélenchon au 1er tour, nous voterons Macron contre Le Pen

Par Appel d'universitaires*

Publié le

Des universitaires qui ont voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour lancent un appel à voter Emmanuel Macron contre la "menace mortelle pour les valeurs humanistes" que fait peser selon eux l'élection de Marine Le Pen.

Au lendemain du premier tour, une prise de conscience historique s’impose : le Front National n’a jamais été aussi haut, il pourrait progresser encore, voire accéder au pouvoir.

Nous avons voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour. Nous croyons en l’émancipation économique et sociale et sommes opposés au programme d’Emmanuel Macron.

Mais nous savons faire la différence entre un adversaire et un ennemi politique.

Si Emmanuel Macron est élu Président, nous discuterons, débattrons et aurons sans doute à nous opposer à lui. Même si nous craignons les conséquences de sa politique économique d’inspiration néolibérale, notre démocratie, notre République ne sont cependant pas menacées en tant que telles.

L’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République constituerait en revanche une menace mortelle pour les valeurs auxquelles nous sommes indéfectiblement attachés en tant que citoyens, humanistes, universitaires et Français.

La stigmatisation des étrangers, des immigrés, de leurs enfants, des musulmans, des homosexuels et autres sœurs et frères est étrangère aux traditions de notre République et de l’Université en général; nous ne pouvons que la combattre de toute notre énergie.

Comment peut-on faire vivre l’éducation et la recherche, quand on ne sait ériger que des murs et des barbelés ? Nos collègues, chercheurs étrangers, seront refoulés des universités, devenues si peu universelles quand la préférence nationale aura été mise en œuvre. Les enfants d’étrangers seront refoulés des écoles publiques, devenues si peu publiques quand elles seront payantes. Interdire le territoire français aux étudiants, enseignants et chercheurs étrangers serait non seulement contraire aux valeurs universitaires mais un désastre pour nos échanges culturels et le rayonnement de notre pays.

Après avoir prétendu contre toute vraisemblance que le Front national n’était qu’un courant populiste parmi d’autres, Marine Le Pen clame aujourd’hui qu’elle n’est plus la candidate de son parti à l’élection présidentielle ! Qui est dupe?

Dès sa création, le FN est parvenu à fédérer différents courants d’extrême-droite française issus du pétainisme et du fascisme, du nationalisme, de la mouvance catholique intégriste, des nostalgiques de l’Algérie française et anciens partisans de l’OAS, etc. Les saillies récentes de Marine le Pen sur le Vel d’Hiv ou la colonisation française sont là pour nous rappeler, si besoin était, qu'elle demeure leur porte-drapeau.

Nous ne regarderons pas deux siècles de progrès politiques et sociaux taillés en pièces.

Gramsci disait « Je hais les indifférents ». Nous ne serons pas indifférents.

Dimanche 7 mai, nous voterons contre Marine Le Pen et, pour cela, voterons pour son adversaire Emmanuel Macron.

Liste des premiers signataires :

Yann Bisiou, Enseignant chercheur en Droit, ancien vice-président de l’université Montpellier 3

Michel Broué, Mathématicien

Azwaw Djebara, Ancien Vice-Président de l’UNEF

Didier Chatenay, chercheur au CNRS

Rachid El Guerjouma, Enseignant chercheur en Physique, président de l’université du Maine

Anne Larue, Enseignant chercheur en lettres à l’université Paris 13

Axel Kahn, Chercheur à l’INSERM ancien président de l’université Paris Descartes

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne