Turquie : le propriétaire d'une chaîne en persan tué par balle à Istanbul

Considéré comme un opposant au régime iranien, le Britannique d'origine iranienne a été abattu dans le centre de la capitale turque. 

Saïd Karimian a été tué dans le centre-ville d'Istanbul. Se sentant menacé depuis plusieurs mois, il souhait rentrer à Londres.
Saïd Karimian a été tué dans le centre-ville d'Istanbul. Se sentant menacé depuis plusieurs mois, il souhait rentrer à Londres. (Capture Facebook GEM Group Network.)

    Le propriétaire d'une chaîne de télévision en langue persane a été tué par balle à Istanbul (Turquie), samedi soir, dans le quartier huppé de Maslak. Saïd Karimian, 45 ans, un Britannique d'origine iranienne se trouvait avec l'un de ses associés, un Koweitien, lorsqu'ils ont été tous les deux abattus, a expliqué le quotidien Hurriyet. Quelques heures après le double assassinat, les médias locaux avaient d'abord indiqué que les victimes étaient «deux Iraniens».



    Dans un communiqué publié sur son compte Facebook, GEM TV a confirmé la mort de Saïd Karimian sans préciser les circonstances de son décès. «C'est avec un immense chagrin que nous annonçons la mort de Saïd Karimian», ont écrit les responsables de la chaîne. L'agence koweïtienne officielle Kuna, citant le consul général du Koweït à Istanbul, a de son côté indiqué qu'un Koweïtien avait été tué par balle dans la métropole samedi.

    Condamné par contumace par l'Iran


    Selon l'agence de presse turque Dogan, les deux hommes se trouvaient à bord d'une voiture de luxe à Maslak, quand une jeep leur a bloqué la route. Les agresseurs sont sortis de leur véhicule et ont ouvert le feu. Ils ont ensuite pris la fuite et leur voiture a été retrouvée calcinée dans un autre quartier. 




    GEM TV est basée à Dubaï et propose à un public persanophone des émissions occidentales qui ne sont pas visibles en Iran. Téhéran accuse les chaînes par satellite qui diffusent des émissions américaines et des feuilletons turcs de tenter d'occidentaliser le mode de vie des Iraniens. Saïd Karimian avait été jugé récemment par contumace et condamné à 6 ans de prison. Il était accusé de diffuser de la propagande hostile au régime iranien, rappelle la BBC.



    Des proches du Britannique ont confié à la BBC qu'il était menacé depuis trois mois et avait prévu de quitter Istanbul pour Londres. Reste que des sources gouvernementales turques ont également confié à la BBC que ces meurtres pourraient être liés aux affaires et à des gangs. Une enquête a été ouverte par la police turque.

    Un ancien Moudjahidine du peuple ?


    D'après des médias iraniens conservateurs, Saïd Karimian aurait été lié par le passé aux Moudjahidines du peuple, une organisation d'opposition au pouvoir iranien considérée comme «terroriste» par l'Union européenne jusqu'en 2008 et par les Etats-Unis jusqu'en 2012. Selon l'agence Mizanonline, Saïd Karimian aurait été avec les Moudjahidines du peuple dans le camp d'Achraf, au nord de Bagdad, pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988). De son côté, l'agence iranienne Fars indique qu'il aurait passé huit ans à Achraf avant d'aller en Suisse en 1996.

    Le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, opposition en exil), dont les Moudjahidine du peuple sont la principale composante, a rejeté ces allégations et accusé les médias iraniens de retoucher les photos qu'ils les diffusent.

    Le CNRI a attribué l'«assassinat» de Saïd Karimian au régime iranien qui, affirme-t-il, essaie d'en faire porter la responsabilité aux Moudjahidine du peuple.