Présidentielle : les chiffres chocs de la carte de France électorale du premier tour

A quoi ressemble le paysage électoral du premier tour ? La réponse de notre service data en quelques chiffres chocs.

    Pas de doute, le vote Macron n'a rien à voir avec le vote Le Pen. Et il n'a d'ailleurs plus rien à voir avec les schémas électoraux habituels. Si les deux finalistes de la présidentielle 2017 comptent des électeurs partout en France et dans toutes les typologies de la population, ils ont eu la préférence de Français sur des critères bien distincts. Et nouveaux.

    Certes, géographiquement et des deux côtés d' une diagonale qui coupe la France du Nord-Ouest au Sud-Est, on retrouve en haut Le Pen et ses fiefs historiques des Hauts-de-France, du Grand-Est, de Bourgogne. Et en bas Macron le débutant sur les territoires de la Bretagne, du Sud-Ouest et du Centre, conquis par François Hollande en 2012. « Mais, dans chacun de ces territoires plus ou moins acquis à l'un ou l'autre, on retrouve une même logique de fracture entre la France des grandes villes et celles des zones périphériques », décrypte le démographe Christophe Guilluy.

    Le Pen séduit un électeur sur quatre dans les zones périurbaines

    Une France des grandes villes, acquise à Emmanuel Macron, face à celle des périphéries, volontiers lepéniste. Avec 24 % des suffrages, Macron est arrivé en tête du premier tour, mais il n'a été porté premier que dans 7 264 communes. Des grandes villes, celles où la présence conjuguée de la bourgeoisie et de la population immigrée fait barrage à la progression du FN. A Paris, l'extrême droite n'atteint même pas 5 %, soit moins qu'à la présidentielle de 2012.

    De son côté, Marine Le Pen, avec 21,3 % des voix dimanche dernier, est championne dans les communes situées au-delà de 15 km des centres d'emploi. Dans les communes rurales et les villes de moins de 5 000 habitants, elle atteint 25 % des voix. « Les bastions FN sont le fruit d'un ancrage de plusieurs décennies dans les zones désindustrialisées et du sentiment d'abandon qui frappe les classes moyennes », explique Christophe Guilluy.

    Macron plaît dans les banlieues sensibles

    Selon Marine Le Pen, Emmanuel Macron serait le candidat de la finance et de l'oligarchie. Mais, malgré ses scores dans les communes qui concentrent les plus riches, le leadeur d'En Marche ! est aussi la nouvelle tête d'affiche dans les terreaux socialistes traditionnels.

    « C'est le cas dans les banlieues, relève Christophe Guilluy. Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron y arrivent en tête, car ils sont la représentation des partis de gauche, refuge face aux partis les plus islamophobes et anti-immigration ».

    Dans les villes comprenant des zones urbaines sensibles, on a voté Macron à 25,3 % alors que les électeurs y ont clairement boudé la candidate FN qui n'a recueilli que 17 % des voix.

    Talonné par Mélenchon avec 24,8 % des suffrages dans ces communes réputées difficiles, Emmanuel Macron peut escompter un bon report de voix au second tour, « d'autant que son discours libéral et pro-business n'effraie pas la population des banlieues », ajoute Christophe Guilluy.

    Les communes où vivent les retraités votent aussi Le Pen

    Même s'ils ne sont pas des adeptes des extrêmes, et que les électeurs plus âgés auraient préféré François Fillon, les communes dont la population est constituée à plus de 10 % de retraités ont aussi voté pour le FN. Un taux qui, selon Christophe Guilluy, ne devrait pas s'étendre. « Le vieillissement de la population est un rempart contre les populismes, assure le démographe. Mais si d'aventure le Front national arrivait à capter davantage cette population, Le Pen arriverait au pouvoir. » Un signe : en lui accordant 22,8 % de leurs voix, les seniors n'ont pas boudé Macron au premier tour.