Accès à Internet : l'Afrique n'a pas dit son dernier mot

Un récent rapport de l'organisation "Alliance pour un Internet abordable" fait la part belle aux progrès de plusieurs pays dans le domaine. Revue de détail.

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La vue de Port-Louis, la capitale de l'île Maurice.
La vue de Port-Louis, la capitale de l'île Maurice. © Reuters/Ed Harris

Temps de lecture : 3 min

L'Alliance pour un Internet abordable (« Alliance for affordable Internet », A4AI), organisation mondiale créée en octobre 2013 et soutenue par les géants du Net (Google, Facebook et Microsoft) place Maurice en tête de son classement des pays où Internet est le plus accessible sur le continent africain. Lancée à Abuja (Nigeria), l'organisation affiche toujours l'ambition de faire passer le coût de connexion à Internet dans le monde sous la barre des 5 % du revenu mensuel moyen de chaque pays, un objectif déjà affiché par l'ONU. D'après les chiffres officiels, 39 % de la population mondiale est connectée à Internet. Une réalité contrastée car 77 % habitent dans les pays développés et bénéficient d'une connexion internet à un coût raisonnable contre 31 % dans les pays émergents. En Afrique, 16 % de la population est connectée.

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Pourquoi Maurice arrive en tête ?

Dans ce rapport 2012, malgré une légère amélioration, le continent africain affiche toujours les conditions d'accès à Internet les plus difficiles dans le monde. Sur les 58 pays étudiés, 28 pays africains se démarquent et seulement dix affichent un niveau d'accessibilité Internet supérieur ou intermédiaire. Pour les auteurs du rapport "le vrai frein, aujourd'hui, ce sont les politiques et les lois qui empêchent la concurrence et qui maintiennent les prix à un niveau inabordable".

D'année en année, Maurice domine le classement africain en offrant la meilleure accessibilité Internet. Comment arrive-t-on à ce résultat ? Le niveau d'accessibilité n'est pas évalué selon le prix de l'accès à Internet mais d'après les infrastructures et le cadre politique mis en place pour encourager son extension de manière équitable. "Bien que l'accès à internet soit devenu une attente quotidienne pour un grand nombre, cette année est bien la première fois que la balance penche plus en faveur d'un monde connecté que précédemment", indique le rapport 2017, qui place le Maroc en deuxième position, avant le Nigeria, où l'organisation a ouvert un bureau, et le Botswana, l'un des pays qui a fait la plus forte progression dans ce classement.

Le cas du Botswana, le bon élève

Le gouvernement a notemment introduit de nouvelles règles à la fin de 2015 qui permettent d'améliorer et de simplifier le régime de licences multi-services existants, et assurer la neutralité technologique et de service - sans restreindre les opérateurs de détenir différents types de licences (par exemple, le réseau, les services ou les fournisseurs de contenu). Bien que d'autres réformes seront nécessaires pour parvenir à un cadre unifié de licence, il représente un pas dans la bonne direction. "Au cours des dernières années, le Botswana a mis en place une stratégie efficace, financée par l'US Air Force pour permettre l'accès Internet à sa population, principalement grâce à l'utilisation des hotspots WiFi publics. Les fonds provenant du pays USAF (créé en 2014) ont facilité la fourniture de points d'accès WiFi dans 31 sites (par exemple, les hôpitaux, les arrêts de bus, taxis, centres commerciaux) dans sept villes", analysent les auteurs du rapport, qui ont fait du Botswana une étude de cas pour leurs recommandations.

L'Afrique, ce marché prometteur

Un pays comme le Bénin où seulement 7 % de la population a déclaré avoir utilisé Internet en 2015 a aussi connu une forte progression ces dernières années, passant de la 38e place en 2016 à la 29e. Cette hausse est due non pas à la mise en place d'une réforme majeure unique, mais au simple fait, par exemple, que le régulateur donne plus d'informations sur les règlements et décisions, sur la transparence des tarifs. Il est également à noter les efforts supplémentaires demandés aux opérateurs afin de fournir une meilleure qualité des services.

Ce que l'on retient est qu'il n'y a pas de stratégie unique. Le projet porté par l'Alliance pour un Internet abordable représente certes une opportunité pour les géants du Net d'atteindre de nouveaux marchés, mais c'est aussi l'occasion pour le grand public de se saisir des questions inhérentes aux droits communs.

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