ANIMAUXLes animaux marins s'échouent de plus en plus sur la Côte Atlantique

Côte Atlantique: Pourquoi de plus en plus d'animaux marins s'échouent-ils?

ANIMAUXDans 90% des cas, il s'agit de carcasses de dauphins et certains pêcheurs n'y seraient pas pour rien...
Illustration d'un dauphin échoué en Charente-Maritime
Illustration d'un dauphin échoué en Charente-Maritime - Xavier Leoty
Geoffrey Clémençon

Geoffrey Clémençon

L'essentiel

  • Il y a de plus en plus d'échouages massifs de dauphins
  • La pêche industrielle est l'une des causes
  • Les vents, tempêtes et marées ramènent les carcasses vers les rivages

Vendredi 28 avril dernier, un cadavre de cachalot est retrouvé sur le banc d’Arguin puis remorqué jusqu’au port d’Arcachon. Cette image spectaculaire d’un mastodonte marin de onze tonnes prêt à être équarissé est à associer aux centaines d’échouages de dauphins qui ont lieu depuis janvier. Nicolas Thierry, vice-président du Conseil régional Nouvelle Aquitaine à l’Environnement et à la Biodiversité a répondu aux questions de 20 Minutes.

« En direct d’arcachon triste fin pour ce cachalot a l’équarrissage sur la cale de mise à l’eau… pic.twitter.com/V3hhApjvIy — Philippe Teissier (@philteis) 21 avril 2017 »

Ce cachalot échoué a marqué les esprits, pourquoi ?

Cet échouage n’est pas neutre. La mort de ce cachalot permet de mettre un coup de projecteur sur ce qu’il se déroule avec la biodiversité marine. Les conclusions de l’autopsie sont attendues dans la semaine pour en savoir plus sur la mort de ce cétacé. Malheureusement, il y avait déjà eu les nombreux échouages de dauphins, toujours dans le golfe de Gascogne, qui ont beaucoup choqué.



Justement, comment expliquez-vous qu’autant de dauphins communs se retrouvent mort sur les plages de l’océan atlantique, notamment en Nouvelle Aquitaine ?

J’ai beaucoup échangé avec les chercheurs de l’observatoire Pelagis. Selon eux, plusieurs causes expliquent ces échouages massifs de dauphins. D’abord les courants et les marées, très forts cette année, ramènent les cadavres sur nos plages. Je dis cadavres car lorsque ces mamifères s’échouent, ils sont déjà morts depuis trois à 20 jours. En clair, les marées et les tempêtes nous alertent sur un phénomène qui se trame d’habitude au large. Là, on le voit. Et cela marque les esprits puisque 800 dauphins au total ont été retrouvés. Le centre Pélagis estime que c’est probablement « 7.000 à 8.000 animaux qui meurent chaque année en mer par capture accidentelle ». La cause de leur mort est liée à la pêche. Pas traditionnelle, mais industrielle.

Que reprochez-vous à la pêche industrielle ?

Elle se divise en deux catégories : les chaluts-bœufs où deux chalutiers avancent en parallèle avec un filet entre eux deux et attrapent tout ce qu’il y a derrière sans distinction. Cette pratique avait disparu, mais elle est revenue il y a peu de temps. Autre manière de procéder : les chalutiers congélateurs. Des bateaux du nord de l’Europe aspirent avec une pompe des tonnes de poissons. Environ 150 par inspiration. Ces derniers sont stockés dans des congélateurs géants sous le bateau, jusqu’à 8.000 tonnes. Tout ce qui n’est pas vendable est relâché, les dauphins en font partie. Mais tous ces animaux rejetés sont déjà morts car ils ont subi les affres des mailles du filet et le séjour en cale. Ils portent les stigmates de ces manipulations : fractures, queues brisées ou encore traces sur leur corps.

Quelles solutions envisagez-vous pour lutter contre ces échouages massifs ?

Ces échouages ne datent pas d’hier mais là il y a urgence car le taux de mortalité des dauphins est de plus en plus en augmentation. Ce mammifère a une vie longue et une faible fécondité. Quand cette espèce diminue, on a du mal à la renouveler. Il faut réagir avant qu’elle ne disparaisse. On va organiser une table ronde avec les pêcheurs, les politiques et les scientifiques. C’est comme les agriculteurs et les pesticides. Les gens sont engagés dans un modèle économique, ils doivent vivre, c’est normal. Il faut une transition en douceur et obtenir des compromis tendant vers des pratiques vertueuses. Un exemple ? Un label « pêche transparente » où des pêcheurs accepteraient d’installer des caméras sur leurs bateaux pour montrer leur manière de travailler. Ce n’est que le début de la réflexion, la Région, gestionnaire des fonds européens, doit s’interroger sur quelle manière de pêcher elle veut subventionner. D'autant que la bio-diversité du golfe de Gascogne est plus riche qu’en outre-mer.

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