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Projet FN : le cri d'alarme des chefs d'entreprise

Pour beaucoup de chefs d'entreprise, le fait de prendre position contre le FN ne va pas toujours de soi.

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Par Marie Bellan

Publié le 2 mai 2017 à 01:01

Le phénomène est suffisamment rare pour être souligné. Plusieurs chefs d'entreprise, de tout secteur d'activité et de toute taille, ont accepté de s'exprimer dans nos colonnes sur la menace que représente, selon eux, une possible entrée de Marine Le Pen à l'Elysée. Chacun a tenté d'imaginer quelles seraient les conséquences d'une mise en oeuvre du programme de la candidate du FN pour son entreprise. Les points de vue sont à la fois sévères et alarmistes. En tout cas sans concession.

Ces prises de position paraissent aller de soi. Pour la grande majorité des chefs d'entreprise, à l'exception des entrepreneurs dont l'activité est très locale, comme certains artisans ou commerçants, la sortie de l'euro ou encore le « protectionnisme intelligent » de Marine Le Pen, signifieraient la mort de leur entreprise à terme. Selon un sondage OpinionWay réalisé le jour du premier tour de l'élection présidentielle, seuls 17 % des chefs d'entreprise, artisans et commerçants ont voté pour le FN, ce qui est au-dessous de la moyenne nationale.

Le fait de sortir du bois ainsi n'en reste pas moins inaccoutumé, pour ne pas dire exceptionnel. Les patrons sont très réticents à prendre des positions politiques. Mais la situation est inhabituelle, beaucoup plus encore qu'en 2002 où la victoire de Jean-Marie Le Pen n'effleurait aucun esprit et n'inspirait donc aucune crainte aux milieux économiques. Une partie du patronat, notamment les grands groupes, estime parfois que c'est contre-productif puisque la candidate du FN accuse systématiquement les grands patrons de protéger le « système » pour se protéger eux-mêmes. Et ces chefs d'entreprise ont des salariés, des clients, et parmi eux, il y a statistiquement de nombreux électeurs du Front national.

Courrier aux salariés

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Le patron de Paprec, qui a envoyé un courrier à ses salariés (plus de 8.000) avant le premier tour pour les mettre en garde contre un vote à l'extrême droite et ses conséquences sur leur propre entreprise, a fait un geste qui reste exceptionnel. Il a d'ailleurs été critiqué par une partie de ses pairs et pas toujours compris par ses salariés. « Ils votent pour qui ils veulent, a-t-il tenu à faire savoir. Mais je trouvais plus respectueux de leur fournir des informations. »

Quelques autres chefs d'entreprise se sont aussi démarqués ces derniers jours. D'abord Michel Edouard-Leclerc, le patron de la grande distribution, qui a posté la semaine dernière sur son blog un billet explicite. « J'ai suffisamment défendu, sur ce blog et dans d'autres médias, le projet européen, la monnaie unique et la libre circulation des hommes et des idées pour que personne n'imagine un seul instant que je puisse voter pour quelqu'un qui propose la déconstruction de la plus grande avancée politique du XXe siècle. » Précisant qu'il ne souhaitait pas qu'on assimile sa position à celle de « l'entreprise ».

Ensuite, Tom Enders, le PDG allemand d'Airbus, a envoyé une lettre à Emmanuel Macron, l'assurant de son « plein soutien pour le second tour de l'élection ainsi que pour les élections législatives qui suivront » et estimant que le candidat incarne « de manière très concrète le changement ». Enfin, Martin Bouygues, patron du groupe Bouygues, s'est, lui aussi, montré critique vis-à-vis de Marine Le Pen dans une déclaration aux « Echos ».

Le 7 mai prochain, le choix des chefs d'entreprise français est assez clair.

Marie Bellan

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