Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Election présidentielle 2017 : « Ni Le Pen ni Le Pen »

La moindre des honnêtetés intellectuelles devrait interdire de mettre dans le même sac Emmanuel Macron et Marine Le Pen, dont le projet est détestable, estime Gérard Courtois, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 02 mai 2017 à 06h39, modifié le 22 avril 2022 à 16h50 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Meeting de Marine Le Pen au Parc des expositions de Villepinte le 1er mai.

CHRONIQUE. La France file un mauvais coton. Très mauvais même. Le 23 avril, la candidate du Front national a franchi la barre des 20 % de suffrages. A quelques jours du 7 mai, Marine Le Pen est désormais créditée du double ou davantage.

Il y a quinze ans, la qualification de son père au second tour de la présidentielle avait provoqué un immense haut-le-cœur national et déclenché la mobilisation générale contre le candidat d’extrême droite. Rien de tel aujourd’hui. Aussi sidérant que ce soit, l’installation en force du Front national (FN) au cœur du système politique, voire la victoire de sa candidate, apparaissent à beaucoup comme une banalité, presque une fatalité.

Certes, de nombreuses voix se sont élevées pour appeler clairement à faire barrage à Mme Le Pen et, pour cela, à utiliser sans hésiter le seul moyen qui vaille : le vote en faveur de son adversaire, Emmanuel Macron. Cela a été le cas à droite, de François Fillon, au soir de sa défaite, à Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy. Il en a été de même à gauche, de Benoît Hamon, au soir de sa déroute, à François Hollande. Et au centre, avec l’engagement vigoureux de Jean-Louis Borloo.

Sans oublier, dans le champ de la société civile, le choix sans ambiguïté de la CFDT ou l’appel solennel d’une soixantaine d’associations (d’Emmaüs France à SOS-Racisme, de la Fondation Abbé Pierre à la Ligue de l’enseignement, de la Cimade à Greenpeace…) à ne pas rester « spectateurs » et à se mobiliser contre « ceux qui prônent le rejet de l’autre et le repli sur soi ».

Petits calculs et jésuitisme

Mais, à côté de cela, que d’embarras et d’ambiguïtés, que de fausses habiletés et de petits calculs ! C’est le bureau politique des Républicains qui, au terme de laborieuses discussions, récuse, certes, l’abstention et appelle à « voter contre Marine Le Pen pour la faire battre », mais recule devant un appel explicite à voter Macron. Symétriquement, après un silence pesant durant cinq jours, c’est Jean-Luc Mélenchon qui écarte, lui aussi, l’abstention, appelle à combattre l’extrême droite, mais se refuse à donner à ses électeurs une consigne de vote en faveur du candidat d’En marche !

Ce sont les évêques de France qui publient un communiqué d’un tel jésuitisme que chacun peut y trouver la justification d’un choix en faveur de l’un ou l’autre candidat. C’est une CGT tiraillée, qui dénonce le Front national mais ne peut empêcher certaines de ses sections, lors du défilé parisien du 1er-Mai, de scander « Ni Le Pen ni Macron ».

De façon explicite ou implicite, avouée ou inavouée, beaucoup semblent désormais considérer que Le Pen ou Macron c’est « bonnet blanc et blanc bonnet », pour reprendre la célèbre formule de Jacques Duclos en 1969. Sauf que, à l’époque, le candidat communiste à l’élection présidentielle renvoyait ainsi dos à dos deux candidats de droite, le gaulliste Georges Pompidou et le démocrate-chrétien Alain Poher.

Il vous reste 49.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.