Versailles: Procès d’un abbé intégriste soupçonné de «viols» et «actes de barbarie»
JUSTICE•Il est soupçonné d’avoir organisé des « séances d’exorcisme » sur trois enseignantes…C.Po.
L'essentiel
- Un ancien abbé, directeur d'un établissement scolaire proche de la confrèrie Saint-Pie X, est accusé de "viols" et "actes de barbarie" sur trois enseignantes.
- Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.
D’ordinaire, le secret règne en maître au sein de l’école privée Notre-Dame-de-la-Sablonnière, à Goussonville, dans les Yvelines. Mais à partir de ce mardi, le fonctionnement de cet établissement proche de la Fraternité Saint-Pie X, une communauté catholique intégriste, sera décortiqué par la cour d’assises de Versailles. Son ancien directeur, l’abbé Christophe R., 43 ans, est accusé de « viols » et « d’actes de barbarie » sur trois enseignantes. Deux d’entre elles se sont constituées partie civile.
C’est au cours de séances « d’exorcisme » entre septembre et octobre 2010 que l’abbé aurait abusé d’elles. Usant de son « influence spirituelle », il aurait d’abord persuadé l’une d’elles, victime d’abus sexuels dans son enfance, de recourir à des séances « expiatoires » pour soigner « le mal par le mal ». Il aurait ensuite convaincu deux autres femmes qu’elles avaient elles-mêmes souffert d’agressions qu’elles avaient refoulées. Selon les récits des victimes, il les aurait ainsi violées, parfois à l’aide d’objets, notamment un balai, une brosse à dents ou des ciseaux.
L’abbé nie partiellement les faits
L’année suivante, les victimes ont alerté leur hiérarchie des agissements de l’abbé, ordonné en 2002. Après un procès « canonique », c’est-à-dire orchestré par la fraternité Saint-Pie X, l’ecclésiastique a été mis à l’écart pendant deux ans dans un couvent. L’évêché de Versailles a précisé n’avoir « aucun lien avec ce mouvement » religieux, proche des milieux d'extrême-droite. «Nous ne pouvons qu’être profondément attristés pour les victimes et blessés que la figure du prêtre soit salie», avait-il déclaré lorsque l'affaire a éclaté, précisant que l'établissement n'était pas sous contrat avec l'Etat.
Deux des trois enseignantes avaient également décidé de porter l’affaire en justice, en déposant plainte en 2013. Devant les enquêteurs, l'abbé a tenté de minimiser les faits. Selon lui, les victimes étaient consentantes et il se serait « contenté » de mimer l’acte sexuel, assurant s’être « arrêté à l’orée de la chose ». Interrogé sur le fait de savoir s’il avait lui même été victime d’abus, notamment dans son enfance, il a indiqué qu’il l’ignorait. Il est détenu depuis 2014 à la prison de Bois d’Arcy.
Ni l’avocat des parties civiles – qui a déposé une demande de huis-clos - ni celui de la défense n’a souhaité s’exprimer avant l’ouverture du procès, prévu pour durer quatre jours. Christophe R. risque la réclusion criminelle à perpétuité.
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