L'impunité des crimes de journalistes au Mexique dénoncée

Quatre journalistes ont déjà été assassinés depuis début 2017. Le Comité pour la Protection des journalistes dénonce un système judiciaire dysfonctionnel.

Des militants d'Amnesty International manifestent contre la torture au Mexique, le 4 septembre 2014 à Mexico
Des militants d'Amnesty International manifestent contre la torture au Mexique, le 4 septembre 2014 à Mexico (AFP/RONALDO SCHEMIDT)

    Le gouvernement mexicain «a spectaculairement échoué» à punir les meurtres de journalistes, ce qui a entraîné le pays dans une spirale d'impunité et augmente les risques pour les reporters, a dénoncé mardi le Comité pour la protection des Journalistes (CPJ).


    Dans son rapport intitulé «Pas d'excuse: le Mexique doit briser la spirale de l'impunité en matière d'assassinats de journalistes», l'ONG déplore que le système judiciaire mexicain «soit dysfonctionnel et débordé», ce qui fait que les crimes restent impunis.
    Quatre journalistes ont été assassinés depuis le début d'année, après une année 2016 marquée par le chiffre record de 11 reporters exécutés.


    Le mois de mars a été particulièrement sombre avec trois journalistes abattus et un autre blessé grièvement. Devant le manque de sécurité, le quotidien Diario Norte, basé à Ciudad Juarez, a cessé de paraître.


    Les assassinats de journalistes ont fortement augmenté depuis 2006, année où le gouvernement a déployé l'armée dans le pays pour lutter contre le narcotrafic. Depuis cette date, il se commet entre trois et dix homicides de journalistes par an, selon des chiffres de l'ONG Articulo 19.


    Les efforts du gouvernement pour lutter contre cette situation «ont été insuffisants et la lutte pour rétablir la justice a échoué de façon spectaculaire» estime l'organisation.


    «Rompre le cycle d'impunité des délits contre la presse est le principal défi auquel fait face le gouvernement», poursuit CPJ dans son rapport.

    Représailles

    Au cours de la dernière décennie, un parquet fédéral spécialisé dans les atteintes à la liberté d'expression (FEADLE) a été mis en place ainsi qu'un mécanisme de protection des reporters et activistes des droits de l'Homme. Mais le CJP estime que ces mesures sont insuffisantes.


    L'exercice de la profession de journaliste est particulièrement risqué dans l'Etat de Veracruz (est), où s'affrontent les cartels du Golfe et des Zetas.


    Selon le CPJ, au moins six reporters ont péri entre 2010 et 2016 «en représailles directes pour leur travail informatif» dans cet Etat alors gouverné par Javier Duarte, ex-membre du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) du président Enrique Peña Nieto.


    Ce gouverneur a été arrêté le 15 avril au Guatemala où il était en fuite après des accusations de corruption et de liens supposés avec le crime organisé.


    Dans son rapport publié en février, Reporters sans frontières (RSF) estime que l'Etat de Veracruz est le plus dangereux d'Amérique latine pour les journalistes, avec 19 assassinats entre 2000 et 2016.