Les édulcorants sont de plus en plus présents dans notre alimentation ; ils existent sous forme de sucrettes à mettre dans le café ou sont introduits directement dans les recettes des boissons "light" et autres produits transformés. Grâce à leur pouvoir sucrant et à leur absence d’apport calorique, ils sont souvent considérés comme des alternatives "santé" au sucre. Or des chercheurs français révèlent dans le journal Annals of Nutrition & Metabolism qu'ils seraient associés à un risque élevé de diabète de type 2. Ces conclusions sont issues de l’étude de cohorte nommée E3N incluant au total 61 440 femmes, toutes suivies durant 18 ans, de 1993 à 2011. Les participantes ont reporté au cours de cette étude leur consommation d’édulcorants de synthèse par le biais de questionnaires de fréquence alimentaire.
Une augmentation de 67% du risque de diabète de type 2
Les résultats de l’étude viennent alimenter la controverse autour des édulcorants. En effet, la fréquence et le nombre d’années d’exposition à ces substances ont été associés à une augmentation du risque de diabète de type 2 chez les femmes de la cohorte. Ainsi, parmi les participantes ayant consommé des édulcorants régulièrement pendant 10 ans, 5% ont développé un diabète de type 2 contre 1,5% des femmes n’en ayant que très rarement consommé, voire jamais. Leur risque serait par ailleurs doublé en comparaison avec les femmes ayant eu une consommation régulière pendant moins de 3 ans. Enfin, l’augmentation du risque de diabète serait observable même en cas de faible consommation ; en effet les femmes consommant 2 fois par jour des édulcorants de synthèse verraient leur risque augmenter de 67%.
Quels sont les mécanismes en cause ?
Bien que les résultats suggèrent un lien éventuel avec l’adiposité, l’étude n’explique pas les mécanismes mis en cause dans cette association. Les auteurs émettent cependant plusieurs hypothèses. Les édulcorants pourraient activer les récepteurs du goût dédiés au sucre, engendrant alors des dysrégulations au niveau des voies métaboliques. La production des signaux de satiété en serait directement impactée. Les édulcorants pourraient également agir en modulant la flore intestinale, ce qui impacterait directement le métabolisme glucidique. De précédentes études ont déjà permis d’émettre l’hypothèse qu’une consommation d’édulcorants induirait une insulino-résistance conduisant à l’obésité par le biais d’une modification du microbiote intestinal. Les chercheurs de l’étude estiment que de nouvelles investigations sont nécessaires pour élucider tous les mécanismes physiologiques pouvant expliquer ces résultats. Elles permettraient également de mieux évaluer la balance bénéfices-risques des édulcorants pour la santé de la population.