MuMo, un camion itinérant met l'art à la portée des enfants

On the road again ! A bord de ce drôle de MuMO, une quinzaine d’œuvres pour faire découvrir l’art contemporain aux enfants (et à leurs parents) éloignés des musées. Première étape de la tournée : Clairefontaine-en-Yvelines (78).

Une initiation à l’art contemporain

Parce qu’un enfant sur deux n’est jamais allé au musée, le MuMo (pour Musée Mobile) sillonnera les routes de France, de mai à octobre 2017. Sa mission ? Aller à la rencontre des enfants habitant « les zones blanches ou grises, c’est-à-dire sans accès à la culture, pour réduire la fracture culturelle lié à l’éloignement géographique et social des musées », déclare Ingrid Brochard, collectionneuse et femme d’affaires à l’initiative de ce projet.

Stationné dans la cour des écoles ou sur la place des villages, ce musée itinérant ouvre ses portes chaque jour de 8h30 à 19 heures. Gratuit, il est réservé aux scolaires la semaine, et accessible aux adultes le week-end. Son installation est précédée de la venue d’une médiatrice qui présente les pièces exposées et désamorce les clichés sur l’art contemporain, « formidable outil d’éveil, d’échange, de partage et de réflexion », selon Ingrid Brochard.

Un camion dessiné par Matali Crasset

De 2010 à 2015, plus de 100 000 enfants, âgés de 6 à 12 ans, ont visité le MuMo composé de pièces inédites de 14 artistes dont Maurizio Cattelan, Huang Yong Ping, Claude Lévêque ou Chéri Samba. Habillé par Daniel Buren, ce container mobile était surmonté d’un énorme lapin rouge créé par Paul McCarty, « heureux de participer à une opération qui lui rappelait ses débuts, lorsque pour atteindre le plus grand nombre, il exposait sur les parkings des supermarchés », se souvient Ingrid Brochard.

Après avoir voyagé en France, mais aussi en Afrique, en Belgique, en Suisse et en Espagne, le MuMO est récompensé en 2016 par La France s'engage (label gouvernemental qui récompense les projets les plus innovants au service de la société). Une récompense qui entraîne la naissance de MuMo 2, aménagé par Matali Crasset. Cette nouvelle version du musée mobile ne se déploie plus sur deux niveaux, mais se déplie horizontalement tel un accordéon. De chaque coté du container, lieu d’exposition principale d’une superficie de 30m2, la designer a ajouté des plateformes susceptibles de se transformer en atelier, en bibliothèque ou en salle de projection à disposition des écoliers et des collégiens.

Une exposition “carambolage”

Imaginée par les directeurs des Frac (fonds régional d’art contemporain) des régions Île-de-France, Haute et Basse Normandie, l’exposition inaugurale de MuMo 2 s’intitule « Exquis ! ».
Elle est composée d’une quinzaine d’œuvres, de Pierre Ardouvin, Sophie Ristelhueber ou Robert Stadler, qui se répondent par association d’idées ou de formes comme les fameux cadavres exquis, jeu collectif inventé par les surréalistes en 1925 (les participants s’inspiraient d’un mot ou d’un fragment de dessin réalisé par son prédécesseur pour poursuivre la phrase ou la composition).

A travers cette sélection, le musée itinérant est chargé de reconnecter l’art et l’école, mais aussi de dynamiser le terrioire en établissant un dialogue entre les établissements scolaires, les associations locales, les mairies et les Fracs. Il stationnera dans 19 villes, de la région francilienne à la Normandie, avant de circuler en pays de Loire (novembre 2017-février 2018), puis dans le Grand Est (mars-août 2018).

« Mon ambition est de faire partager du sensible loin des forteresses que sont les galeries ou des centres d’art », conclut Ingrid Brochard. Opération réussie car après le passage du Mumo « les professeurs des écoles, qui ne reçoivent aucun enseignement d’ordre culturel au cours de leur formation, ont été environ 60%  à proposer à leurs élèves des activités en rapport avec l’art ».