Vote utile

Jeunes de gauche, nous voterons Emmanuel Macron contre Marine Le Pen

Des jeunes qui se sont prononcés pour La France insoumise au premier tour contestent la possibilité de s'abstenir le 7 mai et appellent à voter pour le candidat d'En marche.
par un collectif
publié le 3 mai 2017 à 16h11

Dimanche soir, la candidate du Front national, Marine Le Pen, s’est qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle. 7,5 millions d’électeurs, 21,6% des suffrages exprimés. Quinze ans après son père, ce que l’on est en train de vivre n’est plus un coup de théâtre ou coup de tonnerre car peu sont ceux qui ne l’avaient vu arriver. Dont acte.

Point n’est ici question de s’atermoyer sur les causes qui ont abouti à la situation face à laquelle nous nous trouvons. Se renvoyer la responsabilité de la montée du Front national en cette période d’entre-deux-tours est d’autant plus inutile que le temps presse. Car la démocratie a cela de magnifique qu’elle peut réserver des surprises : les plus belles comme les plus terribles.

Nous avons voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour parce que nous croyions fermement que la fatalité du néolibéralisme et de la molle social-démocratie pouvait trouver une issue heureuse dans un programme profondément de gauche, écologiste et humaniste, dans un projet de refondation de notre République et de notre société. Emportés par les élans du candidat qui portait haut nos couleurs et nos espoirs, nous y avons cru jusqu’au bout – et notre défaite n’en est logiquement que plus amère.

Oligarchie à bout de souffle

Néanmoins, nous savons faire la part des choses, comparer et hiérarchiser. A ceux qui renvoyaient dos à dos Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, y voyant les deux faces d’un même fascisme, nous voulons répondre que nous ne nous résignons pas à adopter la même courtesse de vue à l’encontre des deux candidats restant dans la course présidentielle. Emmanuel Macron et Marine Le Pen ne sont pas deux billes que l’on aurait tirées d’un même sac. Car c’est cela, avant tout, qui fait le lit de l’extrême droite : ne plus pouvoir distinguer les nuances et faire des distinctions. Faire la preuve de notre réflexion, individuelle autant que collective, c’est pouvoir jauger et juger les différences fondamentales entre Le Pen et Macron, autant que celles qui existent entre Staline et Mélenchon. Et ces différences devraient suffire à aiguiller nos consciences et nos convictions.

Emmanuel Macron est certes l’usufruit d’une oligarchie à bout de souffle, qui égraine ses arguments économicistes contre ce que nous, à gauche, nous pensons être le liant nécessaire à toute bonne société, qui promet des révolutions dont nous ne reconnaissons pas la définition et qui promeut des dogmes dont nous réfutons les fondements. Bref, il porte la continuation d’un système qui ne sied guère à ceux qui veulent plus d’égalité, de fraternité et de justice sociale. En d’autres termes, difficile d’en faire un chantre de nos ambitions.

Néanmoins, le péril auquel fait face notre France, si Marine Le Pen arrive au pouvoir, n’est aucunement comparable : xénophobe assumée, complotiste et rétrograde, nostalgique de moments de notre histoire dont nous avons honte et qui ne devraient nous forcer qu’à demander pardon et donner réparations, porteuse d’un projet de repli sur soi et aux valeurs d’un autre âge, le tout mâtiné d’islamo-arabophobie, la candidate du Front national pourrait utiliser à tellement mauvais escient l’outil Etat que les mots nous manquent… Est-on vraiment sur le point de lui donner les pouvoirs de police et de l’armée, la tête de l’Education nationale et de notre ministère de la Culture ?

Cinq ans pour agir

Il existe donc sincèrement des gens de gauche qui osent comparer cet horizon catastrophique à ce qui nous attend si Emmanuel Macron devient président ? Franchement, le bateau coule et on l’a compris, beaucoup pensent que Macron et ceux qui l’entourent, les politiques qu’ils ont menées et ceux qu’ils souhaitent appliquer, en sont la cause. Mais depuis quand un vote à une élection devient un blanc-seing pour cinq ans ?

Il y a d’autres moyens que la présidence de la République pour faire valoir ses idéaux, à commencer par les élections législatives dans à peine deux mois. Et puis sinon il y a pléthore d’associations ou d’ONG, s’il faut on recommencera un Nuit debout en mieux et on écrira des tribunes tous les deux jours. Et même mieux : on la recréera la gauche, si vous voulez, et tous ensemble sur de saines bases. Car non, voter Macron aujourd’hui, ça ne repousse pas seulement et de façon nécessaire l’élection de Le Pen de cinq ans. Les mêmes causes produisent les mêmes effets mais il ne faut pas s’exclure des causes : nous aurons cinq ans pour agir. Et puis, si vous pensez qu’un risque est possible avec Macron, avec Le Pen il est certain.

Dans tout débat mais surtout dans toute action importante pour nos destins en commun, il faut savoir raison garder et bien considérer que le vote blanc ou l’abstention, ce ne sera peut-être pas suffisant cette fois. Mettez-vous le dans la tête, elle peut gagner. Et ne pas voter pour Macron, ça fera mathématiquement grimper le score de Le Pen. Mais surtout, cela revient à accepter que son discours s’est complètement normalisé. Alors au lieu de prendre des positions trop dangereuses pour nos libertés publiques, pour nos libertés tout court, pour notre capacité à organiser une gauche à nouveau crédible, allez voter Macron le 7 mai.

Signataires: Pablo Pillaud-Vivien: 28 ans ; Juliette Astier: 28 ans ; Raphaël Aude: 26 ans ; Matthieu Baumgarten: 21 ans ; Valentin Breton: 20 ans ; Alexandre Cantegreil: 20 ans ; Paul Chabal: 28 ans ; Léa Charpentier: 21 ans ; Lucie Claude: 27 ans ; Irène Colonna d’Istria: 22 ans ; Mathieu Contat: 23 ans ; Manon Dolbakian: 27 ans ; Timothée Elkihel: 28 ans ; Stanislas Ferreira: 27 ans ; Ludivine Foucher: 21 ans ; Ahmed Ghedjatti: 27 ans ; Antoine Glorieux: 27 ans ; Romain Gounot: 28 ans ; Arthur Hatchuel: 24 ans ; Hélène Hoarau: 20 ans ; Axel Ibot: 31 ans ; Manon Jacquemain: 26 ans ; Elsa Jauberty: 32 ans ; Antoine Kirscher: 22 ans ; Nans Laborde-Jourdaa: 29 ans ; Victor Laby: 19 ans ; Loriane Lair-Mehiri: 27 ans ; Victor Leclere: 32 ans ; Germain Louvet: 23 ans ; Carine Mosca: 27 ans ; Marina de Munck: 20 ans ; Gala Pillaud-Vivien: 20 ans ; Loucas Pillaud-Vivien: 24 ans ; Jérémy-Loup Quer: 24 ans ; Mathilde Pruvost: 27 ans ; Océane Rignault-Fouassier: 26 ans ; Camille Rognon: 21 ans ; Juliette Smadja: 20 ans ; Laura Thomassaint: 23 ans ; Annabel Vessaz: 28 ans ; Samuel Vialle: 34 ans ; Agathe Vidal: 22 ans.
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