Séries turques : “Patriotes, nous voilà”

Reconnues dans le monde entier par les amateurs de romances à l'eau de rose, les télénovelas turques bombent le torse avec la diffusion de nouvelles séries qui glorifient le passé impérial et exaltent le dévouement patriotique.

Par villegas

Publié le 03 mai 2017 à 13h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 04h12

On entend rarement parler, en France, de la télé turque. Or on a appris, il y a quelques jours, que Tournez manège allait y être interdit. Les émissions de dating – de rencontre donc – tellement à la mode dans le monde entier, sont mises au ban par le gouvernement. Ce n’est pas la seule évolution récente de la production turque : les séries sont actuellement influencées par une mode « patriotique » qui agite sur les écrans le drapeau rouge à l’étoile et au croissant. 

La production de feuilletons turcs est telle — les grilles télé débordent de séries — qu’il s’agit d’un signal intéressant. D’ordinaire, le téléspectateur a le choix tous les soirs (et aussi en journée) entre des heures et des heures de fictions, étirées, répétées, récapitulées et diffusées chaque semaine pendant plusieurs années. L’action progresse souvent au ralenti. Action, c’est beaucoup dire : il s’agit en majorité d’histoires d’amour impossibles, de revanches, de trahisons, de tensions entre grande ville et société rurale, de famille et de traditions…

Depuis une dizaine d’années, ces séries se vendent comme des petits pains à l’étranger : au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Asie centrale, dans les Balkans…  et depuis trois ans en Amérique latine (hors Brésil) où l’eau de rose turque a parfois même plus de succès que les telenovelas locales. En Europe de l’Ouest ou en Amérique du Nord, la progression des séries turques — en dehors de la niche communautaire — est plus lente.

Mais un soap, plutôt moderne dans le contexte actuel, a été testé en journée l’été dernier en Italie sur la chaîne commerciale grand public Canale 5. Un autre genre porte désormais les couleurs de la Turquie dans le monde : la série « ottomane ». En costumes chatoyants et en armes, elle narre la vie au temps des sultans, avant l’avènement de la République au XXe siècle. La chaîne publique TRT, l’une des moins regardées du pays, dépense des milliers de livres en publicité pour vendre à l’étranger sa production la plus ambitieuse et la plus politiquement dans l’air du temps. Lancée fin février, cette série raconte la fin du règne du « dernier empereur », renversé par la révolution des Jeunes-Turcs.

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