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Présidentielle 2017

Présidentielle 2017 : Onfray et Todd, le naufrage de "grands" intellectuels

Il était attendu que Michel Onfray et Emmanuel Todd expriment leur position sur l’élection présidentielle et se situent entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Reconnaissons que, dans ce contexte à la fois important et si particulier, nous n'avons pas été déçus...

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Il allait de soi, c'était d'ailleurs légitime et attendu notamment de leurs lecteurs, que Michel Onfray et Emmanuel Todd donnent leur point de vue intellectuel et citoyen sur la présente élection présidentielle.

Il allait de soi, c'était d'ailleurs légitime et attendu notamment de leurs lecteurs, que Michel Onfray et Emmanuel Todd donnent leur point de vue intellectuel et citoyen sur la présente élection présidentielle.

(c) AFP / montage Challenges

C'est une particularité française: en politique, l'avis des intellectuels compte et pèse, quel que soit le sens de leurs engagements. Pour s'en convaincre, il suffit d'égrener trois noms, Camus, Sartre et Aron pour aussitôt constater que leur magistère a été prégnant, peut-être même à l'excès. Il n'est donc pas anodin que le philosophe Michel Onfray et le géographe Emmanuel Todd expriment leur position respective en cette veille de second tour d'une élection présidentielle si peu banale et, en effet, décisive pour l'avenir collectif des Français. Nous attendions, c'est vrai, de savoir comment ces deux-là, et quelques autres, se situent entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Nous n'avons pas été déçus...

Michel Onfray domine aujourd'hui la scène idéologique française. Il serait stupide de le nier. Certains de ses livres se vendent à des centaines de milliers d'exemplaires, par exemple sa mise en pièces de Freud d'une violence et d'une radicalité inquiétantes. Se revendiquant toujours libertaire, il n'en a pas moins ainsi conquis les esprits les plus conservateurs et tient désormais table ouverte dans les colonnes du Figaro ou du Point puisque nos confrères recueillent désormais ses propos comme paroles d'évangile. Dans la France d'aujourd'hui, il ne fait pas bon s'en prendre à Michel Onfray. Même quand il déraille...

Convenons-en: Emmanuel Todd ne bénéficie pas d'un pareil traitement de faveur. Comparé à la mégastar Onfray, le petit fils de Paul Nizan "joue" dans une catégorie inférieure même s'il eût parfois des intuitions assez géniales. Chacun se souvient en particulier qu'il compta parmi les premiers à annoncer la dislocation de l'empire soviétique quelques années avant la Perestroïka. Todd, au plan historique et intellectuel, n'est pas quantité négligeable même si ses multiples cabrioles idéologiques l'ont (quelque peu) discrédité. Sa vivacité et sa plasticité intellectuelles continuaient toutefois de séduire. Le concept de "fracture sociale"- qui assura la victoire présidentielle de Jacques Chirac en 1995 - c'était une idée née dans l'esprit encre fertile d'Emmanuel Todd.

Des dérives idéologiques sans limites…

L'un et l'autre déraillèrent gravement une première fois quand ils se piquèrent de commenter les attentats islamistes qui frappèrent la France en 2015 puis 2016.

Todd commit un livre - Qui est Charlie ? - expliquant d'une plume alerte que les millions de Français descendus dans la rue étaient en fait des "catholiques zombies" racistes et antimusulmans. Une démonstration aussi stupide qu’infondée qui eut le droit à une louangeuse couverture de L'Obs.

Quelques heures après le massacre du Bataclan, Onfray commit un tweet: "Droite et gauche qui ont internationalement semé la guerre contre l'islam politique récoltent normalement la guerre de l'islam politique". L'Occident est un coupable châtié, rien d'autre. Le scandale fut si retentissant que Michel Onfray annonça à grands coups de clairon dans les médias qu'il se retirait des ... médias. En réalité, cette diète se réduisit à quelques jours.

Il allait de soi, c'était d'ailleurs légitime et attendu notamment de leurs lecteurs, que Michel Onfray et Emmanuel Todd donnent leur point de vue intellectuel et citoyen sur la présente élection présidentielle. Nous pouvions anticiper qu’Emmanuel Macron serait vilipendé, que l'un et l'autre refuseraient de choisir entre le candidat d'En Marche et la porte-parole de l'extrême-droite nationaliste, xénophobe, antimusulmane et qui, du premier au dernier jour, aura mené une campagne anti-Rothschild! Les dérives idéologiques peuvent en effet s'avérer sans limite... Reconnaissons que, dans ce contexte à la fois important et si particulier, Emmanuel Todd et Michel Onfray ne nous ont ni surpris ni déçus.

Dresser une liste des "malfaisants" pour les dénoncer sur la place publique…

Todd, interrogé par le site Arrêt sur images, a choisi de tomber dans le potache : "Voter FN, c'est voter xénophobe. Pour moi, ça ne fait aucun doute. Quand je dis xénophobe, je suis poli parce que le mot qui me vient à l'esprit, c'est raciste. Mais, pour moi, voter Macron, c'est l'acceptation de la servitude. Je prends le risque. Je vais m'abstenir. Dans la joie". Todd aurait pu assumer son choix par exemple dans la gravité. Pas du tout: il est devenu un apôtre du "fun" intellectuel.

Onfray, pris comme souvent par la logorrhée, a privilégié le mode de ... l'insulte! Non pas contre Macron, mais envers une partie de ceux qui ont déclaré le soutenir: "Le belliciste BHL a donc gagné, et avec lui Pierre Bergé, locataire d'utérus d'autrui, Jacques Attali plagiaire notoire et condamné comme tel par la justice, Alain Minc, plagiaire du précédent, Bernard Kouchner, sac de riz chez les médecins et médecin chez les sacs de riz, Daniel Cohn-Bendit, pédophile au siècle dernier, autrement dit tous les promoteurs forcenés d'une politique libérale qui a permis à Marine Le Pen de faire son plus gros score et d'être présenté au second tour de cette élection qui n'en aura qu'un et à la famille Le Pen de passer de 1% en 1981 à près de 22% en 2017. Cherchez l'erreur"!

La conclusion du philosophe mérite à l'évidence attention, débats et remises en cause. Mais ce qui précède?... Dresser une liste des "malfaisants" pour les dénoncer sur la place publique, pratique ancienne, habituelle de l'extrême-droite, des factieux, des antirépublicains, de ceux qui traquent "l'étranger", ce destructeur du terreau national. Mais pourquoi Onfray se prête-t-il lui avec tant d'allégresse matinée de haines personnelles à ce jeu destructeur, puissamment antihumaniste? Sa passion mauvaise se résume en une formule cherchant à définir Emmanuel Macron : "Une lessive sortie des cabinets du capital"... Quant à Jean-Luc Mélenchon, il ne vaut guère mieux dans l'esprit jusqu'au-boutiste de l'essayiste star. Une autre sorte de traître, lui aussi, selon les canons de la pureté défendue par Onfray, une pureté si dangereuse, si meurtrière.

La gauche de gauche, fort heureusement, ne se réduit pas à ces errements

Ainsi Yannis Varoufakis, l'ancien ministre grec de l'Economie, héros des "anti-européens" et des souverainistes de tous bords puisqu'il sut résister aux technocrates, aux "monstres froids" de Bruxelles. Son appel lancé dans Le Monde mérite d'être lu, entendu, commenté, médité:

"Marine Le Pen est-elle vraiment une option moins inacceptable que son père? Emmanuel Macron est-il pire que Jacques Chirac en 2002? Si ce n'est pas le cas, pourquoi certains leaders de la gauche [politique et intellectuelle] refusent-ils aujourd'hui de soutenir Macron? C'est pour moi une énigme".

"Je refuse de faire partie d'une génération de progressistes européens qui auraient pu empêcher Marine Le Pen de gagner, mais ne l'ont pas fait. Le FN ne peut s'emparer de l'Élysée du fait d'une indifférence tactique de notre part".

"Alors que la troïka et le gouvernement de Bruxelles étranglait la Grèce, Macron a été le seul ministre en Europe à faire tout son possible pour nous aider".

Et, enfin, Varoufakis de sermonner le favori du second tour: je vais mobiliser pleinement pour vous aider à battre Le Pen et je me joindrai aux prochaines "Nuit Debout" si vous tentez de poursuivre la mise en œuvre de votre néolibéralisme".

Voilà qui a tout de même plus d'allure que les ricanements d'Emmanuel Todd  et les aboiements de Michel Onfray.

 

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