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Moyen Orient et Monde - Crise

« Les chrétiens du Moyen-Orient vivent leur période de déclin la plus spectaculaire, et c’est irréversible »

Selon le président de la Fondation syriaque-orthodoxe d’Istanbul, plus de 5 000 Syriens de cette confession sont arrivés en Turquie. Umit Bektas/Reuters

Quand Louis Bandak a fui les violences en Syrie, il a trouvé refuge dans le pays que son grand-père avait dû abandonner il y a 90 ans presque jour pour jour.

Louis Bandak et sa famille ont rejoint la cohorte, de plus en plus grande, de ces chrétiens qui ont traversé la frontière au Nord pour rejoindre la Turquie et laisser derrière eux une guerre qui a déjà fait plus de 140 000 victimes. « Même si je n'y étais jamais allé, je ne m'y sens pas étranger. Ici aussi, c'est chez moi », affirme-t-il à l'entrée du monastère Mor Abrohom, un vestige du Ve siècle, à une cinquantaine de kilomètres au nord du dernier village syrien.

La plupart des réfugiés chrétiens ont pris la direction du Liban ou de la Jordanie, des pays avec lesquels ils ont souvent une proximité linguistique et culturelle. Mais quelques milliers ont choisi la Turquie. Pour beaucoup d'entre eux, il s'agit d'un retour aux – lointaines – origines, un siècle après l'exode de leurs ancêtres qui fuyaient alors le climat hostile dans la Turquie de la Première Guerre mondiale et de l'entre-deux guerres. Dans la mesure où l'ONU ne tient pas de comptabilité en fonction de la religion des uns et des autres, il est impossible de connaître le nombre exact de chrétiens réfugiés, mais selon Mark Ohanian, de Charités chrétiennes orthodoxes internationales, ils sont entre 300 000 et 500 000.

S'ils ont quitté leur maison, c'est en partie parce que la communauté chrétienne, considérée comme un soutien du pouvoir de Bachar el-Assad, s'est sentie menacée par la rébellion. Les chrétiens, qui représentaient environ 10 % de la population du pays avant le conflit, se sont pourtant tenus à l'écart des affrontements entre des rebelles souvent sunnites, d'un côté et, de l'autre, Bachar el-Assad, qui appartient au clan alaouite, et ses alliés chiites. « Les chrétiens sont pris pour cible parce qu'ils sont vus comme des alliés d'Assad, mais aussi parce qu'ils représentent une cible naturelle pour les fondamentalistes », explique l'historien William Dalrymple, spécialiste des communautés chrétiennes du Moyen-Orient.

Transit vers l'Europe
Jusqu'au déclenchement du conflit, la Syrie était un havre de paix relatif pour les chrétiens à l'image de ce que pouvait être l'ensemble du Moyen-Orient, plus tolérant il y a 50 ans, selon William Dalrymple. « Les chrétiens du Moyen-Orient vivent leur période de déclin la plus spectaculaire, et c'est irréversible », ajoute-t-il, en soulignant que l'Irak a perdu près de 70 % de sa population chrétienne depuis l'intervention américaine en 2003.

Louis Bandak a pris la décision de partir au printemps 2013, lorsque des combattants étrangers ont contrôlé ses papiers et l'ont accusé de collaboration avec l'État sur la seule foi de son nom à consonance non musulmane. « J'ai dit que j'étais un pauvre électricien, ils m'ont relâché. Je n'arrêtais pas de trembler, j'ai pensé à ce que deviendraient mes filles sans leur père », raconte-t-il. « Nous en avons eu marre de la guerre. La prochaine fois que j'irai en Syrie, ce sera pour du tourisme », ajoute son épouse, Ninorta.
Quelques valises de vêtements et un disque dur plein de photos sous les bras, le couple et leurs filles ont atterri à Midyat où ils vivotent avec environ 500 autres Syriens. Désormais, ils attendent un visa pour l'Allemagne. Louis Bandak est syriaque, l'une des Églises catholiques orientales, qui rassemble environ 180 000 fidèles. Selon le président de la Fondation syriaque-orthodoxe d'Istanbul, Sait Susin, plus de 5 000 d'entre eux sont arrivés en Turquie puis, de là, sont partis en Europe – même si on ne peut pas connaître leur nombre exact compte tenu des conditions dans lesquelles ils transitent. En attendant son éventuel visa, Louis Bandak doit faire avec les rudiments de turc que lui a enseignés son grand-père, Barsom, qui avait pris le chemin de la Syrie le 24 février 1924.


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Quand Louis Bandak a fui les violences en Syrie, il a trouvé refuge dans le pays que son grand-père avait dû abandonner il y a 90 ans presque jour pour jour.Louis Bandak et sa famille ont rejoint la cohorte, de plus en plus grande, de ces chrétiens qui ont traversé la frontière au Nord pour rejoindre la Turquie et laisser derrière eux une guerre qui a déjà fait plus de 140 000 victimes....

commentaires (6)

PAS IRRÉVERSIBLE ! MÊME S'ILS SONT " LA CIBLE " ILS PEUVENT... UNIS... ET JE RÉPÈTE, À L'ATTENTION DU HAKIM, DU GÉNÉRALISSIME ET DE GÉMAYEL : UNIS... TENIR DANS LES TOURMENTES... COMME DES SUBMERSIBLES !!!

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 38, le 02 mars 2014

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • PAS IRRÉVERSIBLE ! MÊME S'ILS SONT " LA CIBLE " ILS PEUVENT... UNIS... ET JE RÉPÈTE, À L'ATTENTION DU HAKIM, DU GÉNÉRALISSIME ET DE GÉMAYEL : UNIS... TENIR DANS LES TOURMENTES... COMME DES SUBMERSIBLES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 38, le 02 mars 2014

  • Seul presque le Liban reste le havre des chrétiens du Moyen-Orient mais pas tout à fait libres comme ils l'étaient avant 1975.

    Sabbagha Antoine

    16 h 33, le 01 mars 2014

  • L'Iraq, la Syrie, et prochainement le liban! on se prends toujours au chrétiens. Peut - être qu'on ne supporte pas la paix et l'amour prêché par le maitre de l'Amour dans cette même région !peut-être notre présence met en relief leurs pratiques de haines! Il semble que nous sommes un article de transaction éco-politique dans le marché européen, américain et russe qui aussi sont supposés être des partisans de ce même maitre ..

    Bahijeh Akoury

    14 h 43, le 01 mars 2014

  • Un veritable creve Coeur de voir ce resultat s'abbatre sur la Chretiente au M.O , on va pas distribuer des reproches ici ou la , mais simplement regarder en hochant la tete de tristesse devant une catastrophe qui a pris naissance en 1948 .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 56, le 01 mars 2014

  • Boomerang éhhh Libanais chrétiens dans le faciès ! Ou, dorénavant, bis repetita non placent !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 34, le 01 mars 2014

  • LA DÉCADENCE DES VALEURS DES DÉCADENTS ABRUTIS CHRÉTIENS OCCIDENTAUX, AU NOM DE LA DÉMOCRATIE STUPIDEMENT COMPRISE ET APPLIQUÉE PAR EUX, DÉRACINE LA CHRÉTIENTÉ DE SES BERCEAUX MILLÉNAIRES ET LES LIVRE TOUT BÊTEMENT AUX... ANTI-CHRIST... LA MALÉDICTION, IMPORTÉE STUPIDEMENT CHEZ EUX, TOMBERA IRRÉMÉDIABLEMENT SUR LEURS VIDES TÊTES ! ILS SONT FAUTIFS S'ILS NE SAVENT PAS CE QU'ILS FONT... ILS SONT " CRIMINELS " CAR ILS SAVENT CE QU'ILS FONT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 58, le 01 mars 2014

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