L’industrie du fast-fashion est TOUT sauf écologique

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    On pouvait déjà dire merci aux fast-foods pour polluer à la fois nos organismes, l’atmosphère et les villes du monde entier, on peut désormais remercier également les champions du prêt-à-porter bon marché. En plus d’être connue pour exploiter la main d’œuvre des pays pauvres, l’industrie de la « fast-fashion » est à l’origine d’un gâchis et d’une pollution titanesques. Une enquête effectuée par Newsweek est revenue sur le sujet, évoquant la « crise environnementale » historique que l’on doit notamment à ZARA, H&M et aux autres enseignes low-cost du genre.

    Connues pour leurs collections en permanent renouvellement, plusieurs fois par an, les marques de vêtements telles que Zara et H&M contribuent à la production d’une certaine obsolescence vestimentaire. Avec de nouveaux arrivages toutes les deux semaines au lieu de toutes les saisons, ces enseignes sont au cœur d’une nouvelle façon de consommer des vêtements qui leur est profitable mais va à l’encontre d’une éthique de développement durable en dépit de l’urgence. En amont comme en aval, la pollution engendrée est réelle et loin d’être anecdotique. Quand on songe que la majorité des discours politiques s’axent sur la relance de la croissance, le monde peine à voir une issue à cette problématique.

    Évolution de la consommation des vêtements aux USA

    Une « mode jetable » à l’origine d’une multiplication des déchets textiles

    Tout d’abord, vêtements et recyclage ne semble pas faire bon ménage. Ainsi, tous les ans aux États-Unis, ce sont 84% des vêtements jetés qui finissent dans une décharge ou à l’incinérateur. En France, ce chiffre avoisine les 70%. Si le géant suédois de la mode jetable, H&M, a lancé courant 2013 une grande initiative visant au recyclage des vêtements toutes marques confondues, les effets de celle-ci restent très légers et sans effet concret sur l’ampleur du problème. En vérité, les habits récupérés par la marque suivent le même chemin que tous ceux récupérés au travers d’œuvres de charité ou de containers de recyclage, où à peine 0,1% sont véritablement recyclés. L’Union Européenne produit quant à elle 5,8 millions de tonnes de déchets textiles chaque année.

    Le problème avec ces vêtements est qu’ils sont rarement de bonne qualité, et ont donc une durée de vie relativement courte, comme le note Newsweek, ce qui empêche souvent les œuvres de charité ou les friperies de les reprendre. De plus, les friperies ne trouvent aucun intérêt économique à reprendre des vêtements qui ont dès le départ peu de valeur, et que l’on trouve en trop grande quantité. Résultat : depuis l’avènement du fast-fashion, dont les enseignes ont envahi les centres-villes du monde entier ces 20 dernières années (tuant au passage nombre de commerces de proximité), la quantité de vêtements jetés a augmenté drastiquement avec celle des vêtements achetés. Par exemple, les Américains consomment cinq fois plus de vêtements qu’ils ne le faisaient en 1980, et jettent en moyenne 31 kilos de textiles chaque année. L’Europe semble également suivre cette voie.

    Action de Greenpeace contre le fast-fashion

    L’environnement, première victime d’une industrie ultra-polluante

    Autre problème, ces vêtements qui finissent dans des décharges à ciel ouvert, s’ils peuvent être fabriqués en fibre naturelle, ne se décomposent pas du tout comme n’importe quelle autre matière organique. Ils ont été blanchis, traités, teints, imprimés et contiennent donc en réalité de nombreux produits chimiques non dégradables. S’ils se retrouvent dans des décharges qui ne bénéficient pas des infrastructures nécessaires pour les contenir, ces produits chimiques peuvent facilement se retrouver dans les nappes phréatiques. Dans le cas d’une incinération, on les retrouvera probablement dans l’air. En se décomposant, ces vêtements rejettent également des gaz. Le nylon met, en outre, entre 30 et 40 années à se dégrader, et la laine, quant à elle, contribue à sa mesure aux émissions de méthane lorsqu’elle entre en décomposition.

    Mais le processus de production de masse de ces habits bon marché est aussi responsable de la dégradation de l’environnement, à une échelle encore plus large. En effet, l’industrie de la mode reste la deuxième plus polluante au monde derrière l’industrie pétrolière, et peut être tenue responsable de 10% des émissions totales de CO2 à elle seule. En ce qui concerne l’industrie particulière de la fast-fashion, on estime qu’un vêtement issu de ces enseignes sera moyenne porté cinq fois, avec une durée de vie qui tournera autour de 35 jours, générant cinq fois plus d’émissions de carbone qu’un vêtement fait pour durer au moins une année entière. Pour fabriquer un t-shirt, il faut en moyenne utiliser 2 700 litres d’eau ; pour un jean, c’est 7 000 litres d’eau qui sont nécessaires.

    Image : lyssa Curry / Staff Illustrator

    Enfin, les produits chimiques qui entrent dans la composition de nos vêtements participent aussi largement à la pollution de la planète. Rien que la teinture des vêtements requiert 1,7 millions de tonnes de produits chimiques chaque année. Des données qui nous font comprendre que, à l’ère de la mondialisation triomphante, peu importe combien de fois vous mettrez votre linge à laver, il ne sera pas véritablement propre avant longtemps — tant que l’industrie n’aura pas opéré un virage à 180° vers une production respectueuse de l’environnement et orientée par une logique d’économie circulaire. D’ici là, deux solutions : adopter une simplicité volontaire résolue et faire vivre les solutions alternatives en consommant le plus responsable possible !


    Sources : NewsWeek.com / Courrierinternational.com / GreenPeace.org / Forbes.com

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