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En Hongrie, l'horreur dans un foyer pour handicapés

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Cet adolescent trisomique présente une coupe ouverte sur le front, de la substance noire à l'oreille et des signes de malnutrition.
Un garçon entre 11 et 13 ans dans une des salles réservées aux hommes.
Dans la partie réservée aux femmes, une jeune fille derrière une barrière en bois.

Des «patients» n'ayant que la peau sur les os, des enfants enfermés dans des cages présentant de sévères atrophies musculaires, des camisoles de force, des excréments contre les murs… C'est une situation d'horreur que décrit l'ONG Mental Disabilities Advocacy Centre après avoir réussi à pénétrer dans la principale institution d'Etat «s'occupant» de personnes handicapées mentales en Hongrie.

Sis à Göd, à 30 km au nord de Budapest, l'établissement Tophaz compte 220 lits et abrite des adultes et des enfants. L'ONG avait essuyé un refus de visiter l'établissement en novembre 2016, et c'est par des complicités qu'elle a pu s'y introduire le 18 avril dernier. «La raison pour laquelle on nous avait refusé l'accès est aussitôt apparue, écrit l'ONG dans son rapport. La nature fermée et secrète de l'établissement a créé des conditions d'impunité permettant tous les abus et toutes les négligences.»

Accablant, le rapport témoigne de traitements s'apparentant à de la torture. Les résidents souffrent tous des syndromes de l'isolement et de l'abandon, se balançant en permanence, mâchant leurs vêtements. Ils présentent des symptômes sévères de manque d'attention, d'absence d'activités sociales et physiques, mais aussi de dénutrition. «Les adultes sont traités comme des enfants, nourris au biberon», note le rapport. Certains résidents présentent des blessures, qu'ils se sont peut-être infligées eux-mêmes, mais les plaies sont laissées sans soin. Enfants et adultes sont enfermés dans des lits qui s'apparentent à des cages. La pratique de l'attachement au lit est systématique, tout comme l'enfermement dans les chambres. Les membres de l'ONG ont même vu un adolescent vêtu d'une camisole de force, d'autres ligotés à leur chaise roulante.

Punitions

La violence est omniprésente. Sous toutes ses formes. Il y a notamment soupçon de pratiques punitives de la part du personnel sous-payé. Des résidents ayant eu de «mauvais comportements» auraient été contraints de prendre des douches glacées tout habillés et de rester à genoux dans leurs habits mouillés.

Les conditions qui règnent à Göd ne seraient que le sommet de l'iceberg quant au sort qui est réservé aux 20 000 handicapés mentaux résidant dans d'autres établissements publics du pays, selon les responsables du Mental Disabilities Advocacy Centre. En 2011, le gouvernement hongrois a mis en route un programme de fermeture progressif de ces institutions prisons héritées de l'ère communiste, afin de les remplacer par de plus petites structures. L'affaire qui vient d'être révélée a contraint le gouvernement a annoncé qu'il allait accélérer les fermetures. Mais le changement s'opère bien trop lentement, dénonce l'ONG. Soulignant que la Commission européenne a attribué des fonds au gouvernement hongrois pour améliorer la situation, l'ONG réclame aussi dans ses recommandations qu'une enquête soit menée par l'OLAF, l'Office européen de lutte antifraude, sur la manière dont la Hongrie les a utilisés.