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En 2050, vous ne verrez plus d'orques et de dauphins captifs en France

Un arrêté porté par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal et publié samedi au Journal officiel va imposer des règles drastiques pour tout parc abritant des cétacés. A moyen terme, il ne pourra plus y avoir de dauphins ou d'orques en captivité.

Gaël Vaillant , Mis à jour le
Le Marineland d'Antibes est le seul parc français à accueillir quatre orques.
Le Marineland d'Antibes est le seul parc français à accueillir quatre orques. © Sipa

C'est une victoire "inespérée" pour les associations de défense des espèces marines. Le Journal officiel a publié samedi un arrêté "fixant les caractéristiques générales et les règles de fonctionnement des établissements présentant au public des spécimens vivants de cétacés". Autrement dit, les dauphins et les orques présents en France dans quatre parcs (trois en métropole : le Marineland d'Antibes dans les Alpes-Maritimes, le Parc Astérix dans l'Oise et Planète sauvage en Loire-Atlantique ; et un en Polynésie française sur l'île de Moorea, face à celle de Tahiti).

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Des bassins deux fois plus grands, pas de chlore dans l'eau ni de contacts directs avec le public… Clairement, les conditions drastiques qu'impose cet arrêté signé mercredi par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal pourraient bien mettre fin aux delphinariums français. En effet, ce texte, qui abroge un arrêté de 1981, interdit la reproduction d'orques et de dauphins. "Seuls les orques et les dauphins actuellement régulièrement détenus peuvent continuer à l'être, sans ouvrir à de nouvelles naissances", précise l'arrêté. Or, la dernière version connue du texte était plus souple sur ce point. Selon un premier communiqué publié par le ministère de l'Environnement mercredi, l'arrêté prévoyait ainsi un "contrôle étroit de la reproduction des dauphins" qui "ne devient possible que si la configuration et la taille des bassins le permettent".

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Les cétacés vivent moins longtemps en captivité

Selon les moyennes d'espérance de vie définies par l'étude américaine de référence Cetacean Societies (Université de Chicago, 2000), les dauphins ne vivent pas plus de 20 ans en captivité quand les orques ne dépassent pas les 35 ans. Les cétacés, contraints par la taille de leur bassin, ont en effet une espérance de vie jusqu'à deux fois plus courte en captivité qu'en milieu naturel. Résultat : les delphinariums français seront sans doute vides en 2037. Le Marineland d'Antibes, seul parc français à présenter quatre orques et zoo privé le plus visité du pays, a, lui, vu la naissance d'une jeune orque mâle, Keijo, le 20 novembre 2013. Si l'on en croit les données de l'étude de l'université de Chicago - toutefois contestée par des professionnels des parcs zoologiques marins -, l'animal ne devrait pouvoir vivre au-delà de 2050.

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Les dauphins du Parc Asterix (Sipa)

Les dauphins du Parc Asterix (Sipa)

Les dauphins du Parc Astérix (Sipa)

Une perspective dont se félicitent logiquement les associations de protection de la nature qui ont travaillé sur l'arrêté signé mercredi, après une année de discussions associant le Muséum national d'Histoire naturelle. "C'est une victoire inespérée, une avancée majeure qui va éviter la construction de nouveaux bassins à court terme et la fin de la captivité des animaux à moyen terme, explique ainsi Christine Grandjean, la présidente de l'association C'est Assez citée par Le Monde .

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Certaines, à l'image de l'association One Voice, déplorent toutefois que "l'industrie de la captivité ait été entendue". "Cet arrêté, c'est de la poudre aux yeux. Il faut libérer les dauphins", s'est emportée sa présidente Muriel Arnal sur France Bleu Loire Océan . En attendant, trois des quatre parcs (le Parc Astérix n'a pas communiqué sur le sujet) ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils feront les aménagements nécessaires et qu'ils maintiendraient leurs spectacles de dauphins et d'orques.

Les parcs vont-ils combattre en justice l'interdiction de reproduction?

L'interdiction de la reproduction des cétacés en captivité pourrait en revanche donner lieu à un bras-de-fer juridique. "Nous ne comprenons pas cette décision, qui n'a fait l'objet d’aucune concertation, s'insurge dans Le Monde Rodolphe Delord, président de l'Association française des parcs zoologiques et directeur du zoo de Beauval (Loir-et-Cher). On avait obtenu un arrêté de très haut niveau avec des avancées. Mais l'interdiction de la reproduction va à l'encontre du bien-être animal car ces animaux sont faits pour se reproduire." Le responsable évoque la possibilité d'une procédure juridique contre l'arrêté.

Quant à la libération in fine des dauphins et orques actuellement en captivité, elle semble irréaliste comme l'expliquait début avril le biologiste Christophe Guinet dans La Croix : "Les animaux nés en captivité n'ont pas été éduqués en termes de vie sociale et d'aptitude à chasser. La seule solution est de tenter de les maintenir en semi-liberté, dans un bras de mer ouvert par exemple, où ils seront nourris par l'homme." Des dauphins et orques seront donc encore en captivité quelques années.

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