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DANS LE RETRO - Vous avez prévu de passer votre dimanche soir devant le petit écran pour suivre en direct la victoire du (de la) président (e) élu (e) ? Avant la fin du suspense, retour en arrière sur les soirées électorales mémorables de la Ve République.

Emmanuel Macron ou Marine Le Pen ? Quelle que soit l’issue du vote du second tour de l’élection présidentielle, au soir de ce dimanche 24 avril 2022, une chose est sûre : pour les téléspectateurs, la retransmission des résultats sera bien plus pimentée qu’elle ne l’aurait été il y a 50 ans.

Autres temps, autres soirées télévisées…

« Il est 20 heures, voici les noms de deux candidats qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle ». Une phrase symbolique, un marqueur de la démocratie, que plusieurs dizaines de millions de Français entendront dimanche soir et que prononceront les journalistes Anne-Claire Coudray (accompagnée de Gilles Bouleau) sur TF1, Nathalie Renoux sur M6 et Maxime Switek (en duo avec Apolline de Malherbe) sur BFMTV.

Retrouvez dimanche soir les résultats de l’élection présidentielle sur notre site : elections.sudouest.fr

Des annonces de résultats électoraux, officielles et compassées, aux manifestations de liesse populaire dans les rues, en passant par les courses-poursuites à moto des voitures présidentielles dans Paris, les grands discours publics accompagnés de concerts et/ou les fêtes privées célébrant la victoire, les soirées télévisées des résultats des présidentielles ont considérablement évolué depuis la première élection au suffrage universel de la Ve République, en 1965. Voyez plutôt.

Première élection au suffrage universel et première soirée télévisée pour de Gaulle, en 1965

Charles de Gaulle, le 14 décembre 1965, en interview avec Michel Droit.
Charles de Gaulle, le 14 décembre 1965, en interview avec Michel Droit.
AFP

Depuis le 19 novembre 1965, c’est-à-dire depuis une quinzaine de jours, la campagne électorale télévisée passionne les Français. Cette grande journée du 5 décembre, le jour du premier tour du scrutin, ils la vivent comme une grande fête républicaine. On organise alors les premières « télé-party » électorales : on se réunit autour d’un téléviseur entre amis, en famille, au bar ou dans les télé-clubs pour vivre – ensemble – l’un de ces moments qui fondent la Cinquième République.

A priori cette élection, la première au suffrage universel, devait être une formalité pour le général de Gaulle qui affronte cinq candidats, dont François Mitterrand. Ce dernier, qui rassemble la gauche, fait campagne à la télévision et a écrit un livre, « Le coup d’État permanent », dans lequel il assimile son principal adversaire à un dictateur.

C’est le choc. De Gaulle, sûr de sa victoire et se voulant au-dessus de la mêlée et des partis ne fait pas campagne au premier tour, n’obtient que 44 % des voix et se voit contraint d’aller au second tour. Il consent alors à faire campagne à la télévision. Il donne trois grandes interviews à Michel Droit, alors collaborateur de l’ORTF, dans lesquelles il défend longuement sa politique et remporte l’élection, le 19 décembre 1965, face à Mitterrand (55 % contre 45 %).

Pompidou en 1969 : une soirée électorale pas vraiment post-soixante-huitarde

15 juin 1969, second tour de l’élection présidentielle qui suit la démission du général de Gaulle. Mai 1968 qui a fait souffler un vent de liberté en France, n’a pas dépoussiéré pour autant l’ORTF et les pompes de la République. Les photographes de presse mitraillent le vote du candidat gaulliste de l’UDR, Georges Pompidou, dans la commune d’Orvilliers (Yvelines) où il possède une maison depuis 1954. Le soir, la télévision française retransmet de façon très convenue les résultats du scrutin qu’il remporte face à Alain Poher, avec 58,21 % des suffrages, malgré un peu plus de 30 % d’abstentions. S’il a fait la fête pour célébrer sa victoire, elle est restée dans l’intimité. Pompidou ne fera une déclaration à télévision que le lendemain de son élection.

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VIDÉOS - Après la démission du général de Gaulle, le 28 avril 1969, la présidence de la République est vacante. C’est son ancien premier ministre, Georges Pompidou, qui remporte les suffrages de l’élection anticipée des 1er et 15 juin suivants. Il ne terminera pas non plus son mandat. Demain : la présidentielle de 1974.

Les variétés s’invitent à la soirée électorale de VGE, le 19 mai 1974

Vous voulez le changement, vous ne serez pas déçus, une ère nouvelle arrive […] La décision vous l’avez prise, je l’exercerai ».

Avec l’arrivée des années 1970, la télévision se modernise et se détend. Le soir du second tour de l’élection présidentielle de 1974, remportée de justesse par Valéry Giscard d’Estaing, le candidat de la droite, avec 50,81 % des suffrages, face au socialiste François Mitterrand, le nouveau président se rend à son QG de campagne, rue de la Bienfaisance (Paris VIIIe) où ses soutiens l’attendent. Il s’exprime « Vous voulez le changement, vous ne serez pas déçus, une ère nouvelle arrive […] La décision vous l’avez prise, je l’exercerai ». Le nouveau président fait ensuite une allocution en anglais pour les journalistes étrangers présents à son QG.

Avec la partie résultats des plus classiques, présentée par le journaliste Michel Péricard, en direct du studio 4 des Buttes Chaumont, les téléspectateurs ont droit à une émission de variété diffusée en alternance et animée par deux vedettes de l’époque, Jean-Claude Brialy et Nicole Calfan, en direct d’un autre studio.

Portrait électronique et images de liesse populaire pour Mitterrand, en 1981

François Mitterrand et sa femme Danielle, un bouquet de roses à la main, posent le 10 mai 1981, dans le salon de l’hôtel du Vieux-Morvan à Château-Chinon, vers 20 heures, quelques instants après avoir entendu à la télévision les résultats de l’élection présidentielle.
François Mitterrand et sa femme Danielle, un bouquet de roses à la main, posent le 10 mai 1981, dans le salon de l’hôtel du Vieux-Morvan à Château-Chinon, vers 20 heures, quelques instants après avoir entendu à la télévision les résultats de l’élection présidentielle.
AFP

Ambiance ultra-tendue sur les plateaux de télévision pour la soirée électorale du match retour de 1974, Mitterrand-Giscard d’Estaing, accompagnée d’une innovation technique qui ajoute au suspense de la mise en scène classique. Les journalistes Jean-Pierre Elkabbach et Etienne Mougeotte dévoilent en direct le nom du nouveau président de la République. À 20 heures, un portrait électronique affiche progressivement le visage du président élu : c’est François Mitterrand qui l’emporte, avec 51,76 % des voix, face à VGE, 48,24 %. L’événement est historique : après 23 ans d’opposition, le pays bascule à gauche. À Paris, rue de Solférino, au siège du PS, on danse, on rit, on s’embrasse, on se congratule, on applaudit, aux cris de « on a gagné ».

Peu après 22 h, François Mitterrand fait sa première apparition officielle en tant que président dans la salle des mariages de la mairie de Château-Chinon (Nièvre) : « Les Français et les Françaises ont choisi le changement../… J’agirai avec résolution pour que la France trouve le chemin des réconciliations nécessaires. Nous avons tant à faire… », déclare le nouveau président.

Puis, c’est la fête place de la Bastille, le « peuple de gauche » en liesse scande « Mitterrand, président ». On danse le rock sous les drapeaux bleu blanc rouge. Partout en province, sous l’orage, les mêmes manifestations de joie se répètent.

De nouveau, la fête dans la rue pour la réélection de Mitterrand, en 1988

Le 8 mai 1988, sur Antenne 2, l’ambiance semble un poil plus relax qu’en 1981, lorsque le portrait de François Mitterrand qui vient de battre largement Jacques Chirac avec 54,02 % des voix, s’affiche pour la deuxième fois de l’histoire de la Ve République, devant les deux des journalistes qui animent la soirée, Bernard Rapp et Paul Amar. Comme en 1981, la rue fête la victoire de Mitterrand, toute la nuit, sous l’œil des caméras.

Mitterrand se trouve à Château-Chinon dans la Nièvre. Ses sympathisants se rassemblent place de la République où Renaud et Bernard Lavilliers donnent un concert.

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La course-poursuite à moto de la voiture de Chirac, en 1995

7 mai 1995. Le soir de sa victoire, Jacques Chirac, maire de la capitale, prend la parole devant les caméras de télévision depuis un salon de l’hôtel de ville de Paris. Son discours est retransmis en direct sur un écran géant installé place de la Concorde où des dizaines de milliers de personnes se massent pour faire la fête.

Puis, à 22 h 06, le nouveau président quitte l’édifice avec sa femme Bernadette dans sa CX Prestige, fenêtre ouverte et sous les applaudissements de ses partisans, pour se rendre à son QG, avenue d’Iéna, dans le 16e arrondissement. Les motos de France 2 et de hordes de photographes engagent une course-poursuite en direct dans les rues avec la voiture de celui qui a battu le socialiste Lionel Jospin avec 52,64 % des voix, rompant ainsi avec deux septennats de Mitterrand. Chirac refuse de parler… Mais pour la télévision, c’est une première et un exploit technique entré dans les annales.

Ambiance particulière lors de la victoire de Chirac face à Le Pen, en 2002

Le 5 mai 2002, lors de la soirée télévisée électorale en direct du second tour, après un classique tour d’horizon des différents duplex, les journalistes annoncent la victoire de Chirac (82,1 %) sur Jean-Marie Le Pen (17,9 %). Comme en 1995, le président réélu quitte son QG en voiture avec sa femme, Bernadette, également poursuivi à moto par les journalistes, mais c’est pour gagner cette fois-ci la place de la République, habituellement symbole de la gauche, où les attend une foule d’électeurs. Dans une brève déclaration, il célèbre la République qui triomphe du Front national et des idées de l’extrême droite.

À la Concorde avec Sarkozy, en 2007

Le soir du 6 mai 2007, en marge des images et des déclarations officielles, plusieurs équipes de journalistes de la télévision ont pu vivre le moment historique de la victoire de Nicolas Sarkozy dans les coulisses de son QG de campagne, rue d’Enghien, avec ses proches, puis dans la boîte de nuit Le Fouquet’s, sur les Champs Élysée.

Puis des envoyés spéciaux suivent à moto le nouveau président de la République qui vient de battre sa rivale Ségolène Royal avec 53,06 % des voix, et se rend en voiture place de la Concorde, pour y prononcer un discours, avec son épouse, Cécilia Sarkozy, devant ses proches, de nombreux artistes et une foule en liesse… Point d’orgue : la chanteuse Mireille qui entonne « La Marseillaise ».

De Tulle à la Bastille, la longue soirée de Hollande, en 2012

Le 6 mai 2012, c’est en direct de son fief corrézien de Tulle, où il prononce un long discours conclu par des airs d’accordéon, que François Hollande accueille la nouvelle de sa victoire sur son rival Nicolas Sarkozy avec 52 % des voix, avant de prendre un bain de foule sur la place de la cathédrale et de rejoindre le centre de Paris peu après minuit, entouré par un immense convoi de voitures et de motos, après avoir emprunté un jet privé pour relier l’aéroport de Brive-la-Gaillarde à celui du Bourget.

La très longue journée du nouveau président s’achève avec son ex-compagne, la journaliste Valérie Trierweiler, ses proches et de nombreux artistes, place de la Bastille, devant des dizaines de milliers de ses partisans.

Le Louvre pour Macron en 2017

7 mai 2017. Après une première déclaration en direct à la télévision peu après 20 heures, Emmanuel Macron, élu avec 66,10 % des suffrages, choisit l’Esplanade du musée du Louvre pour s’exprimer devant 20 000 à 40 000 partisans et quelque 18 000 journalistes.

La place de la Concorde a été retoquée par les marcheurs, car trop connotée à droite, et celles de la Bastille et de la République, pour la raison inverse. À 22 h 33, sous les notes de l’hymne européen, « l’Ode à la joie », le nouveau président apparaît, seul, devant la célèbre pyramide. « Ce soir, la France l’a emportée », s’exclame-t-il, sous des salves d’applaudissements. Son épouse, Brigitte, et ses proches le rejoignent sur la scène, entonnant « La Marseillaise » en cœur avec la foule.

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En cas de victoire, Marine Le Pen, aurait fêté son élection à l’orée du Bois de Vincennes, au Chalet du lac, au bord du lac de Saint-Mandé.