Alors qu’ils étaient plus de 40 000 à prendre position sur la ligne de départ du marathon de Londres ce 23 avril, un certain nombre d’entre eux se sont peut-être demandé ce qu’ils étaient venus faire dans cette galère. Car le costume le plus loufoque ou l’entraînement le plus rigoureux ne changent rien à ce simple fait : ces 42 kilomètres de course à pied vont faire mal.

Et pourtant, prenez une bernache [un palmipède apparenté aux oies]. Avant de s’envoler pour un périple de près de 3 000 kilomètres, cet oiseau migrateur suit un entraînement intensif revenant à peu près à se gaver de fish & chips en se prélassant sur le canapé.

Quid des mois de renforcement musculaire progressif et de la période de stabilisation avant le jour J ? Disons que ce n’est pas le genre de la bernache. En fait, explique Lewis Halsey, physiologiste à l’université Roehampton de Londres, “elle se contente de rester posée sur l’eau et de manger énormément”. Les chercheurs commencent tout juste à s’intéresser à ce phénomène.

Jusqu’à récemment, personne ne s’était réellement demandé si l’activité physique avait les mêmes effets sur l’organisme des animaux que chez l’être humain. Depuis un an ou deux, une poignée de scientifiques se penchent sur ces créatures étranges, et à première vue assez fainéantes, qui parviennent à accomplir des exploits physiques qui font passer le marathon pour une promenade.

Usain Bolt distancé

Derrière cette question, il y a une hypothèse : occupés à chasser pour trouver de la nourriture ou échapper à des prédateurs, les animaux sauvages vivent en parfaite condition physique. Auteur d’un article au titre provocateur (“Les animaux font-ils du sport pour garder la forme ?”) publié récemment dans le Journal of Animal Ecology, Lewis Halsey estime que les choses ne sont pas aussi simples que ça.

Prenez un chat domestique. La plupart passent l’essentiel de leur temps vautrés quelque part à ne rien faire. Pourtant, sur une courte distance, même le plus paresseux d’entre eux distancerait Usain Bolt sans difficulté. De la même manière, à l’issue de leur période d’hibernation, les ours noirs et bruns n’ont pas perdu un gramme de leur masse musculaire – alors qu’ils n’ont pas levé une patte pendant des mois. La bernache fait encore mieux. Posée sur l’eau, elle ne se contente pas de rester en forme, elle renforce son cœur, développe ses muscles de vol et se retrouve fin