Pour eux, Emmanuel Macron ne pouvait pas être élu : les mauvais paris de la campagne

Depuis sa nomination au ministère de l'Economie à l'été 2014, Emmanuel Macron a attisé la curiosité, puis la méfiance du monde politique. Mais malgré sa popularité et ses ambitions croissantes, ils étaient nombreux à enterrer toutes ses chances de succès.

ILLUSTRATION. Manuel Valls, Jean-Vincent Placé, Bruno Le Roux et Jean-Pierre Raffarin ont tous mis en doute la capacité d'Emmanuel Macron à remporter la présidentielle. 
ILLUSTRATION. Manuel Valls, Jean-Vincent Placé, Bruno Le Roux et Jean-Pierre Raffarin ont tous mis en doute la capacité d'Emmanuel Macron à remporter la présidentielle.  (LP/DR.)

    Ils n'y croyaient pas. Tout au long de son ascension, qui l'a portée à la présidence de la République à l'issue du second tour dimanche, Emmanuel Macron a été la cible des doutes et des critiques d'une grande partie de l'échiquier politique, même s'ils ont été nombreux à revoir leur copie avant le scrutin.

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    Dès l'annonce de la fondation du mouvement «En Marche!», le 6 avril 2016, le premier secrétaire du Parti socialiste n'a pas caché son scepticisme à propos d'Emmanuel Macron. «Tout ça peut faire du buzz», mais «à la fin il faut être candidat ou ne pas être candidat». Interrogé quelques jours plus tard sur une éventuelle candidature du ministre de l'Economie sur le plateau de BFM TV, il avait répondu «pour 2017, non».

    L'ancien Premier ministre a toujours reconnu à Emmanuel Macron «des qualités» et un potentiel pour l'avenir. Il a en revanche souligné à plusieurs reprises que la présidentielle 2017 n'était pas encore à la portée du candidat d'«En Marche». «A court terme, ça me paraît difficile», jugeait-il encore sur BFM TV le 14 décembre dernier.

    Dans une interview au «Figaro Magazine», publiée le 23 septembre 2016, le secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat avait fait le parallèle entre la popularité d'Emmanuel Macron et celle d'Eva Joly à quelques mois de la présidentielle 2012. Le sénateur promettait au candidat d'«En Marche» un sort similaire à la candidate écologiste, qui n'avait recueilli que 2% des suffrages au premier tour. Un mauvais pari pour celui qui avait pronostiqué un duel Sarkozy-Hollande au deuxième tour en 2017.

    Aucune chance de voir Emmanuel Macron à l'Elysée pour Bruno Le Roux, le 16 septembre 2016. Invité du «Talk Le Figaro», le futur ministre de l'Intérieur (ndlr, il sera nommé un mois plus tard et démissionnera le 21 mars) est catégorique dans son pronostic : «Emmanuel Macron ne sera pas président de la République.»

    Candidat de dernière minute à la primaire de la gauche, Manuel Valls avait sévèrement jugé les ambitions de son ministre de l'Economie quand celui-ci a démissionné fin août 2016. «La France n'est pas n'importe quel pays, c'est la cinquième puissance du monde.»

    Le 7 septembre 2016, François Bayrou était encore loin d'apporter son soutien à Emmanuel Macron. Le leadeur du MoDem se montrait même très critique envers l'ex-ministre de l'Economie. «Les Français vont voir ce que cette démarche signifie, déclarait-il alors sur BFM TV. (…) Derrière cet hologramme, il y a une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois de très grands intérêts financiers et autres qui ne se contentent plus d'avoir le pouvoir économique, ils veulent avoir le pouvoir politique.» Le 23 février 2017, Bayrou ralliait finalement le candidat d'«En Marche.»

    Avant même d'être directement confronté à Emmanuel Macron pour la campagne électorale, le lieutenant de Nicolas Sarkozy pour la primaire de la droite (ndlr, avant de rallier François Fillon en vue de la présidentielle) ne croyait pas au destin présidentiel du ministre de l'Economie. Sur i>Télé, l'ancien pensionnaire de Bercy (entre juin 2011 et mai 2012) tançait le manque d'expérience de son successeur, de plus en plus populaire : «En démocratie et en politique, je ne respecte que ceux qui passent par le suffrage universel. Si Emmanuel Macron, un jour, passe par la case élection alors oui, là, on pourra discuter...»