Ca se passe en Europe : la famille de Jordi Pujol utilisait des codes religieux pour tromper le fisc
L'ex-président régional de Catalogne et son entourage sont actuellement sous le coup d'une enquête, soupçonnés d'avoir occulté au fisc des sommes importantes.
Par Cécile Thibaud
En Espagne, les Espagne : les partis politiques rattrapés par la corruption en série finissent par avoir leur moment de charme surréaliste. Le dernier détail savoureux, repéré par le juge d'instruction José de la Mata, magistrat à l'Audience nationale, est le "code" qui servait à transférer les fonds occultes de la famille de Jordi Pujol . Révélé lundi par le journal "La Vanguardia", il restera sans nul doute dans les annales.
Bonjour, je suis la mère supérieure...
L'ex-président régional de Catalogne et son entourage sont actuellement sous le coup d'une enquête, soupçonnés d'avoir occulté au fisc des sommes dont l'origine pourrait être un système d'avantages et de commissions diverses sur des contrats publics dont ils auraient profité durant les près de 25 ans où la patriarche était au pouvoir.
"Bonjour, je suis la mère supérieure de la congrégation, je voudrais faire passer deux missels de notre bibliothèque à celle de l’aumônier de la paroisse. Je vous dirai où il faut les mettre." C'est le genre de messages qu'envoyait Madame Pujol (la mère supérieure, donc) à la Banque d'Andorre qui gérait les fonds dissimulés par la famille pour faire virer 2 millions de pesetas (deux missels) de son compte vers celui de son fils aîné (alias l’aumônier de la paroisse).
70 millions d'euros non justifiés
Le code très transparent auquel avait recours celle qui semble être la Ma Dalton des Pujol laisse entrevoir le degré d'impunité dont le clan pensait bénéficier. C'est ce que soulignait lundi la presse espagnole avec un mélange de stupeur et d'écœurement.
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Depuis des années, Jordi Pujol assurait que les soupçons jetés sur lui et les siens n'étaient qu'une invention destinée à porter préjudice à la cause catalane. Il avait néanmoins fini par reconnaître devant le parlement de Catalogne, en 2015, l'existence de fonds dissimulés en Andorre, assurant qu'il s'agissait d'un héritage, même s'il n'avait jamais pu en expliquer précisément la provenance. L'Unité centrale de délinquance économique et fiscale chiffre à plus de 70 millions d'euros les sommes non justifiées qui ont été localisées sur des comptes liés à Jordi Pujol, sa femme et leurs sept enfants.