Le pôle Nord aimante les guerres de demain
Le Conseil de l’Arctique se réunit mercredi. L’occasion pour les États-Unis et la Russie de préciser leurs engagements contre le réchauffement climatique et de montrer leur puissance dans le cercle polaire.
Fairbanks est la deuxième ville d'Alaska aux Etats-Unis. Il y fait – 20 °C l'hiver, seulement 5 °C au printemps. Légèrement plus chaud que les contacts glaciaux entre la Russie et les Etats-Unis , les deux principales grandes puissances du Conseil de l'Arctique créé en 1997, avec les autres pays riverains, le Canada, l'Islande, le Danemark, la Suède, la Norvège et la Finlande, qui prendra la semaine prochaine la présidence de l'organisation. Fairbanks accueillera donc jeudi leurs ministres des Affaires étrangères, l'occasion de s'expliquer.
Rex Tillerson, le secrétaire d'Etat de Donald Trump , va-t-il profiter de cette réunion pour mettre enfin son pays au clair sur le respect par les Etats-Unis des accords de Paris conclus lors de la COP21? Après avoir été des plus flous sur le sujet, le président américain a promis qu'il adopterait une position définitive au plus vite. "Il y a une inquiétude légitime sur le contenu de la déclaration ministérielle" qui sera signée à l'issue du Conseil de l'Arctique, confie Damien Degeorges, consultant à Reykjavik, en Islande, spécialiste des enjeux de l'Arctique. "La tonalité générale, sur le réchauffement climatique, devrait être moins flamboyante que sous Obama", ajoute-t-il pour mieux préciser que Tillerson est l'ancien PDG du géant pétrolier Exxon, un groupe qui a noué de nombreux partenariats avec la Russie pour des projets de prospection pétrolière en zone arctique.
Privilégier le respect de l'environnement
Sergueï Lavrov, le patron de la diplomatie russe, va-t-il de son côté évoquer à nouveau combien cette région polaire est cruciale pour les intérêts russes ? Avec la fonte accélérée de la banquise, qui a perdu les trois quarts de son volume ces trente dernières années, la perspective d'une voie de navigation reliant l'Arctique au Pacifique via le détroit de Béring est devenue une réalité qui fait fantasmer les industriels du secteur minier, des hydrocarbures, et de la pêche.
La France, qui possède un statut d'observateur au Conseil de l'Arctique, invite ses partenaires de l'Union européenne et de l'Otan membres du forum à privilégier le respect de l'environnement. "Il faut faire très attention, les routes maritimes ne sont pas bien cartographiées et les risques d'accident écologique nombreux", précise un diplomate du Quai d'Orsay au cœur du dossier. Personne n'ose évoquer non plus l'éventualité de naufrage d'un paquebot de croisière dans la région mais tout le monde y pense. Quelles infrastructures, quelles coopérations pour les secours? Est-ce la priorité de la Russie?
"Les Soviétiques avaient fait du pôle Nord pendant la guerre froide une ligne de front
"
Depuis l'annexion de la Crimée, le dialogue avec les Etats-Unis sur la zone arctique a été littéralement "gelé", remarque Elizabeth Wishnick, spécialiste à l'université Montclair du New Jersey. Or, l'Arctique est devenu "une Mecque russe", selon les mots de Dmitri Rogozine, le président de la commission russe pour le développement de l'Arctique et ancien ambassadeur auprès de l'Otan de Russie, aujourd'hui frappée par les sanctions européennes pour son implication dans la crise ukrainienne. Comme le note la Fondation pour la recherche stratégique dans un rapport au ministère français de la Défense, Rogozine est, avec d'autres conseillers, à l'origine de la nouvelle doctrine militaire russe selon laquelle l'Arctique est un lieu de "compétition pour le contrôle des ressources, des marchés et des voies de communication". Guère étonnant dès lors qu'un commandement stratégique interarmées Nord ait été activé en 2014 et qu'il a été doté en 2015 de deux systèmes de défense anti-aérienne S-400, tandis que la fabrication de brise-glaces de nouvelle génération s'accélère (alors que la Russie en a déjà dix fois plus que les Etats-Unis).
"Poutine réactive les bases fermées"
"Poutine nous ramène en arrière", confie au JDD Michel Foucher, géographe et auteur de L'Arctique, la nouvelle frontière (Biblis). "Les Soviétiques avaient fait du pôle Nord pendant la guerre froide une ligne de front. Aujourd'hui, Poutine réactive les bases fermées et contraint l'Otan à faire la même chose en s'entraînant à la guerre d'hiver en Norvège tandis que le Canada rétablit ses unités de garde-frontières recrutés au sein de la population des autochtones inuits."
Et que dire de la Chine, qui a, elle aussi, un statut d'observateur au Conseil de l'Arctique? "Regardez l'ambassade de Chine à Reykjavik et vous comprendrez", insinue Damien Degeorges. Allusion à un bâtiment de taille disproportionnée pour ce si petit pays. Et aux escales de Xi Jinping en Alaska et en Finlande lors de sa dernière visite aux Etats-Unis. "Il y a une volonté de la Chine de bien s'implanter sur les routes maritimes arctiques", ponctue l'expert. Le business au détriment de l'environnement? "Lorsque nous avions tous la main sur le cœur lors de la dernière réunion du Conseil de l'Arctique, nous jurant que la priorité était de protéger au maximum le pôle Nord, les Asiatiques nous parlaient de plates-formes de forage et de bateaux à double coque", raconte notre source diplomatique française. A l'évidence, tout le monde n'a donc pas les mêmes priorités pendant que la glace continue de fondre, par milliards de tonnes.
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