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À La Une - Politique

Démission choc en Tunisie à sept mois des élections municipales

Le président de l'Instance électorale tunisienne, Chafik Sarsar, évoque des conflits internes "touchant aux valeurs et principes sur lesquels se fonde la démocratie".

Le président de l'Instance électorale tunisienne, Chafik Sarsar, a démissionné mardi avec fracas à sept mois des premières municipales de l'après-révolution. Photo AFP/Fethi Belaid

Le président de l'Instance électorale tunisienne, Chafik Sarsar, a démissionné mardi avec fracas à sept mois des premières municipales de l'après-révolution, en laissant entendre qu'il ne pouvait plus travailler de manière "impartiale" et "transparente".

Créée après la chute de la dictature en 2011, l'Instance supérieure indépendante électorale (Isie) est chargée de préparer la tenue de ce scrutin essentiel pour la poursuite du processus démocratique dans l'unique pays rescapé du "Printemps arabe". L'Instance jouit d'une solide réputation, après avoir déjà mené à bien les législatives et présidentielle de 2014.

La démission choc de son patron, une personnalité respectée, a pris de court l'ensemble du pays et fait l'effet d'un coup de tonnerre dans un contexte politique et social tendu.
Elle intervient alors que les spéculations vont bon train à la veille d'un discours du président Béji Caïd Essebsi, dont la teneur n'est pas connue.

"C'est une surprise pour tout le monde. Nous regrettons cette décision (...), nous ne savons pas ce qui s'est passé", a affirmé à la radio Shems FM une conseillère du président, Saïda Garrach.
Mais "quelle que soit la raison de cette démission, c'est un fait grave qui aura d'importantes répercussions", a réagi auprès de l'AFP l'analyste Selim Kharrat.
"L'Isie est l'une des rares instances institutionnelles indépendantes de la nouvelle Tunisie", a-t-il relevé.

 

(Lire aussi : Deux ans après un attentat, un hôtel du littoral tunisien revit)

 

'Grands conflits'
Chafik Sarsar a annoncé son départ ainsi que celui du vice-président de l'Isie, Mourad Ben Mouelli, et d'une autre membre, Lamia Zargouni, lors d'une conférence de presse.
"Conformément au serment" d'après lequel "nous nous engageons à œuvrer à des élections libres et transparentes, et à mener notre devoir avec indépendance et impartialité (...), nous avons décidé de démissionner", a dit M. Sarsar, la voix tremblante.
"Nous avons été contraints à cette démission", a-t-il ajouté, en évoquant des conflits internes "touchant aux valeurs et principes sur lesquels se fonde la démocratie".

M. Sarsar n'a pas donné plus de détails et n'était pas joignable par la suite.

Sollicitée par l'AFP, Mme Zargouni s'est, elle, contentée d'évoquer de "grands conflits au sein" de l'Instance.
Sur la radio Mosaïque FM, un autre membre de l'Isie, Nabil Baffoun, s'est pour sa part dit "aussi surpris que tout le monde", assurant que les différends pouvaient être résolus et appelant M. Sarsar à "revenir sur sa décision".

Mais sous le couvert de l'anonymat, un autre membre de l'Isie a expliqué les démissions par le fait que certains membres "veulent orienter le travail vers des intérêts précis".
Et un employé de l'Instance, sortant d'une réunion avec M. Sarsar peu après son point de presse, a dit à l'AFP que ce dernier refusait d'être "témoin de fraudes".

M. Sarsar a mis tout son poids au cours des derniers mois pour tenter d'accélérer la tenue des premières élections municipales de l'après-révolution en Tunisie.
Attendues de longue date afin de consolider la transition démocratique, elles ont finalement été fixées au 17 décembre.

 

(Lire aussi : Plus qu'au référentiel islamique, « c'est à la révolution » qu'Ennahda renonce)

 

'Pas sereine'
Le "choc" de sa démission vient s'ajouter à "un contexte politique déjà tendu, avec une nouvelle tentative de la présidence de la République de faire passer un projet de loi décrié sur la réconciliation (...) et un récent remaniement", a souligné Selim Kharrat. "On est dans une situation qui n'est pas sereine", a-t-il jugé.
Si la Tunisie est parvenue jusque-là à faire avancer sa transition démocratique, elle reste engluée dans la morosité économique et sociale.

Entré en fonctions il y a moins d'un an, le gouvernement de Youssef Chahed est à son tour confronté à la montée de mouvements sociaux de protestation, comme à Tataouine (sud), Kairouan (centre) ou encore au Kef (nord-ouest).
Mardi, M. Chahed a indiqué qu'il réunirait les partis et organisations signataires de l'"accord de Carthage" ce jeudi. Conclu en 2016, cet accord a permis la formation de son gouvernement dit "d'union nationale".

Le mois dernier, M. Chahed a été contraint de se séparer de deux ministres (Finances et Education). Et pour la première fois, il a lui-même fait l'objet de rumeurs de démission, toutefois rapidement balayées.

 

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