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Les leçons de la start-up Macron

+ VIDEO. Au-delà de son impact politique, l’élection d’Emmanuel Macron vient bousculer bien des idées reçues sur le management de l’entreprise. Et donne des clefs sur ce que doit être le leadership au XXIe siècle.

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Réunion de travail d’Emmanuel Macron et son équipe au siège d’En Marche !, pendant la campagne présidentielle.

Par Edouard Tétreau (essayiste et conseiller de dirigeants d’entreprises)

Publié le 9 mai 2017 à 16:41

Un Hymne à la Joie... et à la prise de risque. L’élection historique d’Emmanuel Macronà la présidence de la République, dimanche soir, vient bouleverser l’ordre ancien des choses, nos idées reçues dans de nombreux domaines, et notre regard sur nous-mêmes.

Des générations de politiciens fatigués et cyniques, de commentateurs ayant fait du déclinisme leur fonds de commerce et l’alpha et l’oméga de la pensée intellectuelle et médiatique française, étaient sur le point de nous faire capituler. La France était selon eux condamnée au déclassement, à la ruine, à la sortie de l’histoire, guidée en cela par des losers en politique qu’il fallait recycler à chaque élection, tous les cinq ans. Il était de bon ton de se soumettre à leur défaitisme. Raté ! Nous venons de nous choisir le plus jeune dirigeant de la Francedepuis deux siècles. Un novice en politique, et le seul candidat à cette élection ayant osé – sacrilège – faire le pari du risque, de l’optimisme et de l’espoir, quand tous ses concurrents, tous, faisaient le pari de la « raison garder », de la peur et du pessimisme. Il n’y a pas de pessimiste riche. La première condition du retour de la croissance, de la prospérité, de l’esprit d’entreprise, est bien celle-là : une confiance en nous-mêmes retrouvée, et affichée.

« France is back ! »

Le regard du monde entier sur nous-mêmesa brutalement changé, lui aussi. Depuis dimanche, je reçois de Pékin, New York, du Moyen-Orient, ou plus près de nous à Berlin, Londres, Rome, des témoignages qui n’ont plus rien à voir avec les expressions de compassion, voire de mépris, qui accompagnaient les deux derniers quinquennats. « France is back ! ». « You did it ! ». Il y a chez nos partenaires la conscience que la France a réussi à stopper, au moins pour un temps, la vague populiste qui a submergé les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Dans les grandes nations qui composent le G7, ou le G20, le leadership n’est pas uniquement économique et militaire. Il est aussi moral. A condition que le président élu dispose d’une vraie majorité à l’assemblée, avec ceux qui auront l’intelligence de vouloir participer au redressement du pays, contre ceux qui choisissent ces jours-ci le cynisme, l’obstruction, la politique du pire – ces enfants gâtés de la Vème République qui se disent gaullistes, et voudraient rejouer la partition de la IVème République.

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Uberisation de la vie politique française, changement du regard sur nous-même et de notre leadership moral en tant que nation : les répercussions de l’élection d’Emmanuel Macron vont prendre toutes leur mesure dans les prochaines années. Une chose est sûre dès à présent : cette élection historique a été rendue possible par une personnalité hors normes… et par des méthodes de management hors normes. Le documentaire « Les coulisses d’une victoire » de Yann L’Henoret, diffusé lundi soir sur TF1, rend en partie compte des trois facteurs-clés de succès de cette incroyable entreprise.

Valorisation du risque

Leçon numéro 1 : dans le monde actuel, rapide et violent, le pire des risques est de n’en prendre aucun. « Mais on n’est pas prêts ! », disait-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron lorsqu’il annonça, fin mars, à ses soutiens le lancement de l’aventure. C’était vrai. Ils n’étaient absolument pas prêts. Une semaine plus tard, un rez-de chaussée improbable de 200 mètres carrés était loué dans un quartier périphérique, staffé avec à peine trois étudiants. Qu’à cela ne tienne : il fallait plonger. Ce fut le cas pendant toute la campagne, du lancement au débat salissant avec Marine Le Pen, ou la confrontation avec les salariés de Whirlpool. Faire, dans chaque décision, le choix systématique du risque le plus élevé.

Ambition prométhéenne

Leçon numéro 2 : le management vertical, par l’argent ou par la peur, on oublie. Le succès de la start-up En Marche !, c’est d’abord le succès d’un groupe de trentenaires et quadragénaires qui ont su mobiliser une armée de bénévoles, de « Marcheurs », de soutiens pro bono dans toute la France. La motivation n’était ni financière, ni pour des « places », encore moins obtenue par un management à l’ancienne, totalement inopérant dans la France de 2017, tant il inhibe les initiatives ou fait fuir les meilleurs talents. La seule motivation possible était celle de participer à une expérience unique, avec sa part d’aventure, de jeu aussi. Et pour servir une ambition qui nous dépasse. En 2017, les entreprises doivent proposer à leurs salariés bien autre chose qu’une rémunération, une hiérarchie intimidante et un règlement intérieur. Il faut une ambition prométhéenne «massive transformative purpose », pour reprendre une expression du livre « Exponential Organizations » de Salim Ismail. Cette ambition, pour être atteinte, réclame un travail d’équipe en mode « commando ». En 2017, on ne peut plus cloisonner l’information et tenir ses plus proches collaborateurs dans l’ignorance ou la crainte.

Bienveillance

Leçon numéro 3 : cette réussite tient aussi –surtout ? – à un mot et une réalité bien rarement vue et entendue dans ma génération et les précédentes, dans le monde du travail en France. Ce mot et cette réalité s’appellent la bienveillance. En jetant les bases de son mouvement et de son pari, Emmanuel Macron a exigé, et obtenu, de ses plus proches collaborateurs, cette qualité-là. La bienveillance entre eux, et vers l’extérieur. Les cyniques du XXème siècle, ceux qui n’ont rien compris au film de ces dernières semaines, doivent s’esclaffer à l’évocation de ce mot, signifiant le « sentiment par lequel on veut du bien à quelqu’un ». La bienveillance n’est pas la faiblesse, ou la gentillesse façon Bisounours. Elle est l’apanage des forts, qui choisissent de mettre de côté leurs petits intérêts privés pour se mettre au service de l’intérêt général. Les médiocres ne pouvant s’occuper que d’eux-mêmes.

Prise de risque, générosité, ambition prométhéenne et bienveillance. Que vous soyez chef d’entreprise, responsable politique, fonctionnaire, cadre, militaire, scientifique ou étudiant, le succès d’En Marche peut utilement vous inspirer ces nouvelles conditions de la réussite au XXIème siècle.

Vidéo : Emmanuel Macron, l’élève modèle devenu président de la République

Edouard Tétreau est associé gérant de Mediafin ( www.edouardtetreau.com)

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