Espagne : les députés réclament que la dépouille de Franco soit exhumée de son mausolée

Publié le 12 mai 2017 à 5h15, mis à jour le 12 mai 2017 à 6h43
Espagne : les députés réclament que la dépouille de Franco soit exhumée de son mausolée

MÉMOIRE - Plus de quarante ans après la mort de l’ancien dictateur Franco, en 1975, le Parlement espagnol a voté une résolution demandant "l’exhumation des restes de Francisco Franco et leur transfert hors du Valle de los Caidos."

Un monument qui dérange. Le congrès des députés espagnol a demandé jeudi 11 mai au gouvernement conservateur que les restes de Franco soient exhumés de l'immense mausolée controversé où le dictateur est enterré depuis 41 ans, à 50 kilomètres de Madrid. Un texte réclamant ce retrait, en application d'une loi visant à mieux honorer la mémoire des victimes de la dictature, a été adopté avec 198 votes favorables et un vote contre. Les élus du Parti populaire (PP, droite) au pouvoir se sont abstenus.

Les députés demandent au gouvernement conservateur de Mariano Rajoy d'appliquer la "loi de mémoire historique" de 2007 par "l'exhumation des restes de Francisco Franco et leur retrait de El Valle de los Caidos" ("la vallée de ceux qui sont tombés" pour l'Espagne), une première. Ce gigantesque monument avait été imaginé par Franco pour rendre hommage aux "héros et martyrs de la croisade" que le Caudillo disait avoir menée pour remporter la guerre civile (1936-1939).

Surmonté d'une croix immense, l'édifice avait été bâti notamment par des milliers de travailleurs forcés issus du camp républicain vaincu. Mort de maladie après 36 ans de règne, Franco y a été enterré en 1975, au pied de l'autel de la basilique.

Le texte appelle à "donner un nouveau sens" au mausolée

Dans les années 1950, son régime avait fait transférer arbitrairement sur ce site les restes de plus de 33.000 morts de la guerre civile, des deux camps. Et aujourd'hui encore, des descendants de républicains demandent que leurs proches ne reposent plus au côté de Franco. Promu par le Parti socialiste, le texte appelle à "donner un nouveau sens" au mausolée pour qu'il ne soit "plus un lieu de mémoire franquiste et national-catholique" mais un espace favorisant la réconciliation.

De plus en plus de personnalités réclament cette mesure, tel l'écrivain Manuel Vicent qui a récemment estimé, dans le quotidien El Pais : "la transition (de la dictature à la démocratie) ne s'achèvera que lorsque Franco sera retiré de El Valle de los caidos et c'est à la droite de le faire". Le gouvernement n'est cependant pas contraint d'accéder à la demande des députés.

Les parlementaires voudraient également que les restes de José Antonio Primo de Rivera - fondateur en 1933 de la Phalange, formation fascisante - soient transférés de la basilique à un endroit plus discret du site.


La rédaction de TF1info avec AFP

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