Affaire russe : l’étau se resserre autour de Donald Trump
Le Sénat accélère son enquête sur le dossier russe. Le FBI a des velléités de revanche.
Par Lucie Robequain
Un vrai raté ! Donald Trump ne pensait pas que le limogeage du patron du FBI James Comey provoquerait un tel tollé. Les démocrates ne réclamaient-ils pas son départ depuis des mois, eux qui en faisaient l’un des grands responsables de la défaite d’Hillary Clinton ? La colère de Donald Trump fut paraît-il terrible quand il a entendu certains d’entre eux dénoncer un limogeage aux relents de « Watergate ».
« Ce sont de sales hypocrites! », a-t-il fulminé sur « Twitter ». Sûr de son coup, le président n’avait même pas pris la peine d’informer le personnel de la Maison-Blanche qui, à quelques rares exceptions, a appris le départ de James Comey par la presse. « Il faut que le président ralentisse un peu et intègre ses conseillers dans la boucle ! On ne peut pas être meneur de jeu sans parler à son équipe », commente le républicain Newt Gingrich.
Après 24 heures chaotiques, la Maison-Blanche a tenté de reprendre le contrôle de la situation. Comme à son habitude, Donald Trump a allumé des contre-feux en espérant détourner l’attention des médias. Il a demandé, par publication d’un décret, que soient examinées toutes les « vulnérabilités » du système électoral. Mauvais joueur, il continue d’affirmer que si Hillary Clinton a remporté le vote populaire (+3 millions de voix par rapport à lui), c’est à cause de la fraude (fausses inscriptions, faux bulletins, etc).
Les sénateurs décident d’accélérer l’enquête
Mais cela n’a pas suffi à éteindre l’incendie provoqué mardi soir. Plutôt lents jusqu’alors, les sénateurs ont soudainement décidé d’accélérer l’enquête sur le dossier russe.
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Dirigé par le républicain Richard Burr, la commission du renseignement a ainsi exigé que le sulfureux Michael Flynn -ancien conseiller de Donald Trump- transmette tous ces mails, conversations téléphoniques et échanges financiers en lien avec la Russie. La commission veut également se pencher sur les liens financiers qui unissent Donald Trump et la Russie. Elle vient de demander un rapport détaillé au Secrétariat au Trésor.
Trois questions compromettantes pour la Maison-Blanche
Parmi toutes les questions que suscite cette affaire, trois semblent particulièrement compromettantes pour la Maison-Blanche : la décision de débarquer James Comey est-elle liée à sa volonté, exprimée ces tous derniers jours, d’accélérer l’enquête sur le dossier russe ?
Le ministre de la Justice Jeff Sessions avait-il le droit de le limoger, sachant qu’il avait promis de ne pas interférer dans les enquêtes sur Moscou - ayant caché ses propres interactions avec l’administration Poutine ? Pourquoi, enfin, le directeur du FBI a-t-il informé Donald Trump à trois reprises des déroulements de l’enquête -ce qu’a révélé le président mardi soir- sachant que ces échanges sont prohibés en cours d’enquête ?
Au-delà du Congrès, le FBI semble lui aussi bien décidé à mener le combat : « Avec le départ de James Comey, Donald Trump a déclaré la guerre à un nombre incalculable de personnes dans l’agence. Il y aura un effort concerté pour y riposter », fait valoir un agent de manière anonyme dans le « Washington Post ». James Comey « était largement soutenu au sein du FBI, et le reste encore aujourd’hui », a confirmé son remplaçant par intérim jeudi matin, lors de son audition au Congrès.
Lucie Robequain, bureau de New York