Votre navigateur est obsolète. Veuillez le mettre à jour avec la dernière version ou passer à un autre navigateur comme ChromeSafariFirefox ou Edge pour éviter les failles de sécurité et garantir les meilleures performances possibles.

Passer au contenu principal

SyrieRatissage d'un ex-fief de l'EI sur la route de Raqa

1 / 150
Malgré la trêve humanitaire, les violences entre l'armée syrienne et les insurgés ont repris dans la Ghouta orientale. (Mercredi 28 février 2018)
Les Etats-Unis ont commencé à livrer des armes aux combattants kurdes contre l'EI dans le nord de la Syrie, au grand dam d'Ankara. (Mardi 30 mai 2017)

Une force arabo-kurde ratisse la région de Tabqa, en Syrie, après avoir chassé les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) de ce verrou sur la route de Raqa, leur principal bastion dans le pays en guerre.

La conquête mercredi de Tabqa (nord), après des semaines de combats, est l'une des plus importantes victoires des Forces démocratiques syriennes (FDS), l'alliance arabo-kurde soutenue par Washington qui combat depuis 2015 l'organisation djihadiste, la plus redoutée au monde.

Outre la ville, située à 55 km au sud-ouest de Raqa, les FDS se sont emparées du barrage de Tabqa, le plus grand de Syrie.

djihadistes pistés et bombardés

«Les opérations de ratissage se poursuivent» pour nettoyer totalement la ville, a indiqué jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). «Mais les civils n'arrivent toujours pas à avoir accès à certains secteurs en raison des mines» disséminées par l'EI.

Selon le commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom), les derniers djihadistes ont pu quitter la ville et le barrage après avoir accepté les «conditions» des FDS de «démanteler les explosifs» autour du barrage et de remettre leurs «armes lourdes». Dans leur retraite, ils ont été «pistés» par l'aviation de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, qui a «bombardé ceux qui pouvaient l'être sans risquer de toucher des civils».

Mardi et pour la première fois, les Etats-Unis ont annoncé publiquement leur intention de fournir des armes à la composante kurde des FDS, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), au grand dam de l'allié turc qui considère les YPG comme un groupe «terroriste».

Déminage

Près du barrage de Tabqa, des combattants des FDS distribuaient bonbons et douceurs pour célébrer la prise de la ville, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Les YPG ont diffusé une vidéo montrant des combattants et des enfants dansant à Tabqa. Sur une autre vidéo, des enfants scandent avec enthousiasme «Le barrage a été libéré!». Située sur le fleuve Euphrate, Tabqa est une importante ligne de défense pour Raqa, «capitale» de facto de l'EI en Syrie.

Depuis le lancement en novembre de leur vaste offensive pour reprendre Raqa, les FDS ont pu, avec le soutien aérien américain, s'emparer de larges zones dans la province du même nom. Elles ont également réussi à couper les principales voies autour de la ville.

Au plus près, les FDS sont désormais positionnées à huit kilomètres de la ville de Raqa, aux mains de l'EI depuis 2014. L'alliance arabo-kurde bénéficie en outre de l'aide de conseillers américains, ainsi que des canons des Marines.

«Battre le fer»

Les FDS sont dominées par les YPG, principal allié des Américains dans la lutte anti-EI en Syrie. Ankara en revanche considère les YPG comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, mouvement séparatiste turc).

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui rencontrera Donald Trump le 16 mai, a appelé Washington à «revenir sans délai» sur sa décision d'armer les YPG.

Jeudi, le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis, après une rencontre à Londres avec le Premier ministre turc Binali Yildirim, s'est dit convaincu «que la Turquie et les Etats-Unis trouveront une solution» à leur différend sur l'armement des Kurdes. «Nous ne fournissons pas d'armes au PKK, nous ne l'avons jamais fait et nous ne le ferons jamais», a-t-il assuré.

Depuis le début de la guerre en Syrie en mars 2011, les forces kurdes ont pris leur distance par rapport au régime et aux rebelles, créant leur administration semi-autonome dans le Nord et le Nord-Est et se posant comme le fer de lance de la lutte anti-EI.

Accord discuté la semaine prochaine

Cette guerre complexe aux multiples acteurs et alliances a fait plus de 320'000 morts et provoqué le déplacement de plus de la moitié de la population syrienne.

Alors que toutes les tentatives de mettre fin au conflit ont échoué jusqu'à présent, la Russie et l'Iran, alliés du régime de Bachar el-Assad, et la Turquie, soutien de la rébellion, ont conclu le 4 mai un accord sur des «zones de désescalade» en Syrie, avec l'objectif de faire cesser les violences. Cet accord, qui suscite des réserves occidentales, doit être en principe discuté la semaine prochaine au Conseil de sécurité de l'ONU.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a indiqué que l'accord avait créé un élan et qu'il «voulait battre le fer tant qu'il est chaud» lors des discussions de Genève (Suisse) prévues du 16 au 19 mai.

Pour Bachar el-Assad, cité par les médias officiels syriens, les cinq précédents rounds de négociations à Genève n'ont jusqu'à présent été qu'«un évènement médiatique», dont l'objectif était de pousser le régime «à faire des concessions».

AFP