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Lula, soupçonné de corruption, divise encore au Brésil

Lula
L'ancien président Lula à son arrivée au tribunal, le 10 mai 2017. © Paulo Whitaker / Reuters
La Rédaction, par AFP

L'ancien président brésilien Lula a été entendu par un juge anticorruption. Il est soupçonné d'avoir reçu un appartement en guise de pot-de-vin d'un groupe de construction.

Coupable ou innocent? Roi de la corruption ou victime d'une machination judiciaire? Le Brésil était plus divisé que jamais vendredi, deux jours après l'interrogatoire fleuve de son emblématique ex-président, Luiz Inacio Lula da Silva.

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L'audience devant le juge anticorruption Sergio Moro, à Curitiba (sud), s'est déroulée à huis clos et l'icône de la gauche brésilienne de 71 ans, qui a dirigé le pays de 2003 à 2010, est venu se défendre d'accusations selon lesquelles il aurait reçu un appartement en triplex dans une station balnéaire en guise de pot-de-vin du groupe de construction OAS.

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A lire : Lula inculpé de corruption passive

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"Je n'ai jamais sollicité et je n'ai jamais reçu le moindre appartement", a assuré l'ancien ouvrier métallurgiste durant l'interrogatoire, selon les images diffusées par la justice brésilienne. "Je considère que ce procès est illégitime et je dénonce une mascarade", a-t-il ajouté.

"Je ne crois pas que la déposition et les images diffusées aient été en elles-mêmes bénéfiques ou nuisibles (à Lula). Elles servent surtout à attiser la polarisation de la société brésilienne", estime le docteur en sciences politiques Nuno Coimbra, chercheur à l'université de Sao Paulo (sud-est).

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Selon lui, il y a "deux narrations qui s'opposent" quant au rôle du cofondateur du Parti des travailleurs (PT, gauche) dans ce scandale de corruption, le plus important de l'histoire du Brésil, révélé par l'enquête "Lavage express" et portant notamment sur les marchés publics truqués du géant pétrolier étatique Petrobras.

En vidéo : L'ex-président brésilien Lula face à un juge anti-corruption

Une "persécution politique", selon ses partisans

Ses partisans estiment ainsi qu'il "existe une persécution politique pour empêcher que Lula soit candidat en 2018" à la présidentielle , au moment même où il est en tête des intentions de vote, résume l'analyste politique.

Ses adversaires affirment au contraire que "les principaux responsables de tout ce réseau de corruption (...) que Lavage express est en train de révéler sont le PT et Lula", car ils étaient au pouvoir ces 13 dernières années, de 2003 à 2016, ajoute-t-il.

Pendant l'interrogatoire, Lula a reconnu avoir visité l'appartement incriminé avec un représentant d'OAS, mais affirmé que ni lui ni son épouse n'ont souhaité l'acheter, notamment à cause de "nombreux défauts" de fabrication.

Il a précisé que sa femme Marisa Leticia, décédée en février, a pu manifester de l'intérêt pour le triplex, s'attirant ainsi de dures critiques de la presse.

Les grands journaux brésiliens ont ainsi commenté que l'ex-président avait tenté de faire porter le chapeau à sa défunte épouse, ironisant sur son argument selon lequel "personne ne savait" qu'il existait un vaste réseau de corruption autour de Petrobras.

Parmi les habitants de Curitiba, certains partageaient aussi ces critiques.

Cinq procédures judiciaires en cours

"Dans les questions que lui a faites le juge, où il aurait dû parler, il a esquivé. Il a été guidé par ses avocats et a rejeté la faute en grande partie sur sa femme décédée, de manière immorale", estime Mauricio Puchalski, un commerçant de la ville.

Au total, Lula est visé par cinq procédures judiciaires et les accusations concernant le triplex ne constituent qu'un seul volet de l'enquête.

Le verdict n'est pas attendu avant plusieurs semaines. S'il est reconnu coupable et la décision confirmée en appel, il encourt une peine de prison et ne pourra pas se présenter à l'élection présidentielle de 2018.

"Si j'ai commis un crime, prouvez-le. Exposez-le à la société et Lula sera puni comme n'importe quel citoyen (...). Mais pour l'amour de Dieu, présentez une preuve!", a lancé l'ancien chef d'Etat, furieux, dans les dernières minutes de son audition.

La défense de Lula assure que le juge Sergio Moro, devenu pour une partie des Brésiliens le héros de la lutte contre la corruption, cache des "intentions politiques", la principale étant d'écarter leur client de la course à la présidentielle.

"Cela n'a pas été un interrogatoire normal, non seulement en raison du caractère politique des questions formulées, mais aussi à cause des diverses déclarations du juge tout au long de l'audience, qui ont montré que clairement, c'est une personne qui juge par avance l'ex-président Lula", a déclaré Cristiano Martin, un de ses avocats.

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