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Politique

Macron président : dans les coulisses de la cérémonie de l'Elysée

Entre dignité et sobriété, la cérémonie d'investiture en disait long sur le quinquennat Macron qui s'ouvre. Choses vues au Palais de l'Elysée, autour de ce jeune Président face aux antiques figures de la République.

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Gérard Collomb, et François Bayrou, au centre, tandis que Brigitte Macron salue les personnalités conviées pour l'investiture du Président de la République.

Gérard Collomb, ému, et François Bayrou, au centre, tandis que Brigitte Macron salue les personnalités conviées pour l'investiture du Président de la République.

 

 

Afp/François Mori

Et soudain, le silence. Un silence profond. Religieux. Il est 11h15 du matin, dans la salle des fêtes du palais de l'Elysée, et l'assistance, d'un coup, se tait. Invités, journalistes, tous sont comme saisis par l'instant. Il va venir. Il va parler. Et dans quelques instants, le nouveau président sera là, présent. Comme un sacre, mais en république.

Donc, la salle attend. Et le temps s'écoule. Lentement. Et rapidement. Tout est suspendu. Les invités, qui sont debout là, à la place assignée par le protocole, souvent depuis près de deux heures, cessent les conciliabules. Ils sont si peu en fait. A peine 300 personnes. Un nombre bien réduit par rapport à d'autres cérémonies d'investiture. La République Macron entend commencer dans la modestie. La passation de pouvoir n'est pas un divertissement.

Nous ne sommes pas en 1981, quand la salle des fêtes étouffait sous le nombre des vainqueurs accompagnant François Mitterrand. Ni en 2007, instauration bling-bling du règne de la Sarkozie. En ce 14 mai 2017, la République est réduite au minimum. L'essence du Parlement, des corps constitués, des grandes autorités de l'Etat et rien d'autre.

Il y a là des politiques, Gérard Collomb, Jacques Mézard, François Patriat ou François Bayrou, qui ont fait Macron président. Les jeunes membres de l'équipe de campagne, déjà chez eux, mais pas encore complètement. Quelques personnalités. Le compagnon du policier tué sur les Champs-Elysées, le compagnon de Jean Moulin, Daniel Cordier, 96 ans, l'écrivain Philippe Besson... Pas de people. Et la famille. Ni plus, ni moins.

Fabius, un brin paternaliste, sort du cadre institutionnel

11h15 toujours. Sur le côté, les journalistes, nombreux à avoir été conviés, sont à leur tour rattrapés par la solennité de l'instant. Les conversations autour des Premier ministrables et ministrables sont reportées à plus tard. Quand on vit un instant d'histoire, l'actualité peut bien patienter un peu.

Orchestre. Musique. Arrivée du président. Discours de Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel. Assez long. Qui déborde de son cadre traditionnel. Avec une leçon qui a tout d'un regret. Citation de Chateaubriand : « Pour être l'homme de son pays, il faut être l'homme de son temps ». Et Fabius de conclure : « Vous êtes l'homme de votre temps ». Drôle de sensation dans la salle. Un peu paternaliste Fabius, qui fut pourtant en son temps le plus jeune Premier ministre de la Ve République, à 37 ans. Mais qui n'a jamais été président. Faut-il voir un regret, une nostalgie, dans cette reconnaissance accordée, via Chateaubriand, à celui qui devient à 39 ans le plus jeune président de la Ve République ?

Et Macron parle. Dans la salle, paradoxalement, il faut tendre l'oreille pour l'entendre. Des mots tombent. Qui prendront sens plus tard. Dans la foulée du discours, le nouveau président fait le tour des invités. Neuf, si neuf face aux figures du vieux monde. Collomb et Patriat, les vieux grognards du macronisme versent une larme. Bayrou affiche une mine un rien goguenarde, qui salue aussi l'homme de son temps adapté au pays d'aujourd'hui. Le spectacle dit ce que les uns et les autres sont à Macron. Et ainsi de suite.

Face aux antiques figures de la République

Une foule de cheveux blancs salue le nouvel élu, jeune, si jeune, au milieu de cette grande galerie des antiques figures de la République, qui paraissent comme revenues d'autres espaces temps. Les mains se tendent. Certains, plus hardis que d'autres, n'hésitent pas à fendre les rangs, quand bien même ils sont à l'arrière, pour s'emparer de la main du souverain.

C'est un métier que de serrer la main du prince en République. Il faut que ça dure pour que cela soit important. Une seconde. Deux secondes. Trois secondes... Plus la poignée de main s'éternise, plus il est possible de planter ses yeux dans ceux du président. Se faire remarquer de lui. Lui glisser un mot pour l'histoire. Capter son attention un instant, donc une éternité...

Signe des temps. Des smartphones sont parfois brandis par certaines des plus hautes personnalités de la République. On se prend en photo avec le héros du jour. On cherche à emprisonner sa seconde de gloire.

Les difficultés commencent

Le tour de la salle s'achève. Les hommages sont rendus. Le président Macron s'en va passer les troupes en revue. C'est déjà fini. Les représentants de la République ont salué leur nouveau président. Les rangs se brisent. Les conversations reprennent. Christophe Castaner, un proche d'Emmanuel Macron glisse quelques confidences aux journalistes. L'actualité reprend ses droits sur l'histoire.

Le président Macron lui, s'en va déjà vers l'Arc de Triomphe. Entrée dans l'histoire accomplie. Enfin les difficultés commencent. Et l'on pense à Plotin : «Sculpte ta propre statue».

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