Finance : comment la place de Paris espère bénéficier de l'arrivée de Macron
Ancien banquier, proche des entreprises, réformiste et européen convaincu, le nouveau président séduit les financiers à l’étranger. Mais pour faire venir les exilés du Brexit, il faudra des mesures concrètes.
Par Guillaume Benoit
C’est une phrase que l’on entend de plus en plus chez les expatriés français de la finance. Notamment à Londres. « Avec la victoire d’Emmanuel Macron, j’envisage sérieusement de retourner à Paris. » Une réflexion qui fait également son chemin chez les patrons de banque. « Le nouveau président jouit d’une image très favorable à l’étranger : il est jeune, il est dynamique, il veut faire bouger les choses et il a de grandes ambitions pour l’Europe », confirme Robin Rivaton, directeur général de Paris Région Entreprises, qui accompagne les groupes étrangers voulant s’installer dans l’Hexagone. « Il donne une image moderne de la France, qui est encore vue, au-delà de nos frontières, comme un peu sclérosée », confie pour sa part un grand acteur de la place de Paris.
Volonté de rapprochement avec l’Allemagne
Autre élément décisif pour le renforcement du rôle de Paris, sa volonté de rapprochement avec l’Allemagne. « Les Anglais misaient beaucoup sur un affaiblissement de l’axe franco-allemand pour pouvoir tourner à leur avantage les négociations avec l’Union européenne sur le Brexit », souligne Robin Rivaton. Les bonnes relations d’Emmanuel Macron avec Angela Merkel, mais aussi avec son concurrent au poste de chancelier Martin Schulz, laissent plutôt penser que Paris et Berlin feront front commun et imposeront une ligne dure face à Londres. « On sent une plus grande préoccupation à la City, note un bon connaisseur du secteur. Cela devrait peser dans la décision des financiers de relocaliser leurs activités européennes. »
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Mais ce n’est pas pour autant que les exilés du Brexit feront de Paris leur premier choix. « Certes, l’image d’Emmanuel Macron peut influer favorablement sur le choix de Paris, avertit Pierre de Lauzun, délégué général de l’Association française des marchés financiers. Mais il sera surtout attendu sur les mesures qu’il compte prendre. Pour l’instant, son programme est assez flou sur les points qui préoccupent, notamment, les acteurs étrangers. »
Mettre fin à l’instabilité législative et réglementaire de la France
La capacité du nouveau président à reformer le droit du travail sera donc déterminante. « La suppression de la taxe sur les transactions financières et la diminution de la taxe sur les salaires sont des priorités pour attirer les financiers », explique Pierre de Lauzun. Surtout, une fois les réformes menées, les pouvoirs publics devront mettre fin à l’instabilité législative et réglementaire de la France, qui est le principal repoussoir pour beaucoup d’entreprises étrangères.