Un subtil et bon connaisseur de l’Europe doit rejoindre l’équipe d’Emmanuel Macron à l’Élysée : Philippe Étienne, 61 ans, nommé au poste de conseiller diplomatique dimanche 14 mai. Affecté à Moscou comme ambassadeur il y a moins d’un mois – mais pas encore officiellement confirmé –, il n’aura donc pas eu le loisir d’y prendre ses marques. En revanche, le premier déplacement officiel à l’étranger du nouveau président, lundi 15 mai, devrait le placer en terrain connu : Berlin, où Philippe Étienne occupe le poste d’ambassadeur depuis août 2014.

Un parcours européen

De multiples étapes européennes ponctuent le parcours de cet ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA) et de l’École normale supérieure (ENS), également titulaire d’une agrégation de mathématiques. De 2009 à 2014, il était « RP » à Bruxelles, autrement dit, le « représentant permanent » de la France auprès de l’Union européenne (UE), ainsi que l’on désigne les ambassadeurs des États membres à Bruxelles.

À l’issue, souvent tardive, de chaque sommet des dirigeants des Vingt-Huit, il se tenait alors immanquablement aux côtés de l’équipe de Nicolas Sarkozy, puis de celle de François Hollande, contre le mur de droite de la salle de presse réservée à la France dans les locaux du Conseil européen. Parfois fatigués après des heures de négociations, le RP et les conseillers écoutaient ainsi le chef de l’État rendre compte aux journalistes tantôt des avancées, tantôt des blocages des discussions.

Témoin de la construction européenne

À l’époque, Philippe Étienne a assisté au spectacle d’une Europe qui tentait de survivre aux déchirements entraînés par la crise de la dette. Des années plus tôt, il l’avait vue se construire : à Bucarest, où il a été ambassadeur à l’époque où la Roumanie se préparait à rejoindre l’UE (de 2002 à 2005), et à Bruxelles encore, où il fut deuxième conseiller au moment de la chute du mur de Berlin, de 1988 à 1991.

Des postes dans les chancelleries françaises à Belgrade, Bonn ou Moscou dans les années 1980 et au début des années 1990, lui donnent un recul historique utile pour mesurer les enjeux qui traversent l’Europe aujourd’hui, mise à l’épreuve par le Brexit et, ici et là, par de nombreux discours hostiles.

Philippe Étienne n’a pas seulement connu les ambassades. Il était directeur de cabinet du ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, de 2007 à 2009, et directeur adjoint de cabinet d’Hervé de Charrette de 1995 à 1995, quand ce dernier était au Quai d’Orsay également.