Paris: Peint, brut, version 1968, marqué à la cire... Le business du pavé parisien
INNOVATION•Deux entreprises se sont lancées dans la vente de pavés parisiens en 2016, pour entretenir les souvenirs de Paris…Camille Anger
L'essentiel
- Une trentenaire parisienne propose des pavés de la capitale peints selon trois motifs
- Un éditeur et un courtier ont lancé la vente de pavés de Paris issus de la place du Trocadéro
L’un mise sur le symbole, l’autre sur l’aspect décoratif. Deux entreprises parisiennes ont acquis des pavés de la capitale en 2016. Pour Margaux Sainte Lagüe, l’aventure a commencé après avoir chuté à cause d’un pavé. Quant à François Rivelois et David d’Equainville, ils ont réussi à récupérer des pavés du Trocadéro en juillet 2016.
« C’est mon pavé parisien »
Les deux entreprises s’approvisionnent auprès de la mairie de Paris. Celle-ci les vend en grande quantité : les 5 tonnes coûtent 40 euros.
Sur les 2.500 pavés que Margaux Sainte Lagüe a acheté, celle-ci met de la couleur sur le granit des rues parisiennes. Cette initiative est née après avoir buté sur un pavé. « Une smart m’est passée devant, je suis tombée de mon scooter et j’ai eu envie d’emporter le pavé avec moi ». L’idée de « posséder un pavé » ne l’a plus quitté. Renseignements pris, la trentenaire en a commandé au centre de maintenance et d’approvisionnement de la mairie de Paris.
Responsable d’un bar à chat, elle a installé son atelier au sous-sol de cet établissement, dans le 11e arrondissement de Paris. Trois modèles de collection sont mis en vente. Le « classique » comprend l’inscription peinte à la main « mon pavé parisien » et coûte 60 euros. Sur le « pavé mai 1968 » est écrit « sous les pavés » et la créatrice a ajouté… du sable (80 euros). Un autre, doré à la feuille d’or véritable, comporte 22,5 carats et coûte 150 euros.
aUne part significative de la clientèle de Margaux Sainte Lagüe vient des Etats-Unis. Mais des couples craquent pour cette pierre particulière. « Ils viennent à Paris pour une lune de miel et repartent avec ce pavé en souvenir », déclare-t-elle. Un pavé de deux kilos pour décorer son intérieur. Et se dire : « C’est mon pavé parisien ! »
« Les droits de l’homme sont à vendre »
François Rivelois et David d’Equainville, courtier et éditeur, se sont alliés à un imprimeur pour vendre des pavés du Trocadéro. « Nous avions réservé, auprès de la plateforme de recyclage, un lot de pavés qui devait être remplacé à la suite des travaux sur la place », explique David d’Equainville. L’édition de leur pavé est donc limitée.
Leur stock compte encore 1.900 pavés. Au Trocadéro, les Nations Unis ont adopté en 1948 la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ce texte est vendu avec la pierre, en édition bilingue. Le tout est placé dans une caisse en bois gravée. Et le pavé est marqué à la cire par un sceau.
Une pierre vue par l’éditeur comme un « signe de vie en société » qui comporte toute une symbolique contradictoire. Le pavé sert aussi « à dresser des barricades ». Mais, « celui de la place du Trocadéro a du sens pour défendre la liberté, poursuit David d’Equainville. Une liberté qui à un prix, avec des pavés vendus 50 euros.
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