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Gaspillage alimentaire : les eurodéputés veulent des actes

¤ Le Parlement appelle à diviser par deux le gaspillage d'ici à 2030. ¤ Les eurodéputés réclament un vrai plan et des incitations fiscales pour les dons de nourriture.

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Par Derek Perrotte

Publié le 17 mai 2017 à 01:01

Les chiffres, issus d'estimations de la Cour des comptes européenne, résument l'ampleur du problème mais aussi l'importance des marges de progrès : le gaspillage alimentaire au sein de l'Union européenne avoisinerait chaque année 88 millions de tonnes, soit 173 kilos par personne. Cela représente 20 % de la production. Et cela ne peut surtout plus durer, selon le Parlement européen. Mardi, il a adopté en séance plénière un rapport de la socialiste croate Biljana Borzan appelant à réduire ce gaspillage de 30 % d'ici à 2025 et de 50 % à l'horizon 2030.

Ces objectifs élevés visent à mettre la pression sur la Commission européenne et sur les Etats membres, alors que ce volet du dossier est un des angles morts du vaste « paquet déchets » en cours de discussion à Bruxelles, sur fond de promotion de l'économie circulaire. Ce signal d'alarme fait écho à celui tiré, en janvier, par un rapport de la Cour des comptes européenne, qui exhortait lui aussi l'exécutif européen à s'emparer du sujet. Les enjeux sont économiques, environnementaux mais aussi éthiques, alors qu'Eurostat estime qu'un Européen sur dix peine à se nourrir quotidiennement à sa faim. « Cette situation est intolérable », résume la rapporteure.

Si des pertes interviennent à toutes les étapes de la chaîne, c'est bien sur son dernier maillon que doivent porter les efforts en priorité : les consommateurs seraient à l'origine de 53 % du gaspillage (chiffres 2010). « Il faut améliorer la sensibilisation et l'information des consommateurs », insiste la députée PPE française Angélique Delahaye, très impliquée sur ce dossier. Le rapport invite notamment à sensibiliser les citoyens sur les mentions « à consommer de préférence avant le » et « à consommer jusqu'au », mal comprises, et sur le caractère consommable des denrées après la date de durabilité minimale.

Recenser les bonnes pratiques

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Pour aider aussi les producteurs et les distributeurs, les députés européens préconisent de faciliter les dons alimentaires, en révisant la directive TVA afin de leur accorder des exonérations fiscales, comme ont commencé à le faire certains pays comme la France. « Il faut aussi mieux soutenir localement les associations, qui n'ont pas les moyens de stocker les dons, en particulier les produits frais », insiste Angélique Delahaye. Une piste avancée serait de permettre au Fonds européen d'aide aux plus démunis de financer les coûts de collecte, de transport, de stockage et de distribution des dons alimentaires.

Plus globalement, le rapport, comme la Cour des comptes avant lui, exhorte à l'harmonisation des réglementations en Europe et à l'élaboration d'une véritable stratégie commune, qui fait aujourd'hui défaut. On en est loin, l'exécutif européen optant à ce stade pour une posture attentiste. Il s'est contenté de publier un projet de lignes directrices sur les dons alimentaires et de mettre en place une plate-forme intracommunautaire pour échanger et recenser les bonnes pratiques.

Bureau de Bruxelles Derek Perrotte

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