Une BD dénonce « la charge mentale qui pèse sur le quotidien des femmes »

Dans une BD mise en ligne il y a quelques jours, la dessinatrice Emma montre que quand il s'agit de gérer les tâches domestiques, les hommes se reposent un peu trop sur leurs compagnes...


Par Pauline Mareix

Publié le 17 mai 2017 à 08h00

Vider le lave-vaisselle, lancer une lessive (et l’étendre !), préparer les repas pour la semaine... Si les tâches domestiques sont de mieux en mieux partagées au sein du couple, quand il est question d’anticiper et de veiller au bon fonctionnement du foyer, c’est souvent sur les femmes que ça retombe. Le partenaire, lui, est tout à fait disposer à aider... si on lui demande ! « Le retour de la bonne vieille rengaine féministe », diront certains. Pas du tout. Le fait de penser à tout, du matin et soir et parfois du soir au matin a un nom, cela s’appelle la charge mentale.

Un travail intangible, mais épuisant

La femme, cette cheffe de PME. Fallait demander !, la BD de la dessinatrice Emma, a été partagée plus de 200.000 fois sur Facebook en une semaine. On y voit un couple installé dans son canapé : pendant que lui profite de son film, elle pense au rappel de vaccin du petit dernier, à ce qu’il faut ajouter à la liste de courses, au pique-nique à ne pas oublier pour la sortie scolaire, à l’inscription au centre de loisirs... On y voit une jeune mère demander à son conjoint de sortir le biberon quand le lave-vaisselle aura fini de tourner, et qui découvre, au premier réveil nocturne venu, le lave-vaisselle ouvert, le biberon dessus... et tout le reste à vider. « Quand le partenaire attend de sa compagne qu’elle lui demande de faire les choses, c’est qu’il la voit comme la responsable en titre du travail domestique. C’est donc à elle de savoir ce qu’il faut faire, et quand il faut le faire », écrit Emma. Un travail intangible mais permanent et épuisant.


À lire les commentaires, ces dessins ont été libérateurs pour beaucoup de lectrices : « Merci d’avoir mis des mots sur ma détresse », commente l’une. « Pierre, merci de lire, s’il te plaît », écrit une autre, en mentionnant son compagnon. Certaines lavent carrément leur linge sale (au figuré, cette fois) en public : « Monsieur n’est préoccupé que de ses chemises dont il exige que VOUS les repassiez comme ceci et les disposiez sur des cintres comme cela parce que c’est comme ça que sa mère faisait ! » 

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À qui la faute ? À la société telle qu’elle nous a éduqués, au poids des habitudes, selon la dessinatrice (et peut-être aussi, à une forme de contrôle féminin). « Nous ne naissons pas avec une passion dévorante pour le rangement de table, de même que les garçons ne naissent pas avec un désintérêt total pour les choses qui traînent », concède Emma, tout en nuances.

Toujours est-il que, très tôt, on met des poupées et des aspirateurs dans les mains des petites filles, et pas dans celles des garçons. Et l’univers artistique n’est pas en reste. Emma l’illustre par une femme cantonnée au rôle de mère au foyer, saluant, sur le pas de la porte, tenant sa progéniture par la main, son bien-aimé qui s’apprête à aller sauver le monde.

Qu’est-ce qui oblige les femmes à tenir la baraque ? Rien. Mais arrêter, c’est pénaliser toute la famille, selon la dessinatrice, qui emboîte le pas aux hommes qui ne se reconnaîtront pas dans tout ceci (« Hé bin je vais vous dire, tant mieux ! Mais confirmez quand même avec votre partenaire »). Reste que statistiquement, les femmes consacrent 2,5 fois plus de temps aux tâches ménagères que les hommes.

Pauline Mareix

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