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Législatives : 37 % des députés renoncent à se représenter

L’application du non-cumul des mandats et les bouleversements politiques conduisent à renouveler au moins 216 circonscriptions sur 577.

Par  et

Publié le 17 mai 2017 à 07h21, modifié le 23 mai 2017 à 10h18

Temps de Lecture 4 min.

Difficile de prédire qui composera la prochaine Assemblée nationale, mais une chose est certaine, il y aura nombre de nouvelles têtes lors de la rentrée parlementaire. Plus d’un député sur trois ne sera pas candidat lors des élections législatives des 11 et 18 juin. Selon notre décompte, seuls 361 députés ont choisi d’être candidats à leur propre succession – alors qu’ils étaient 472 en 2012. Cela signifie que 216 circonscriptions seront renouvelées, sans même connaître l’issue du scrutin.

Plus de 37 % des députés ne se représentent pas aux législatives

Décompte réalisé au 22 mai 2017 à partir des déclarations des candidats et des articles de presse.

De nouvelles figures dans l’hémicycle

Parmi les députés qui ne repartent pas en campagne, on retrouve de grandes figures de gauche, comme Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale et député depuis 1981, les anciens ministres Bruno Le Roux, Marylise Lebranchu ou Alain Vidalies, de droite (Bernard Accoyer, Patrick Devedjian, Jean-François Copé) ou d’extrême droite (Marion Maréchal-Le Pen).

Certains atteignent l’âge de la retraite ou évoquent un besoin de « renouvellement », alors que d’autres privilégient leur ancrage local de maire, président de département ou de région, désormais incompatible avec la fonction de députés, en application de la loi sur le non-cumul des mandats.

Ce taux de renouvellement est particulièrement élevé. Même si tous les députés sortants étaient réélus (ce qui est hautement improbable), au moins 216 nouveaux venus feraient leur entrée à l’Assemblée. Pour mémoire, ils n’étaient que 143 nouveaux entrants sur 577 circonscriptions en 2007 et 234 en 2012.

Les députés nouvellement élus à chaque législature

Sources : Cevipof, LeMonde.fr

Droite et gauche également concernées

Après une élection présidentielle où ni la gauche au pouvoir ni la droite classique n’ont été qualifiées au second tour, la recomposition et le renouvellement du paysage politique pourraient se poursuivre à l’Assemblée nationale : on compte la même proportion de députés (un tiers) qui renoncent à un nouveau mandat dans le groupe socialiste et parmi Les Républicains. A noter toutefois que plusieurs sortants se représentent, mais ne siégeront pas dans le même parti, puisqu’ils ont été investis par La République en marche, le parti du président Emmanuel Macron.

Ils sont même plus nombreux à jeter l’éponge parmi la gauche démocrate et républicaine (Parti de gauche, Parti communiste français, etc.) et les non-inscrits. En revanche, 75 % des centristes ont choisi de rempiler pour un nouveau mandat.

Une même proportion de députés LR que de députés PS ne se représentent pas en 2017

Nombre de députés élus en 2012, selon leur choix en 2017.
Source : Le Monde

Moins d’abandon chez les femmes

Alors que l’Assemblée nationale est encore loin d’être paritaire (26,8 % de femmes seulement parmi les députés), davantage de femmes se représentent, avec un renouvellement moindre dans des circonscriptions où des femmes sont élues. Peut-être un effet des investitures réalisées par les partis, qui doivent respecter les lois sur la parité… mais aussi une question de génération, puisque les femmes élues sont plus jeunes que les confrères (56 ans en moyenne contre plus de 59 ans).

Les députées sont plus nombreuses à briguer un nouveau mandat que leurs collègues masculins

Proportion d'hommes et de femmes à l'Assemblée nationale (à gauche) et parmi les députés qui se représentent en 2017.
Source : Le Monde

Des interruptions de carrière inattendues

Une cinquantaine de députés élus pour la première fois en 2012 choisissent de renoncer aux ors du Palais Bourbon après un seul mandat.

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Parmi eux, cinq trentenaires, plus jeunes que le nouveau président Emmanuel Macron, et venus de tous horizons : la benjamine Marion Maréchal-Le Pen (FN, Vaucluse), Laurent Marcangeli (LR, Corse-du-Sud), Laurent Grandguillaume (PS, Côte-d’Or), Sébastien Pietrasanta (PS, Hauts-de-Seine) et Nicolas Bays (PS, Pas-de-Calais). Ils évoquent des raisons personnelles ou une expérience décevante de la politique nationale.

D’autres privilégient leurs mandats locaux, comme la maire de Rennes Nathalie Appéré (PS, Ille-et-Vilaine) ou la présidente de région Occitanie Carole Delga (PS, Haute-Garonne).

La retraite à 81 ans…

Les trentenaires ou quadragénaires qui se contentent d’un seul mandat restent toutefois l’exception. Assez logiquement, l’Assemblée connaît un renouvellement naturel lié à l’âge des députés sortants : ceux qui ne se représentent pas ont 63 ans en moyenne – soit davantage que l’âge légal de la retraite en France – alors que ceux qui rempilent ont 56 ans en moyenne.

Le doyen de l’Assemblée nationale, François Scellier (radical), 81 ans, passe la main dans sa circonscription du Val-d’Oise. Son dauphin, le Martiniquais Alfred Marie-Jeanne (indépendantiste), 80 ans, renonce aussi à se représenter, mais reste pour l’instant président du conseil exécutif de Martinique.

70 % des députés qui ne se représentent pas sont âgés de plus de 60 ans

Nombre de député-e-s selon leur âge et leur choix pour la prochaine législature
Source : Le Monde

… ou après neuf mandats

Une poignée de députés avaient fait leur entrée à l’Assemblée il y a près de quarante ans, en 1978. L’élu communiste du Nord Alain Bocquet (PCF, Nord), 71 ans, quitte le palais Bourbon après neuf mandats consécutifs, mais ne prend pas sa retraite pour autant, puisqu’il reste maire de Saint-Amand-les-Eaux. Jacqueline Fraysse (GRD, Hauts-de-Seine) et Jean-François Mancel (LR, Oise) tirent leur révérence. Parmi ces vétérans, le socialiste Gérard Bapt est le seul à solliciter un nouveau mandat, en Haute-Garonne.

Dans la génération de 1981, ils sont quatre à prendre leur retraite : trois socialistes, François Loncle (Eure), Alain Rodet (Haute-Vienne) et Claude Bartolone (Seine-Saint-Denis), et le candidat malheureux des Républicains à la présidentielle, François Fillon (Paris). Deux autres quittent l’Assemblée pour privilégier leur mandat local : François Asensi (apparenté communiste, Seine-Saint-Denis) reste maire à Tremblay-en-France et Laurent Cathala (PS, Val-de-Marne) à Créteil.

Des successions dans la continuité

Il n’est pas toujours facile pour les députés de mettre fin brutalement à leurs fonctions après plusieurs mandats. Pour assurer une transition en douceur, certains ont trouvé une manière de garder un pied dans leur circonscription, en devenant suppléant du nouveau candidat. L’écologiste Noël Mamère (Gironde), le centriste André Santini (Hauts-de-Seine), les socialistes Marc Goua (Maine-et-Loire) et Kléber Mesquida (Hérault), les communistes Alain Bocquet et Gaby Charroux (Bouches-du-Rhône) ou les Républicains Alain Marleix (Cantal), Denis Jacquat (Moselle) et Jacques Lamblin (Meurthe-et-Moselle) peuvent ainsi participer à une dernière campagne législative.

Deux députés ont même organisé une continuité quasi dynastique pour leur circonscription : Jean-François Mancel (LR, Oise), dont le premier mandat date de 1978, laisse la place à son fils Alexis, alors que Marie-Line Reynaud a laissé l’investiture PS à sa fille Marianne dans sa circonscription de Charente. Dans le Rhône, Christophe Guilloteau (LR) a choisi, pour pour conserver la présidence du département, de confier sa circonscription à sa femme, Sophie Cruz.

[Edit : cet article est mis à jour en fonction des déclarations des députés sortants, vous pouvez signaler des erreurs ou oublis dans les commentaires.]

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