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Jean-Michel Blanquer, une «tête chercheuse» à l’Education nationale

+ VIDEO. L’atout majeur de cette personnalité de la société civile est sa connaissance fine des rouages du ministère de l’Education nationale. De quoi mettre en œuvre sans tarder le « chantier prioritaire » du nouveau chef de l’Etat.

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 17 mai 2017 à 15:34

Il connaît par coeur les dossiers, les syndicats et les rouages du ministère de l’Education nationale. A 52 ans, Jean-Michel Blanquer devient le nouveau ministre de l’Education nationale. Celui qui était jusqu’ici à la tête de l’Essec - l’une des plus prestigieuses écoles françaises de management -, qui a été deux fois recteur (en Guyane et à Créteil) avant d’être numéro deux du ministère de l’Education nationale durant le quinquennat Sarkozy n’avait rien caché de... son programme pour l’Education nationale.

Un programme prêt depuis octobre 2016

Dans un livre paru en octobre 2016 (1), Jean-Michel Blanquer dévoilait ses « propositions pour une Education nationale rénovée ». Des idées qu’on retrouve dans le programme d’Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat veut des classes dédoublées de CP et de CE1 en éducation prioritaire, avec « des méthodes plus innovantes » et « un vrai projet pédagogique » ? Jean-Michel Blanquer assure que « la réduction de la taille des classes ne doit pas être envisagée comme une fin en soi ». Il faut « une restructuration pédagogique avec des méthodes qui fonctionnent », confiait-il aux en janvier dernier.

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Emmanuel Macron veut créer « une discrimination positive territoriale », en créant des postes d’enseignants uniquement pour les CP et les CE1 des zones en difficulté ? « Si un effort budgétaire peut être fait, c’est là qu’il doit l’être », écrivait encore Jean-Michel Blanquer (1). En privé, celui que les syndicats classent volontiers à droite sur l’échiquier politique, glissait que la création des 60.000 postes du quinquennat Hollande était « une folie budgétaire ». Emmanuel Macron veut conserver l’esprit de la réforme du collège, pousser l’autonomie tout en rétablissant les classes bilangues telles qu’elles existaient avant la réforme ? En pleine contestation de la réforme de l’ex-ministre Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Michel Blanquer s’était aussi dit favorable à l’autonomie des établissements, tout en s’opposant aux mesures prises sur les classes bilangues. Dans le programme pour l’éducation du nouveau chef de l’Etat, on trouve aussi la volonté de généraliser la « Mallette des parents » pour renforcer leur place dans l’école. Un dispositif que... Jean-Michel Blanquer avait mis en place quand il était au ministère, pour que les familles « comprennent, partagent et relaient les objectifs de l’établissements et ses attentes vis-à-vis des élèves ».

On pourrait multiplier les exemples, sur les « bilans personnalisés » pour les élèves ou sur la refonte de la formation des enseignants : Emmanuel Macron s’est en quelque sorte approprié les idées de Jean-Michel Blanquer. Le nouveau chef de l’Etat ne s’est toutefois pas avancé sur certains points très sensibles, comme l’évaluation des enseignants par le chef d’établissement « corrélée aux résultats de leurs élèves »,« l’annualisation du temps de travail » ou la reconnaissance du mérite des enseignants qui se traduirait par « une part de rémunération variable, fondée sur l’atteinte d’objectifs individuels et collectifs » que Jean-Michel Blanquer appelle de ses vœux dans « L’école de demain ».

EN VIDEO. En 2015, alors directeur général du groupe Essec, Jean-Michel Blanquer était l'invité de l'économie de Radio Classique

Un terrain miné

Emmanuel Macron nomme un ministre qu’il sait opérationnel dès sa prise de fonctions, notamment pour prendre les premières mesures sur lesquelles il s’est engagé dès cet été, à commencer par le dédoublement des classes de CP des écoles les plus défavorisées, celles des réseaux d’éducation prioritaire renforcés (REP+). Pour y parvenir, le nouveau chef de l'Etat compte « redéployer » les 5.120 postes créés sous le quinquennat Hollande au titre du « plus de maîtres que de classes ». Jean-Michel Blanquer sait que la tâche ne sera pas facile : plusieurs syndicats d’enseignants, ainsi que la FCPE - la principale fédération de parents d’élèves - ont déjà fait part de leur vive opposition à la suppression du dispositif « plus de maîtres que de classes ». Un « outil largement discutable sur le plan scientifique », indiquait Jean-Michel Blanquer aux « Echos » en janvier, citant les travaux du chercheur Bruno Suchaut...

« Un côté du cerveau à droite, un côté à gauche »

Les syndicats seront sur leurs gardes. Ils associent Jean-Michel Blanquer aux polémiques sur le non-remplacement des enseignants partant à la retraite. Ils rappellent aussi l’affaire de la cagnotte d’octobre 2009 : abondée par le Haut commissariat à la Jeunesse, pour inciter les élèves de lycées professionnels à assister aux cours et lutter contre l’absentéisme. Ils citent surtout la question des évaluations en maternelle, qui avait provoqué un tollé en octobre 2011. A Christian Chevalier, qui l’a connu lorsqu’il était secrétaire général du syndicat d’enseignants SE-UNSA, l’homme a aussi laissé le souvenir de quelqu’un qui « n’est pas fermé » et est « capable d’entendre des arguments, même s’il faut combattre pied à pied ». En tant que recteur de Créteil, « il a forcé les choses et tenté des expérimentations sur l’éducation prioritaire », poursuit le syndicaliste. « Ce n’était pas un recteur plan-plan, mais une tête chercheuse, quelqu’un qui essaie de trouver les voies et les moyens d’innover », complète-t-il. En le jugeant « Macron compatible car il n’est pas dogmatique, mais progressiste, avec un côté du cerveau qui penche à droite et un côté, à gauche ». En Guyane, il a laissé le souvenir d’un recteur qui a pris à bras le corps les difficultés et qui allait à la rencontre des enseignants les plus isolés. A un point tel que cela a failli lui coûter la vie, lors d’un accident de pirogue sur le fleuve Maroni. « Un militant de la cause scolaire », concluent volontiers certains observateurs du monde éducatif.

(1) « L’Ecole de demain », Odile Jacob.

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Marie-Christine Corbier

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