Où va déménager Total, installé depuis plus de trente ans à la Défense dans les tours Michelet et Coupole? Avant de prendre sa décision cet été, le groupe pétrolier consultera entre mercredi et le 7 juin les 6 500 salariés de son QG sur les trois options envisagées. Trois immeubles qui ont en commun d’être à l’état de projet avec une livraison prévue à l’horizon 2021.

Deux de ces adresses ne sont pas une grosse surprise. Les tours Sisters à la Défense, qui culmineraient à 200 m, constituent un projet à 630 millions d’euros sur lequel le promoteur Unibail communique depuis l’automne 2015. Quant au campus de sept immeubles tout en bois à Nanterre développé par Woodeum, il a fait l’objet d’une présentation il y a une dizaine de jours (lire nos éditions du 4 mai).

En revanche, la troisième option concerne un projet inconnu jusqu’alors: une tour à la Défense (Puteaux) baptisée The Link, développée par l’assureur Groupama. Un gratte-ciel de 52 étages fait pour battre tous les records. «En culminant à 244 mètres, ce sera la plus haute tour de France, souligne Éric Donnet, directeur général de Groupama Immobilier. Elle pourra accueillir jusqu’à 10.000 personnes.» Elle reléguerait au second rang la tour First (231 mètres), également à la Défense, et au troisième la tour Montparnasse (210 mètres) à Paris.

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Décision cet été

Sa capacité (120 .000 m²) impressionne aussi: la tour Saint-Gobain en cours de construction dans le quartier d’affaires ne développe que 45.000 m². Et la dernière grande tour inaugurée à la Défense, D2, ne fait pas plus de 50.000 m². Avec cette taille XXL, The Link, conçue par l’architecte Philippe Chiambaretta, sera une ville dans la ville, avec sept points de restauration, un rooftop ouvert aux salariés, des balcons et des jardins à tous les étages, 6 000 m² de façade photovoltaïque…

Par ailleurs, les plateaux seront plus larges (3 000 m², contre 1 800 m² habituellement) avec des duplex reliant deux étages, comme dans les appartements tendance. Et, pour faire communiquer les deux ailes de cette tour, il y aura trente plateformes pensées comme des places du village.

Reste que The Link n’est pas encore certaine de sortir de terre. Si ce projet n’est pas retenu pour accueillir le siège de Total, il faudra forcément patienter un peu. «Nous ne pourrons pas lancer cette tour en blanc, sans locataire, reconnaît Éric Donnet. Il faudra trouver au moins une partie de ses occupants avant de la réaliser.» C’est qu’il s’agit d’un projet à plusieurs centaines de millions.

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Autre difficulté: les délais. Groupama est propriétaire du terrain sur lequel il compte ériger ce gratte-ciel. Mais sur les lieux se trouve un immeuble de sept étages où travaillent 1 700 salariés de l’assureur. Ce bâtiment ne pourra pas être détruit avant le printemps 2018, date à laquelle ces collaborateurs doivent déménager pour aller à Nanterre.

Groupama est aussi dans l’obligation d’obtenir plusieurs autorisations (permis de démolir, permis de construire…). Le groupe envisage un dépôt du permis de construire d’ici à la fin de l’année. Et son obtention six mois plus tard. Il devra aussi acheter à l’Epadesa, l’aménageur de la Défense, les volumes lui permettant de construire à une telle hauteur. «Le travail est amorcé sur ces différents sujets», affirme-t-on à l’Epadesa.

L’assureur doit aussi espérer que son permis de construire ne sera pas attaqué devant la justice. «Nous avons de bons rapports avec les propriétaires de nos voisins, les tours Coface et Allianz», temporise Éric Donnet. Dernière étape dans ce marathon: la construction, qui devrait durer trente-deux mois. Un rétroplanning dont la première échéance sera le choix, cet été, de Total sur l’implantation de son QG.