LGBTphobieLa France est passée de la 23e à la 5e place pour les droits LGBT en Europe

Par Aurore Gayte le 18/05/2017
droits LGBT en Europe,ILGA

L'ILGA, une association internationale indexant les droits et libertés des personnes LGBT dans tous les pays du monde, a sorti mercredi 17 mai son classement pour l'année 2017. Et la France est bonne élève.

En 2012, la France était classée 23ème. Entre 2016 et 2017, la France est passée de la 9ème à la 5ème place pour les droits LGBT en Europe, derrière Malte (1er), la Norvège, le Royaume-Uni et la Belgique. Une amélioration impressionnante, achevée en quelques années seulement. Dans son rapport annuel, l'ILGA, l'association international des lesbiennes, gay, bisexuels, transsexuels et intersexuels, explique que ce changement est en grande partie dû à l'adoption de la loi sur le mariage pour tous en 2013, mais pas seulement.
La partie française du rapport, longue de 5 pages, explique en détails les avancées faites pendant le quinquennat de François Hollande, mais pointent aussi du doigt les manquements et les promesses non tenues du président. Pour ce qui est des victoires, la liste est agréablement longue : la première est l'annonce par François Hollande en 2016 de l'extension du champs d'action de la DILCRAH (délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme) à la haine anti-LGBT ainsi qu'une augmentation de budget. Le rapport cite aussi, entre autres, la condamnation de Christine Boutin à payer 5.000 € d'amende pour avoir déclaré que "l'homosexualité est une abomination" en 2014, les progrès apportés par la loi Justice au XXIème siècle pour les transsexuels, qui n'ont plus à être stérilisés pour demander leur changement d'état civil, ainsi que la levée de l'interdiction de don du sang pour les hommes homosexuels, mais qui reste tout de même soumis à une période d'abstinence de 12 mois.
Quant aux reproches adressés à la France, l'inventaire s'allonge là aussi. Le rapport critique notamment la décision de justice de ne pas considérer le terme "PD" comme homophobe, les nombreux débordements homophobes de certaines émissions télévisées sur C8, la condamnation d'une militante LBGT à payer 8000 € d'amende à La Manif pour tous pour les avoir qualifié "d'homophobes", l'interdiction par la Cours d'appel d'Orléans de la mention "sexe neutre" sur l'état civil d'une personne intersexe, et une augmentation inquiétante de l'homophobie sur internet.
La France est passée de la 23e à la 5e place pour les droits LGBT en Europe

"On partait de très loin !"

"Cela faisait une dizaine d'années qu'on attendait des réformes importantes, et on les a eues !", nous dit Joël Deumier, président de l'association SOS Homophobie, "on partait de très loin ! Ça montre vraiment qu'il y a eu une vraie institutionnalisation de la question LGBT en France. Mais cela ne signifie pas qu'il n'y a plus de combats à mener. Nous attendons un engagement fort de la part du quinquennat Macron, surtout pour rendre la PMA accessible à toutes les femmes, mais aussi sur la reconnaissance de toutes les familles homoparentales, et l'arrêt de l'assignation sexuelle par les médecins aux enfants intersexes."
Yohann Roszéwitch, chargé des questions LGBT à la DILCRAH, se réjouit lui aussi d'un tel classement de la France. "On voit que tous les efforts faits depuis le début du quinquennat paient. Nous avons pu accomplir des politiques fortes avec François Hollande, notamment en 2016, où les actions en faveurs des LGBT se sont vraiment accentuées." Mais pas question de s'arrêter là : après avoir commencé en janvier à former les fonctionnaires à la lutte contre l'homophobie, et lancé un appel à projet pour les associations LGBT, la DILCRAH veut soutenir l'ouverture d'un fond d'archives nationales sur les thématiques LGBT. "Nous avons très bien travaillé avec Laurence Rossignol, on espère pouvoir en faire autant cette année sur les LGBTphobies et les discriminations, notamment sur l'ouverture de la PMA à toutes les femmes."
 
Couverture : Marche des fiertés de Montpellier - crédit photo Julien Vidal/Facebook 
 

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