A la Maison Blanche, les conseillers de Trump ont le blues

Le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer (d) lors de la rencontre du président Donald TRump avec son homologue colombien Juan Manuel Santos à Washington, le 18 mai 2017

© Brendan Smialowski

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Par AFP

Fin janvier, des jeunes recrues entraient à la Maison Blanche pleines d'enthousiasme et de fierté à l'idée de servir leur pays dans la nouvelle administration du président Donald Trump.

Quatre mois plus tard, leur mission, censée être une expérience extraordinaire dont ils se vanteront un jour auprès de leurs petits-enfants, commence à ressembler davantage à un énorme boulet qu'ils traînent autour du cou.

En s'envolant vendredi pour son premier voyage à l'étranger, Donald Trump laisse derrière lui une Maison Blanche assiégée et des jeunes conseillers de plus en plus démoralisés.

Mercredi soir, dans les petits bureaux communs très à l'étroit de la célèbre "West Wing", la nomination d'un procureur spécial pour enquêter sur les liens entre le cercle rapproché de Donald Trump et la Russie est tombée comme un coup de tonnerre.

Sur une télévision accrochée au mur, les commentateurs des chaînes d'information lâchaient les mots de "collusion", "grand jury", "destitution", encaissés comme des coups de poing par des assistants du président muets et stupéfaits.

Les employés du service de communication allaient et venaient de leurs bureaux en salles de réunion pour tenter de trouver une façon positive de présenter cette nomination qui pourrait bien rester comme une tâche indélébile sur la présidence de Donald Trump.

Pendant des mois, ces employés de l'administration Trump ont vécu l'épuisement, les déchirements, les coups bas et l'atmosphère de crise perpétuelle de la Maison Blanche.

Ce dernier développement - point d'orgue d'une semaine de tumultes d'une intensité que la Maison Blanche a rarement connu - s'est joué sous les regards du monde entier.

Dans les couloirs, un photographe tentait de capturer par quelques clichés ces moments d'histoire, si pénibles pour le personnel, avant de se faire écarter.

'Comment vas-tu?'

Les talents de meneur d'hommes de Donald Trump, vantés par certains, ne se sont pas exprimés à la Maison Blanche, où les coups en douce et les rumeurs quotidiennes de limogeage sont devenus la norme.

En privé, les employés se plaignent de l'incompétence de l'administration et du sous-effectif. Les conseillers les plus juniors se demandent souvent s'ils vont pouvoir retourner à leur travail le lendemain, parfois avec le désir inavouable d'être enfin délivrés.

Certains s'amusent de ce que l'innocente question "comment vas-tu?" est devenue une question existentielle, alors que tout le monde chuchote les dernières rumeurs de départ.

D'autres disent qu'ils cherchent une porte de sortie ou qu'ils songent à prendre un avocat.

Les républicains qui se sont vus demander s'ils étaient intéressés par un poste à la présidence se tiennent prudemment à distance.

Pour le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, ce désastre vire à l'humiliation publique. Tourné en ridicule par les humoristes, moqué par les correspondants de la Maison Blanche et presque rituellement contredit par le président, Sean Spicer a également dû supporter d'entendre ses collègues dire aux journalistes qu'il sera bientôt limogé.

Présentée comme une possible remplaçante, Kimberly Guilfoyle, une ancienne avocate, mannequin et actuellement présentatrice sur la chaîne Fox News, a même ouvertement déclaré à un journal local être en pourparlers avec la Maison Blanche pour reprendre le poste de porte-parole.

"Je pense avoir une très bonne relation avec le président", a confié Kimberly Guilfoyle au journal Mercury News. "J'aime les relations simples, directes et authentiques, fondées sur la confiance et l'intégrité, et je pense que c'est essentiel pour réussir à ce poste."

Sean Spicer était vendredi à bord d'Air Force One avec les autres conseillers du premier cercle - Jared Kushner, Ivanka Trump et Steve Bannon - pour un premier déplacement présidentiel à l'étranger que certains comparent à un champ de mines - en Arabie saoudite, en Israël, dans les Territoires palestiniens, au Vatican, à Bruxelles et en Sicile.

Pour ceux de l'équipe Trump qui restent à Washington, la semaine prochaine offrira peut-être un répit.

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