Paris : ce quartier Chapelle-Pajol où les femmes ont peur

    Après nos révélations sur un îlot au cœur de la capitale où les habitantes craignent de sortir seules, les autorités ont annoncé vendredi une série de mesures de sécurité.

      «Les femmes, espèce en voie de disparition au cœur de Paris.» Volontairement provocateur, l'intitulé de la pétition en ligne lancée hier par deux associations du quartier populaire la Chapelle-Pajol, dans le nord-est de la capitale, fait réagir bien au-delà du périphérique. Les habitantes de la place de la Chapelle et des rues adjacentes y décrivent un secteur «abandonné aux seuls hommes» où certaines femmes «se terrent chez elles» pour éviter le harcèlement, «les insultes, les vols à la tire, l'alcoolisme de rue, les crachats».

      A LIRE AUSSI. La réponse de la maire de Paris, Anne Hidalgo

      Adressé notamment au nouveau président, Emmanuel Macron, le court texte, dont nous révélions l'existence hier, a été signé par quelque 4 000 personnes en moins de douze heures. Et a entraîné une réaction conjointe de la mairie et de la préfecture de police de Paris, qui expliquent avoir identifié le problème «depuis plusieurs semaines» et se disent «déterminées à agir» pour «permettre au plus vite un retour à la normale».

      A LIRE AUSSI. Des femmes victimes de harcèlement dans les rues du quartier Chapelle-Pajol

      Un plan contre le harcèlement de rue

      Lors d'un rassemblement organisé hier après-midi et auquel s'est invitée la présidente (LR) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (lire ci-dessous), les habitantes du quartier ont expliqué comment un « climat oppressant » s'est installé ces dernières semaines en raison d'une « surpopulation masculine » liée à la vente à la sauvette, au trafic de cigarettes et de drogue, aux groupes qui « tiennent les murs en attendant qu'on leur propose un boulot au black », aux « pauvres migrants qui vivent dans la rue »...

      «Dès 16 heures, des dizaines d'hommes de 15 à 22 ans squattent mon hall d'immeuble pour dealer et je dois baisser les yeux : c'est devenu invivable», confie Laurence, mère d'une petite de 8 ans. «Ma fille de 17 ans est continuellement harcelée, poursuit Nadia. Dernièrement, elle s'est fait voler son portefeuille. Maintenant, quand elle sort du métro, elle fait semblant de téléphoner pour éviter d'être abordée ou ne pas affronter les regards insistants.» Fatima reconnaît être à bout : «Quand ma fille de 5 ans me demande de retour de l'école : Ça veut dire quoi salope ? je trouve ça inacceptable.» «On ne va quand même pas attendre qu'il y ait un viol pour agir», s'indigne Jean-Michel.

      A l'Hôtel de Ville et à la préfecture de police, on reconnaît dans un communiqué commun «des situations de harcèlement de rue» contre lesquelles un «plan d'actions dédié» est en préparation. A court terme, il se traduira par une augmentation importante des contrôles de police tout au long de la journée. «Notre volonté est que, dès les prochains jours, de premiers résultats soient visibles», insiste la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo.

      A moyen terme, les commerçants du quartier seront sensibilisés pour alerter sur tout trouble à l'ordre public et une marche sera organisée avec les riveraines pour faire émerger des solutions.

      Enfin, la création d'un groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) dédié à Pajol sera étudiée le 31 mai, lors d'une rencontre entre le procureur de la République, François Molins, et les maires d'arrondissements. « Ces annonces vont dans le bon sens, saluait hier Nathalie, membre de SOS la Chapelle. Mais on attend de voir, car durant des mois on a été laissées à l'abandon. »

      Alice, 40 ans, participant à la contre-manifestation