Pour éviter que les GAFA ne modèlent notre futur, il faut investir dans la recherche

Pour le New York Times, ce sont Google, Apple et les autres qui détiennent les clés d’un avenir fondé sur l’IA. La solution ? Renforcer la recherche publique.
Pour éviter que les GAFA ne modèlent notre futur, il faut investir dans la recherche

Un article du New York Times s’inquiète du pouvoir grandissant de Google, Facebook, Amazon, Microsoft et consorts dans le domaine de la recherche sur l’intelligence artificielle. Selon son auteur, le journaliste Farhad Manjoo, les Etats seraient en train de perdre de leur influence, et les conséquences pourraient être néfastes.

Ce sont les GAFAM qui vont modeler notre futur, pas les gouvernements. Voici, en substance, la conclusion d’un article de l’auteur et journaliste Farhad Manjoo dans un article intitulé « C’est Google qui construit le futur, pas le gouvernement » publié par le New York Times.

GAFAM vs gouvernements 

Son constat est simple : l’ensemble des technologies qui seront au centre de notre quotidien dans les années à venir se fondent sur l’intelligence artificielle. Et ce sont des entreprises privées, particulièrement les GAFAM, qui investissent massivement dans la recherche et le développement dans ce secteur.

« Les GAFAM ne se contentent pas de financer des projets importants, mais financent ce qui va changer le monde »

Les Etats seraient en train d’abandonner le rôle moteur qui a été le leur au cours du XXe siècle : « Regardez les voitures, les fusées, les assistants personnels, les drones et les casques de réalité virtuelle […] : les entreprises du secteur technologique ne se contentent pas de financer des projets importants, elles financent ce qui va changer le monde. »

Pour appuyer son propos, Farhad Manjoo précise que les GAFAM dépensent près de 60 milliards de dollars par an en R&D, tandis que les dépenses de l’Etat fédéral américain s’établissent à 67 milliards (si l’on retire les recherches militaires).

La recherche publique comme bouclier 

La solution pour remédier à cet état de fait existe : il faut que les gouvernements augmentent considérablement l’investissement dans les fonds dédiés à la recherche dans ces technologies. Sinon, ce seront les entreprises qui décideront de la façon dont l’IA va modeler notre futur. En l’état actuel des choses, « ce sont les géants du secteur technologique, et non pas les gouvernements, qui construisent le futur », écrit l’auteur.

Interrogé par Farhad Manjoo, Greg Brockman, fondateur de l’association de recherche en intelligence artificielle Open Ai, précise que l’objectif de la structure est justement de faire en sorte que « les avancées de le domaine l’IA puissent bénéficier à chacun  ». Selon lui, le succès d’Internet est justement lié au fait que le réseau a été créé sur des fonds publics.

Sur son profil Facebook, le « monsieur IA » du réseau social, le français Yann Le Cun a réagi publiquement à l’article. Pour lui,  l’investissement des gouvernements dans la recherche fondamentale est « absolument nécessaire au progrès scientifique et technique ».

Considérant que le titre du papier du New York Times est « un peu trompeur », le chercheur, formé notamment à l’Université Pierre et Marie Curie, précise que les innovations des GAFAM se fondent sur « des décennies de recherche financées par des gouvernements du monde entier ». Et de conclure sur le fait que les entreprises ont compris l’intérêt de partager l’état de leur recherche sur l’intelligence artificielle publiquement, afin « d’attirer les talents et d’accroître la qualité des recherches  ». Une tradition bien implantée dans la culture de la recherche universitaire.

La conclusion du chercheur français est la même que celle de Fahrad Manjoo : si l’on veut que l’innovation se poursuive et bénéficie bien au plus grand nombre, il faut que les Etats continuent de financer la recherche fondamentale.

 

Image à la Une : Illustration créée par Deep Dream, l’intelligence artificielle « artistique » de Google

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