Et si François Hollande avait été le meilleur gestionnaire des deniers publics de ces trente dernières années ? C’est ce qu’affirme l’ancien magistrat de la Cour des comptes et fondateur du site Fipeco.fr, François Ecalle, dans une étude inédite que Challenges révèle en exclusivité. Pour arriver à ce résultat, le spécialiste des finances publiques a comparé l’évolution du déficit «structurel» de la France sous les mandats des différents présidents de la République depuis 1989.
«En se concentrant sur le déficit «structurel», on gomme les effets de conjoncture qui faussent les comparaisons, justifie François Ecalle. Cela évite de tresser des lauriers à un gouvernement qui a bénéficié d’une forte croissance et de rentrées fiscales abondantes mais n’a fait aucune économie. Ou, à l’inverse, de noircir le bilan d’un gouvernement relativement rigoureux mais plombé par une crise qui entraîne une hausse mécanique des allocations chômage.» De cette comparaison inédite, le quinquennat Hollande ressort comme le plus vertueux de ces trois dernières décennies, devant celui de Jacques Chirac et des gouvernements d’Edouard Balladur et Alain Juppé dans les années 1990.
Hollande a réussi à dégager de timides économies
Depuis 2012, l’effort «structurel» de réduction du déficit s’est ainsi élevé à 2,7% de la richesse nationale, tandis qu’il avait représenté 2,2% de la richesse nationale entre 1993 et 1997. Chaque fois, le rééquilibrage des comptes s’est fait à coup de hausses d’impôts plus que via des diminutions de dépenses... Seul François Hollande a réussi à dégager quelques timides économies sur les dépenses publiques, à hauteur de 0,2% de la richesse nationale. Mais les milliards de son crédit d’impôt compétitivité emploi ont sérieusement alourdi la colonne «dépenses» de son bilan. De leur côté, les gouvernements Balladur et Juppé avaient compensé un léger dérapage des dépenses - de 0,1% de la richesse nationale - par des hausses d’impôts.
«Au total, les mesures budgétaires prises depuis 1989 ont accru le déficit de la France de 1,8% de la richesse nationale», résume François Ecalle. En près de trente ans, les augmentations de dépenses publiques – équivalentes à 5,6% de la richesse nationale – n’ont pas été comblées par des hausses d’impôts suffisantes. Hors le quinquennat Hollande et les gouvernements de Balladur et Juppé, les déficits publics ont d’ailleurs été systématiquement creusés par les gouvernements successifs, droite et gauche confondue. Avec un bonnet d’âne pour la période de cohabitation entre Lionel Jospin et Jacques Chirac où le fameux épisode de «la cagnotte» avait débouché sur des baisses massives d’impôts.