De retour en Ile-de-France, le castor fait sa maison à Lisses

Durant le printemps, 90 km de berges ont été inspectés en Essonne par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage pour trouver de nouvelles traces du rongeur porté disparu dans la région depuis deux siècles. Un terrier hutte a été découvert.

 Illustration. Une soixantaine d’indices ont été retrouvés sur les berges de l’Essonne. La dernière observation dans la région remontait au XIXe siècle.
Illustration. Une soixantaine d’indices ont été retrouvés sur les berges de l’Essonne. La dernière observation dans la région remontait au XIXe siècle. DR

    Il peut peser jusqu'à 30 kg, mesurer 1,20 m et a la queue plate. Le castor européen est bien de retour en Ile-de-France après deux siècles d'absence. C'est ce qu'ont confirmé les inspections menées sur 90 km de berge en début de printemps, comme vient de le révéler l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

    Une soixantaine d'indices ont ainsi été relevés. Ecorçages, coupes d'arbres, crottes, empreintes… Souvent sur de petits arbres, ce qui laisse augurer que ces animaux sont particulièrement jeunes. Des castors juniors en somme !

    La trouvaille la plus intéressante demeure un terrier hutte découvert sur la commune de Lisses, au bord de la rivière Essonne. « Cette construction lui sert à se reposer en journée et à se reproduire au printemps », explique Paul Hurel, chercheur à l'ONCFS, organisme en charge du suivi de l'espèce au niveau national depuis 1987.

    L'entrée de cet habitat est immergée ce qui permet au castor de se protéger des prédateurs. « Cela montre qu'une famille s'est installée », reprend Paul Hurel. Des passages réguliers seront organisés pour voir comment évolue cette maison et si d'autres castors s'y sont établis durablement. « Tant qu'il n'y a pas de terrier, le castor ne fait que passer », analyse Alexandre Gerbaud du Siarce, le syndicat qui gère le cours d'eau.

    Le terrier hutte a été découvert sur la commune de Lisses. Le castor s'y repose en journée et s'y reproduit. DR.

    Les premières traces du rongeur avaient été découvertes en mai 2016 sur les communes de Buno-Bonnevaux, Fontenay-le-Vicomte et Buthiers (Seine-et-Marne). Ces indices ? Des arbres coupés et grignotés à leur base. Le Siarce avait alors alerté l'ONCFS.

    L'opération de prospection a ainsi vu le jour. « Nous avons formé une quarantaine de structures partenaires pour nous aider », poursuit Paul Hurel. Des associations naturalistes, des syndicats de rivière et des pêcheurs ont, un mois durant, scruté les berges entre Malesherbes (Loiret) et Corbeil-Essonnes.

    Le castor est certainement passé par l'Œuf

    Autant de traces, réparties sur une si longue distance laissent supposer que plusieurs individus sont de retour en Ile-de-France après un long voyage. Car, selon toute vraisemblance, le castor qui peuple désormais les berges de l'Essonne est le descendant de ceux qui ont été réintroduits dans le Val de Loire, du côté de Blois (Loir-et-Cher). Le rongeur aurait quitté le fleuve royal pour suivre des affluents jusqu'à la rivière Œuf qui passe par Pithiviers (Loiret).

    Cet animal a bénéficié de mesures de conservation prises dès 1909 et suivies de campagnes de réintroduction. Le castor est maintenant présent dans des zones urbanisées, à Orléans (Loiret) et Tours (Indre-et-Loire) notamment.

    Aucune observation visuelle directe n'a cependant pu être réalisée dans l'Essonne durant la prospection. « Certaines fois, nous aurions pratiquement pu en apercevoir, il y avait des coupes toutes fraîches », relate Alexandre Gerbaud. Quelques signalements ont été faits par des pêcheurs mais la confusion est possible avec le ragondin.