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Crise

Grèce : les mesures d'austérité appliquées, l'allègement de la dette encore reporté

Le FMI et la zone euro ne sont toujours pas parvenus à un accord lundi : l'institution internationale refuse de s'engager sur un prêt sans une réduction de la dette grecque, ce à quoi s'oppose l'Allemagne.
par Fabien Perrier, à Athènes
publié le 23 mai 2017 à 17h36

«Les mesures sont tout ce qui nous reste, la question de la dette est renvoyée aux calendes grecques.» Le quotidien Ta Nea affichait ce titre amer en une, ce mardi matin. Lundi, à Bruxelles, les créanciers de la Grèce, zone euro et Fonds monétaire international (FMI), ne sont pas parvenus à s'entendre sur un allégement de sa dette et le déblocage de nouveaux prêts.

Le montant de la tranche discutée ne s’élève pourtant qu’à 7 milliards d’euros. Pour l’obtenir, le gouvernement grec avait respecté ses engagements et fait adopter à la majorité une loi omnibus jeudi. Celle-ci comporte de nouvelles diminutions des retraites, l’abaissement du plancher fiscal à 5 000 euros, la privatisation de DEI, la compagnie nationale d’électricité, ou encore la vente des aéroports à Fraport, une société publique allemande. Pendant les débats parlementaires, les Grecs ont manifesté. A bout. Entre 2010 et 2016, ils ont vu, en moyenne, les salaires fondre de 35% et les pensions s’effondrer de 45%. Le PIB, lui, a chuté de 27% sur la même période.

L’Allemagne et le FMI sont divisés

En fait, le pays est au cœur de dissensions qui le dépasse fondamentalement. Si les 19 ministres des Finances de la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) ne sont pas parvenus à s’entendre, c’est parce que l’Allemagne et le FMI sont divisés. Pour le FMI, la dette est insoutenable. L’institution de Washington refuse de prêter au pays tant qu’il n’y a pas, de la part des Européens, des engagements sur des mesures d’allégement de la dette grecque. Ce que refuse l’Allemagne, qui a bien en tête son propre calendrier électoral et les prochaines législatives. Après avoir chargé le peuple grec de tous les maux, tout en expliquant que Berlin payait pour Athènes, la CDU de Merkel peine à faire marche arrière…

A Athènes, le blocage était au cœur des discussions. «Les créanciers sont divisés, mais c'est nous qui trinquons !» expliqué Spiros, dépité. Pour cet ouvrier du bâtiment au chômage depuis six ans, «les réformes n'ont fait que détruire notre Etat social, nos conditions de travail, notre vie…» Pour lui, le gouvernement d'Aléxis Tsípras «va droit dans le mur. Il pense pouvoir négocier avec les Européens. En réalité, ils veulent dépecer le pays et nous saigner.» Rendez-vous au prochain Eurogroupe, le 15 juin, pour voir si les créanciers parviendront à s'entendre. Et à réconcilier la population avec une Union européenne qui leur paraît sans cesse plus inhumaine.

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