Jean-Marc Ayrault : «Nous n'avons pas cédé à la Manif pour tous»

Matignon (Paris VIIe), vendredi. Jean-Marc Ayrault
Matignon (Paris VIIe), vendredi. Jean-Marc Ayrault

    Confronté à l'impopularité et aux critiques, y compris dans son propre camp, Jean-Marc Ayrault s'explique ce dimanche dans une interview exclusive au «Parisien-Aujourd'hui». Ecologie, gaz de schiste, manifestations, loi famille : extraits.

    Les Verts redoutent une loi de transition énergétique a minima. La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, par exemple, sera-t-elle inscrite dans le texte ?

    Oui, comme tous les engagements qui ont été pris par le président : la réduction de la part du nucléaire de 75 à 50 %, le développement des énergies renouvelables, les économies d'énergie, avec un programme sur les logements qu'il faudra absolument amplifier...

    Un autre projet les inquiète : celui de remplacer de vieilles centrales par des EPR de nouvelle génération...

    Le projet de loi n'est pas encore rédigé. Mais je veux dire aux inquiets que tous nos engagements seront tenus.

    Deux de vos ministres, Arnaud Montebourg et Laurent Fabius, se sont déclarés favorables à l'exploitation des gaz de schiste. On ne comprend plus la position du gouvernement !

    Il faut être clair et cohérent. La France, qui accueillera en 2015 le sommet sur le climat, veut s'engager pour la réduction des gaz à effet de serre et la protection de l'environnement. Pour atteindre ces objectifs, il faut diminuer l'utilisation des hydrocarbures. Or les gaz de schiste sont des hydrocarbures...

    Arnaud Montebourg y est favorable si l'on trouve un autre mode d'extraction que la fracturation hydraulique !

    La loi interdit aujourd'hui l'exploitation des gaz de schiste. Et il n'y a pas un euro prévu pour la recherche d'une autre technologie dans le programme des investissements d'avenir. Les investissements privilégient la transition énergétique.

    Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes a donné lieu à de vives tensions entre les Verts et vous. L'incident est clos ?

    Il y a toujours eu un désaccord entre les écologistes et nous sur ce sujet. Mais cela ne nous a jamais empêchés de diriger des collectivités ensemble sur le plan local, ni de gouverner ensemble sur le plan national, puisque nous avons acté ce désaccord. Après, nous sommes dans un Etat de droit. Il faut laisser les procédures suivre leur cours et faire en sorte que le droit, ce soit aussi le respect de la loi en matière d'ordre public.

    Vous avez troublé une partie de votre électorat en tenant tête aux manifestants à Nantes alors que vous aviez cédé devant la Manif pour tous...

    Nous n'avons pas cédé à la Manif pour tous ! Pourquoi dites-vous une chose pareille ?

    Parce que vous avez abandonné le projet de loi sur la famille...

    Il n'y avait pas de projet de loi sur la famille adopté en conseil des ministres, pas de projet rédigé. Dominique Bertinotti avait engagé un travail de concertation, qui avait pour principal objectif de prendre en compte la situation des enfants en fonction de l'évolution de la famille d'aujourd'hui, familles recomposées, problème de la garde alternée, problème de l'autorité parentale partagée, rôle des beaux-parents. Dans les prochains mois, sur ces questions très concrètes, il y aura des propositions de loi. Le gouvernement les examinera avec beaucoup d'intérêt et beaucoup d'attention.

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